L’École des Arts Joailliers ouvre un écrin dédié au monde du bijou, cet automne à Paris
Fondée il y a plus de dix ans, avec le soutien de Van Cleef & Arpels, L'Ecole des Arts Joailliers diffuse la culture joaillière, en France et à travers le monde. Autour du bijou, de son histoire, du savoir-faire joaillier et de la gemmologie, elle propose cours, conférences, ateliers pour enfants, publications et expositions temporaires gratuites.
À partir du 6 octobre, elle ouvre dans un hôtel particulier du XVIIIe siècle, inscrit aux Monuments historiques, un nouvel écrin avec un espace d’exposition, une librairie et une bibliothèque, entièrement dédiés au bijou. Visite fin juin des futurs locaux, encore en cours d'installation.
L’hôtel de Mercy-Argenteau à l'inventaire des immeubles remarquables
Longue façade en pierre de taille alignée sur la rue à la sobriété néoclassique, l’hôtel de Mercy-Argenteau (16 bis, boulevard Montmartre) est l’une des plus anciennes demeures privées construites sur les Grands boulevards et l’une des rares à avoir été conservée. Elle est inscrite à l’inventaire des immeubles remarquables de la Ville de Paris.
"Édifié en 1778 par l'architecte Firmin Perlin, l’hôtel particulier ne doit pas son nom à son propriétaire, Jean-Joseph de Laborde, banquier et spéculateur mais au premier occupant qui en obtint l’usufruit, le comte Florimond-Claude de Mercy-Argenteau. Personnage influent. Ambassadeur de Marie-Thérèse d’Autriche, celui-ci arrange le mariage du futur Louis XVI et Marie-Antoinette. Le diplomate devient le confident et conseiller de la souveraine qui lui confiera son coffre de joyaux avant la fuite à Varennes" explique notre guide.
Des fastes de l’Ancien régime subsistent le salon d’apparat - avec ses portiques corinthiens et boiseries dorées sur fond blanc - et la salle à manger, inscrits aux Monuments historiques. La bâtisse subit des transformations architecturales après la Révolution. "Les Grands boulevards sont à la mode, les Parisiens s’y promènent attirés par les théâtres, les cafés et les passages couverts". Un marchand sellier carrossier, Nicolas Duchesne, rachète l’hôtel de Mercy-Argenteau à des fins d’investissement et ajoute un niveau et deux étages de combles. Des artistes de talent vont y habiter comme le compositeur français François-Adrien Boieldieu. Au Second Empire, les pièces de réception sont louées à des cercles de jeux.
Le directeur du Grand Cercle, ancien négociant qui travailla avec le continent sud-américain, veut accueillir l’Union latine franco-américaine de Paris. En 1891, il confie l’aménagement d’une salle des fêtes à Henri Fernoux, l’architecte "aux 300 constructions". C'est là, sous les blasons de l’Équateur, de l’Uruguay, de la Bolivie, du Honduras, que L’École des Arts Joailliers installera ses expositions. C'est la designer, architecte d’intérieur et scénographe, Constance Guisset qui a aménagé l’intérieur de l’hôtel de Mercy-Argenteau.
La première exposition sera consacrée aux bijoux de scène
Quartier des théâtres oblige, la première exposition temporaire traitera des bijoux de scène de la Comédie-Française, soit cent vingt accessoires, œuvres d’art et documents, majoritairement issus des collections de ce théâtre. "Les parures que portaient les acteurs et les actrices provenaient majoritairement de leur cassette personnelle", explique Agathe Sanjuan, directrice de la bibliothèque musée de la Comédie-Française et commissaire de l’exposition. "À exhiber leurs parures sur les planches, ils faisaient étalage de leur réussite sociale. Au risque d’être en contradiction avec l’action ! La recherche de véracité historique ne s’impose qu’à la fin du XVIIIe siècle". Cependant, les bijoux ayant une fonction dans l’intrigue de la pièce étaient fournis par le théâtre.
Durant le Premier Empire, les bijoux de théâtre répondent à la vogue pour l’antique, on pourra ainsi admirer, en octobre prochain, une couronne de lauriers en métal doré, qui coiffait le grand Talma dans Britannicus, et fut offerte par Napoléon, dont il était proche, pour le féliciter de sa prestation dans le rôle de Néron.
Tableaux, gouaches, miniatures, estampes, manuscrits, factures de fournisseurs évoqueront les premières traces de bijoux de scène. Des accessoires conçus pour briller de loin, en toc mais toujours de facture technique puisque la réalisation de certains ornements fait appel aux codes de la haute joaillerie. Seront présentés aussi des costumes - empruntés au Centre national du costume et de la scène - et des figures de la Belle Époque comme Sarah Bernhardt, à l'honneur avec des portraits monumentaux, photographies en noir et blanc hautes de trois mètres.
Première bibliothèque consacrée au monde du bijou
Éducation et transmission sont les maîtres-mots de L’École des Arts Joailliers d'où l’idée de constituer une bibliothèque accessible aux spécialistes du bijou. Elle a été formée grâce, notamment, à l’acquisition de deux fonds, l’un appartenant à un collectionneur, l’autre à un marchand. Y sont réunis 6 000 documents - imprimés, revues, catalogues de ventes aux enchères. Les lecteurs accueillis sur rendez-vous auront trois salles réservées. La majorité des ouvrages est consultable librement. Seuls, les recueils anciens et précieux ainsi que les thèses et mémoires d’étudiants sont consultables sur demande.
Outre des parutions en français, anglais, allemand, italien, espagnol, le fonds comporte des textes en arabe, en japonais, en mandarin et s’enrichit régulièrement.
Première librairie dédiée aux arts joailliers
L’École des Arts Joailliers propose aussi une librairie vouée au bijou, baptisée L’Escarboucle. L’enseigne fait référence au nom jadis donné aux pierres précieuses d’un rouge ardent : rubis, spinelles ou grenats exceptionnels (Carbunculus signifiant petite braise en latin). Cet espace rassemblera des ouvrages sur la bijouterie, la joaillerie, leurs créateurs, les savoir-faire, la gemmologie et les arts appliqués.
Près de 3 000 titres, en français et en langues étrangères mais aussi les dernières parutions ainsi que des ouvrages épuisés. La librairie réunira également des éditions anciennes.
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