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Le Veau blanc de Courbet : itinéraire d'un tableau transmis de génération en génération

Le musée Gustave Courbet d'Ornans vient d'acquérir une nouvelle toile du maître peinte à Chassagne en 1873. 

Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le veau blanc de Gustave Courbet exposé au musée d'Ornans dans le Doubs (France 3 Besançon)

Le musée Gustave Courbet d'Ornans, dans le Doubs, vient de recevoir un nouveau tableau du peintre. Un legs qui s'apparente à un véritable cadeau d'anniversaire, alors que l'on célèbre le bicentenaire de la naissance du chef de file du réalisme.

Cette œuvre majeure, baptisée Le Veau blanc, a connu plusieurs rebondissements. Récit d'enquête par Isabelle Brunnarius de France 3 Besançon. 

Le veau blanc de Courbet
Le veau blanc de Courbet Le veau blanc de Courbet

Le voyage du Veau

La toile a d'abord trouvé place dans le salon de la famille de Marcel Maire à Ornans. C'était en 1961. "Quand Courbet a voulu peindre un veau il est allé trouver un paysan de Chassagne et il avait vu un veau bien nature. Mais le lendemain le paysan avait nettoyé l'animal. Alors Courbet lui a dit c'est pas le veau que je voulais peindre, je reviendrai quand il sera plein de merde !", racontait Marcel Maire à l'époque. 

L'histoire se poursuit en 2011, en Franche-Comté. La famille Maire vend le tableau au peintre Bernard Gantner. Le veau est exposé chez lui jusqu'au jour où son ami Jean Bettoule tombe en admiration devant cette toile. "D'un seul coup il me dit je vous la vends. J'avais rien dit. Je suis resté figé ne me décrochant de ce tableau et de sa signature, et mon histoire a commencé avec cette peinture." Le tableau reste accroché chez Jean Bettoule durant un an. Une grande joie mélangée à beaucoup de soucis. "J'étais écrasé par Courbet", confie-t-il.

En 2012, le propriétaire décide de prêter Le veau blanc au musée d'Ornans dédié au peintre. Sept ans après, il réussit à convaincre ses héritiers qu'il est plus pertinent de le léguer définitivement.

Donner, partager, ce ne sont pas des gros mots. Je fais mienne la formule d’un grand donateur : "l’art ne nous appartient pas, l’art se partage. Je n’ai été qu’un passeur rien de plus et je n’ai pas envie d’être plus que cela.

Jean Bettoule

Un regard attendrissant

Cette peinture à l'huile est un bel exemple de la démarche picturale de Courbet. En 1873 il n'hésite pas à brosser le portrait d’un veau. Un portrait réaliste au cadrage très serré sur une toile d’une assez grande dimension. Les témoignages rapportent que celui-ci, de race montbéliarde, aurait été peint par Courbet à Chassagne, village à 6 km d’Ornans. "Il donne aux animaux une dimension presque humaine, ce veau nous regarde et il nous attendrit. Il y a une personnalisation des animaux représentative de l'art de Courbet", précise Frédérique Thomas-Maurin, conservateur et directrice du musée d’Ornans.

Le Veau blanc chez Jeff Koons

Ce Veau de Montbéliard fait de nombreux admirateurs. Jeff Koons, l'agitateur de l'art contemporain, tombe aussi sous le charme de la bête. Une autre version du veau blanc, peinte sur fond de paysage, a été réalisée par Courbet la même année. Le plasticien l'acquiert lors d'une vente aux enchères en 2007. Prix de la transaction : 1 543 080 euros. Elle trône désormais dans la chambre de l'artiste américain.

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