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Invitation aux "voyages imaginaires" de Picasso à Marseille

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Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Si Picasso a picoré dans les arts de monde entier, l’artiste a peu voyagé. Ce sont les "voyages imaginaires" du maître espagnol, en Afrique ou en Orient, auxquels invitent la Vieille Charité et le MuCem à Marseille, jusqu'au 24 juin.

Cartes postales

"C'est tout le paradoxe de cet artiste, qui a vampirisé l'histoire universelle de l'art mais qui a très peu voyagé", soulignait jeudi Xavier Rey, directeur des musées de Marseille, à la veille de l'ouverture de cette double exposition.
Excepté l'Italie et la France, les pérégrinations de Picasso ne l'ont emmené qu'en Angleterre, Pays-Bas ou Pologne. Mais jamais dans cette Afrique qui a largement imprégné son œuvre, en témoigne le visage de la "Femme aux mains jointes", étude pour Les Demoiselles d'Avignon de 1907, une des nombreuses toiles exposées à la Vieille Charité, un ancien hospice du XVIIe siècle au cœur du Panier.

Si Picasso voyageait, c'est via les cartes postales. Il en reçut près de 700, de Dali, Cocteau ou Braque. Et il en achetait. Japon, Turquie, Afrique: "Certains voyagent avec internet, lui c'était avec les cartes postales", sourit Xavier Rey.

Plus de 150 de ces images sont présentées pour la première fois au public: photos de femmes guinéennes, fresques de Pompéi, dessins de corridas pornographiques où le taureau est un phallus et les banderilles posées par une torera nue.
Picasso - Exposition "Voyages imaginaire" : affiche
 (Centre de la Vieille Charité et Mucem)

Six destinations

Pour revivre ces "voyages imaginaires", les commissaires de l'exposition, Christine Poullain et Guillaume Theulière, ont tracé un parcours chronologique en six chapitres. A chacun, un titre, "Orient rêvé", "Bohême bleue", "Afrique fantôme" ou "Amour Antique". Et un dialogue entre ces cartes postales, les œuvres du peintre et celles de divers musées marseillais, pour illustrer les influences du maître.

Dans "Orient rêvé", la "Femme nue au bonnet turc" et au visage égyptien, un portrait de Jacqueline, la dernière égérie de Picasso, côtoie ainsi un oeil Oudjat, sur une plaque cultuelle égyptienne sortie du musée d'archéologie méditerranéenne de la cité phocéenne.

Période bleue, cubisme, période ingresque: l'évolution de Picasso est décryptée à travers une centaine de pièces venues du musée Picasso de Paris mais aussi des Etats-Unis, d'Ecosse ou d'Allemagne. Parmi elles, ces deux variations (A et E) des Femmes d'Alger d'après Delacroix. La version O de cette série, la dernière, avait été vendue aux enchères 179,3 millions de dollars en 2015.
Picasso : maquette decor ballet Tricorne 1919 (détail)
 (Succession Picasso 2018 © RMN-Grand Palais_Musee national Picasso-Paris-jpg)

Picasso et les ballets russes

Il y a aussi ces portraits des femmes de sa vie: "Olga au col de fourrure" (1923), la danseuse étoile russe Olga Khokhlova, sa première épouse ; la "Jeune fille au béret rouge" (1937), Marie-Thérèse Walter ; ou encore Eva Gouel, sa compagne lors de cet été à Sorgues, près d'Avignon, derrière la guitare et la bouteille de Pernod de "Ma Jolie" (1912).

Peinte directement sur le mur de la villa où il vit alors, en compagnie de Braque, cette œuvre est l'un des points forts de l'exposition. C'est Braque lui-même qui décrocha la ‘toile’, sans la briser. Jamais exposée, elle a été retrouvée en 2015 chez un collectionneur privé allemand, à Düsseldorf.

A côté de ces voyages imaginaires, Marseille retrace un autre voyage de Picasso, réel celui-là, à Naples, en 1917. L'artiste y puisa son inspiration, dans le théâtre de rue et les spectacles de marionnettes, pour les costumes, les décors et les rideaux de quatre ballets montés entre 1917 et 1921.
"Picasso et les ballets russes", au MuCem, au coeur du Fort Saint-Jean, dévoile une autre palette de l'artiste que l'on peut d'ailleurs découvrir, en singe, sur une reproduction du rideau de scène de "Parade (1917), en compagnie d'Olga la ballerine, sa future femme. "Attention", l'avait prévenu l'impresario Diaghilev, "une Russe, on l'épouse".

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