"Ils voulaient tous les deux changer l'art" : Henri Matisse et Joan Miró réunis dans une exposition à Barcelone
La fondation Joan Miró, en collaboration avec le musée Matisse de Nice, explore les relations de ces deux maîtres de la peinture contemporaine dans l’exposition "Miró Matisse, au-delà des images". Elle est à voir à partir du vendredi 25 octobre et jusqu’au 9 février 2025 à la Fondation Miró de Barcelone.
Les deux peintres n'étaient pas de la même génération et sont associés à des courants différents : le fauvisme pour Matisse, le surréalisme pour Miró. Pourtant, les deux artistes se sont mutuellement admirés. Ils se comprenaient, car ils avaient en commun la Méditerranée. "Matisse passe son premier été à Collioure en 1905, Collioure qui est à l’origine du fauvisme. Et Miró avait une maison à Mont-roig del Camp au sud de la Catalogne, près de la mer également. Cet endroit pour lui, c'est l’essence de son œuvre", détaille Véronique Dupas de la Fondation Miró.
Une différence de 24 ans
Les deux peintres se sont rencontrés dans les années 1930 par l’intermédiaire du fils d’Henri Matisse, Pierre, devenu le galeriste de Miró aux États-Unis. "Matisse avait 24 ans de plus que Miró. Mais lorsque Matisse passe par une crise de créativité, il trouve en Miró une source d’inspiration", rapporte Marko Daniel, le directeur de la Fondation Miró. "C’est là qu’ils entament une relation très profonde. Ils voulaient tous les deux changer l’art", poursuit-il.
Dans le bâtiment blanc de la fondation Miró, construit par un disciple de Le Corbusier, l’exposition réunit 160 pièces, dont des peintures exceptionnelles comme Vue Notre-Dame de Matisse, avec ce bleu qui vire au gris, prêtée par le MoMA de New York. L'exposition permet aussi de découvrir la Tête de paysan catalan de Miró.
La plupart des œuvres ne se ressemblent pas, mais elles communiquent entre elles. "Notre but était de montrer qu’une relation créatrice entre deux artistes n’est pas forcément fondée sur l’imitation", explique Rémi Labrusse, commissaire de l’exposition, pour qui leur relation n'est pas "un système de maître à disciple". Il a voulu montrer "comment l’œuvre de l’un va vraiment faire fructifier le travail de l’autre, même s’ils ne se ressemblent pas".
Mais alors que les deux peintres ne se connaissaient pas encore, certaines toiles se ressemblent, comme Collioure en août de Matisse et La Plage de Cambrils de Miró. C’est le signe que les deux artistes partageaient une vision commune de l’art.
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