Jauge, nouvelle entrée, une heure d'ouverture supplémentaire : la présidente du Louvre veut éviter la "saturation" et la "congestion" du plus grand musée du monde
Selon Laurence des Cars, présidente directrice du Musée du Louvre, créer une deuxième entrée pour le Louvre "permettrait d'accueillir bien mieux les visiteurs et surtout d'irriguer l'ensemble du Louvre."
Laurence des Cars, présidente directrice du Musée du Louvre a annoncé vendredi 6 janvier sur franceinfo son souhait que le musée le plus grand musée au monde soit ouvert une heure de plus dans le courant de l'année 2023, soit jusqu'à 19h, pour éviter une "congestion" dans le futur. "Nous avons un vrai problème de saturation", a-t-elle indiqué.
Par ailleurs, elle souhaite "casser le dogme" de "l'entrée unique par la Pyramide" et réfléchit à une deuxième entrée au niveau de la colonnade de Perrault en face de l'église Saint-Germain l'Auxerrois de Paris. La nouvelle présidente a instauré "une jauge de 30 000 visiteurs par jour au maximum". Après deux ans de crise sanitaire, le Louvre a enregistré huit millions de visiteurs en 2022.
franceinfo : Comment vivez-vous ces chiffres ?
Laurence des Cars : C'est une très, très belle dynamique de reprise de fréquentation, de retrouvailles du Louvre avec son public au sens large. On s'en réjouit tout en réfléchissant bien sûr aux conditions d'accès.
"S'il y a une leçon à retenir, justement, dans cette période d'après-crise et de reprise de fréquentation, c'est qu'il nous faut réfléchir à la qualité de l'accueil et à la qualité de la visite. ll ne faut pas revenir au monde d'avant."
Laurence des Cars, présidente directrice du Musée du Louvreà franceinfo
L'impression d'être en transports en commun un peu saturés. Il faut redonner le plaisir de la visite au Louvre parce que c'est comme ça que nous ferons notre métier qui est un métier de passeur. Nous sommes là pour transmettre ce patrimoine, le mettre à disposition du public. C'est la vocation du Louvre. Pour cela, il faut organiser de belles conditions de visite.
Que prévoyez-vous exactement ?
J'ai instauré une jauge de 30 000 visiteurs par jour maximum sans en faire la publicité. On l'a testé sans vous le dire pendant tout l'été, une période de très forte fréquentation pour voir si ça pouvait marcher. Ça marche très bien parce qu'une des bonnes leçons de la crise, c'est qu'au fond, les gens pratiquent la préréservation. 80% des visiteurs du Louvre préréservent. Cela nous permet de lisser les visites tout au fil de la journée de la semaine, avec les modulations nécessaires pendant les périodes de vacances, les week-ends. Nous avons réinstauré une nocturne depuis le début de l'été qui marche très, très bien le vendredi soir. Pour 2023, nous travaillons en ce moment à une heure d'ouverture en plus tous les soirs, jusqu'à 19 heures. J'espère qu'on pourra mettre ça en place dans le courant de l'année 2023. Il faut tout simplement s'organiser, travailler avec nos équipes, discuter avec nos organisations syndicales. Tout le monde comprend bien la nécessité de s'adapter aussi aux rythmes de la vie d'aujourd'hui. Si nous voulons que la jeunesse active de Paris, d'Île-de-France vienne au Louvre, il faut comprendre ses rythmes de travail. En fermant à 18 heures, on ne répond pas totalement à cette question.
Est-ce que cela suffit pour réguler les visites ?
On va plus loin ! Nous sommes devant une saturation, une congestion. En 1989, quand le président Mitterrand inaugure la pyramide, on pense que la fréquentation maximum du Louvre sera de 4 millions par an. Nous sommes au double. Avant la crise, c'était 10 millions. Nous avons un vrai problème de saturation qui tient à notre organisation physique de l'accueil avec ce dogme qui avait été instauré dans les années 80, de l'entrée unique par la pyramide.
"Je veux casser ce dogme. Je veux que nous réfléchissions à une autre entrée pour le Louvre. J'ai proposé au président de la République et à la ministre de la Culture un grand projet qui permettra d'avoir deux grands points d'entrée au Louvre."
Laurence des Cars, présidente directrice du Musée du Louvreà franceinfo
Nous réfléchissons à la façade est du Louvre au niveau de la colonnade de Perrault, devant l'église Saint-Germain l'Auxerrois. Ça nous permettrait d'accueillir bien mieux les visiteurs et surtout d'irriguer l'ensemble du Louvre. Le Louvre, ce n'est pas simplement trois chefs-d'œuvre, la Vénus de Milo, la Victoire de Samothrace et la Joconde. Ce sont neuf départements. Aujourd'hui, c'est un miroir ouvert sur l'histoire de l'humanité, sur ce qu'elle a de plus précieux, c'est-à-dire la création artistique. Comme disait Cézanne, "le Louvre est un livre dans lequel nous apprenons à lire", au fond, à regarder le monde.
Est-ce que le retour des visiteurs se vérifie aussi au Louvre-Lens ?
Absolument ! Le Louvre-Lens vient d'annoncer de magnifiques chiffres qui sont dans l'année de sa célébration du 10ᵉ anniversaire. C'est une immense réussite de démocratisation culturelle, de décentralisation culturelle. Je salue le travail des équipes du Louvre-Lens et de sa directrice Marie Lavandier. C'est plus de 500 000 visiteurs l'année dernière. Et surtout, pratiquement 70% des visiteurs sont des Hauts-de-France. Ce sont donc des visiteurs de proximité, sans doute des visiteurs qui ne viendraient pas au Louvre à Paris, qui viennent se familiariser et découvrir les collections du Louvre qui sont représentées à leur plus haut niveau au Louvre-Lens avec des expositions magnifiques.
Que prévoyez-vous pour étendre la présence du Louvre en région ?
Je relance notre politique territoriale. Je vais continuer à signer un certain nombre de conventions, de collaborations avec bien sûr des collectivités territoriales. Le Louvre n'est pas une institution parisienne, c'est une institution nationale. Nous venons de signer un partenariat avec la ville de Dijon. C'est le cas avec Le Mans, avec Rennes. 35 000 œuvres du Louvre sont en dépôt dans les musées en région, c'est-à-dire autant que d'œuvres exposées dans les salles à Paris. Nous devons toujours faire plus et mieux pour répondre aux demandes de nos confrères en région et pour partager nos collections. Une fois de plus, on est là pour mettre à disposition nos collections.
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