Léonard de Vinci : de "L'Homme de Vitruve" à "La Scapigliata", cinq chefs-d'oeuvre de l'exposition du Louvre
De "L'Homme de Vitruve" au "Musicien", découvrez quelques-unes des oeuvres exceptionnelles prêtées par les musées italiens pour l'exposition Léonard de Vinci au Louvre
A quelques jours de l'ouverture de la grande rétrospective consacrée par le Louvre à la peinture de Léonard de Vinci (1452-1519), voici quelques œuvres exceptionnelles prêtées par les musées italiens, dont le fameux Homme de Vitruve, qui a failli ne pas venir à Paris. En revanche, on est toujours sans nouvelles du Salvator Mundi, qui a disparu depuis sa vente aux enchères il y a deux ans.
"L'homme de Vitruve"
Après maintes péripéties, la justice italienne a repoussé le recours d'une association qui voulait interdire le prêt de plusieurs œuvres de Léonard de Vinci au Louvre pour sa grande exposition.
Le célèbre Homme de Vitruve viendra donc à Paris. Ce dessin de 34 sur 24 centimètres, conservé à la Galerie de l'Académie de Venise, assuré pour un milliard d'euros, est une des œuvres les plus célèbres de Léonard avec la Joconde. Il a sans doute été réalisé à Milan vers 1490. Il représente une étude des proportions idéales du corps humain dans deux positions distinctes, jambes jointes et jambes écartées. Le corps est inscrit dans un cercle et dans un carré.
Il est inspiré des théories de l'architecte romain Vitruve pour qui un beau bâtiment devait être une transposition de la symétrie "qu'on trouve dans la nature". Le dessin est accompagné d'un texte en écriture spéculaire (à lire avec un miroir) qui reprend cette idée.
Réunissant le dessin, l'anatomie, les mathématiques, l'architecture, la philosophie, L'Homme de Vitruve illustre bien le génie universel de Léonard de Vinci. Il peut aussi symboliser l'humanisme de la Renaissance.
D'une grand fragilité, difficile à transporter, ce dessin à la plume, à l'encre et touches d'aquarelle sur papier blanc est conservé dans une salle spéciale, à l'abri de la lumière et aux valeurs climatiques contrôlées. Il ne devrait rester que quelques semaines au Louvre alors que l'exposition doit durer quatre mois.
"Saint Jérôme pénitent"
Cette huile sur bois inachevée aurait été réalisée vers 1482. Elle a eu une histoire chaotique : elle a appartenu à la peintre suisse Angelika Kauffmann, puis elle s'est perdue. Joseph Fesch, oncle de Napoléon et collectionneur, l'aurait acquise ensuite. Elle a été découpée en cinq morceaux, puis reconstituée. Finalement rachetée au milieu du XIXe siècle par le pape Pie IX, elle est conservée à la Pinacothèque du Vatican, dans une salle spéciale en raison de sa fragilité. C'est la seule œuvre de Léonard de Vinci à Rome. Son attribution ne fait pas de doute.
Saint Jérôme, un des pères de l'église, y est représenté pendant sa période de retraite dans le désert. Le lion légendaire à qui il a retiré une épine, est couché, inoffensif, à ses pieds.
Les muscles du saint, amaigri par les privations et dont le torse est découvert, montrent l'intérêt de Léonard pour l'anatomie.
Etude pour l'ange de la "Vierge aux Rochers"
Ce portrait de jeune fille à la pointe d'argent sur papier, daté de 1483-1485, conservé à la Biblioteca reale de Turin, est un dessin préparatoire pour l'ange de La Vierge aux Rochers, dont la première version est conservée au Louvre (la seconde est à la National Gallery de Londres). Il s'agirait de Cecilia Gallerani, la maîtresse de Ludovico Sforza, le duc de Milan, représentée dans La dame à l'hermine de Cracovie.
Pour l'historien de l'art américain Bernard Berenson (1865-1959), spécialiste de la Renaissance, il s'agissait d'un des plus beaux dessins du monde. Les traits du visage sont clairement tracés, affichant une expression intense, tandis que les épaules et la chevelure sont seulement esquissés. Il est conservé à la Biblioteca reale de Turin.
"Portrait de jeune homme tenant une partition", dit "Le Musicien"
Peinte vers 1485, cette huile sur bois est la seule qui soit restée à Milan (à la Biblioteca Ambrosiana), où Léonard de Vinci a vécu 25 ans. On a longtemps pensé qu'il s'agissait d'un portrait du duc de Milan jusqu'à ce que la partition en bas du petit tableau (32 centimètres sur 45) réapparaisse sous des couches de repeint, lors de sa restauration en 1905. On a alors identifié le personnage comme étant Franchino Gaffurio, le maître de chapelle du Duomo de Milan, ou le compositeur franco-flamand Josquin des Prés. Les deux musiciens se trouvaient à la cour de Ludovico Sforza à ce moment-là.
Il pourrait s'agir aussi d'Atalante Migliorotti, un musicien toscan, chanteur et joueur de lyre, ami de Léonard.
"Tête de femme", dite "La Scapigliata" (L'ébouriffée)
Cette peinture inachevée conservée à la Galleria nazionale de Parme est une œuvre de la maturité, comme la Sainte Anne et la dernière version de la Vierge aux Rochers. Elle a été réalisée vers 1508. L'œuvre, réalisée en terra ombra (sorte d'ocre) et céruse sur bois, est inachevée.
Les cheveux ébouriffés et le buste sont à peine esquissés alors que le relief des traits du visage, d'une grande douceur, est bien souligné. La jeune femme, les paupières baissées, semble en pleine méditation. La Scapigliata avait déjà été exposée à Paris, à l'ambassade d'Italie, en 2016.
Et toujours pas de nouvelles du Salvator Mundi. Vendu pour plus de 450 millions de dollars chez Christie's à New York en novembre 2017, le tableau avait pulvérisé alors le record de la plus grosse enchère d'art. Depuis, tout le monde se demande où il est passé.
La peinture de 65 sur 45 cm où le Christ émerge des ténébres, dans un geste de bénédiction, qui pour certains n'est pas de la main du maître, aurait été acquise pour compléter la collection du Louvre Abu Dhabi. Certains affirment qu'il a été acheté pour le compte du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane mais rien n'a été confirmé.
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