À Montluçon, une exposition fait revivre les folles années du Golf Drouot, ce "temple du rock" parisien des années 1960 qui produisait Johnny Hallyday ou David Bowie
C'est un haut lieu de la musique yé-yé de Paris qui a fait vibrer des milliers de fans dès la fin des années 1950. Le Golf Drouot renaît de ses cendres à Montluçon dans l'Allier. Jusqu'au 4 janvier 2025, la nouvelle exposition du MuPop propose de replonger dans l'ambiance de cette salle de concert subtilement surnommée "Le temple du rock".
L'immersion débute dès le début du parcours où le public est invité à écrire un petit mot sur les murs. "On m'a toujours parlé de ce plafond blanc où ils écrivaient tous leur dédicace. La scène avait été rehaussée et le plafond était à peine plus grand que celui-ci", raconte un visiteur.
Le parcours du MuPop présente des guitares, des affiches de concert, des pochettes de disques, de nombreuses photos de l'époque et des objets d'origines, comme le bar ou des juke-box. Pour revivre l'âme de la discothèque, les visiteurs peuvent même jouer sur des instruments sur la scène.
Les Who et David Bowie
Dès la fin des années 1950, des jeunes artistes inconnus cherchent à se produire au Golf Drouot. Nichée au cœur du IXe arrondissement de Paris, cette discothèque emblématique a vu débuter des artistes comme Johnny Hallyday, Eddy Mitchell et les Chaussettes noires ou encore Jacques Dutronc.
Dans la deuxième partie des années 1960, les grandes pointures du rock anglais et américain foulent la scène du club. "Les Who, pour leur premier concert en France, ils viennent jouer au Golf Drouot. David Bowie avec son groupe The Lower Third se produit ici en 1965", rapporte le sociologue Marc Touché.
Mais au fait, pourquoi ce lieu insolite s'appelait-il le Golf Drouot ? Situé au-dessus du Café d'Angleterre, au 2 rue Drouot, ce salon de thé un peu ordinaire tire son originalité du fait de l'existence d'un minigolf intérieur à neuf trous. Henri Leproux, le barman qui officie à l'époque, a l'idée d'installer un juke-box qui diffuse de la musique américaine. Avec sa femme Colette, ils reprennent le lieu dans les années 1960. L'établissement sera le premier, ou presque, à diffuser les disques de Bill Haley, Elvis Presley ou Jerry Lee Lewis en France. L'entrée ne coûte qu'un franc.
"Je me souviens, je regardais les gens danser le dimanche après-midi, je vendais des cigarettes, à l'époque, on fumait encore dans les concerts. J'étais toujours aux côtés de ma mère ou à me balader dans la salle au milieu de ceux qui faisaient de la musique", se souvient Robin Lepoux, le fils des créateurs du Golf Drouot.
Johnny et les autres
Dès 1962, Henri Leproux a l'idée de génie d'inviter les jeunes à se produire sur scène. Le lieu devient un tremplin et permet aux jeunes rockers français de venir exercer leur éventuel talent. Les amateurs côtoient les professionnels. "Johnny Hallyday, c'était un copain, quand il était là, il se fondait à nous. On ne le voyait pas comme une star. Ça, c'est l'esprit Golf", se souvient le photographe Jean-Louis Rancurel.
Très vite, le Golf Drouot devient le lieu incontournable pour danser et découvrir des nouveaux artistes. Entre 1961 et 1981, plus de 6 000 groupes s'y produisent. Mais le site ferme définitivement ses portes le 22 novembre 1981 suite à la promulgation d'une loi qui interdit au propriétaire d'avoir deux débits de boissons de quatrième catégorie dans le même immeuble. Le Café d'Angleterre aura la peau du Golf Drouot. Le lieu continue à vivre dans les mémoires des chanteurs qui mentionneront l'adresse dans leurs morceaux, comme Joe Dassin, dans Les Plus belles années de ma vie.
En février 2014, la Ville de Paris a installé une plaque souvenir. Un morceau de la jeunesse de Paris s'y trouve. Comme s'il attendait ce moment, Henri Leproux meurt quelques mois plus tard, en juin 2014, à l'âge de 86 ans.
Exposition "La Naissance du temple du rock : Golf Drouot, l'histoire de Colette et Henri Leproux" au MuPop de Montluçon jusqu'au 4 janvier 2025.
Ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h.
Tarifs : de 3 à 7,50 euros.
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