Matisse à l'Orangerie, "une exposition sur le doute d'un artiste et sur sa capacité à se renouveler, à se réinventer"
Au début des années 1930, Henri Matisse est à 60 ans un artiste largement reconnu. Son travail est promu par la revue Cahiers d'art. Pourtant, il doute et traverse une crise d'inspiration. Ce sont ces années marquées par un long voyage qui le conduit notamment en Polynésie et aux États-Unis auxquelles s'intéresse cette exposition "Matisse Cahiers d’Art – Le tournant des années 1930" au Musée de l’Orangerie à Paris jusqu’au 29 mai.
L'exposition rassemble plus d'une centaine d'œuvres. "C'est une exposition qui est à la fois sur le doute d'un artiste et sur sa capacité à se renouveler et à se réinventer, explique Cécile Debray, la commissaire de l'exposition. On suit pas à pas cette crise, cette réflexion, ce temps de pause grâce au dessin et à la sculpture et la floraison, presque, de peintures à partir de 1935-1936, qui forment la dernière partie de l'exposition."
On peut y voir des études préparatoires de La danse, une œuvre-clef de ces années 1930. Ce grand décor réalisé pour la Fondation Barnes aux États-Unis permet à Matisse de réinventer son art. Pour sa composition, il utilise des formes découpées dans des papiers gouachés, une technique de travail inédite.
Des œuvres rarement exposées en France
Jusqu'en 1935, Matisse privilégie le dessin et la gravure. Ensuite, la peinture reprend ses droits, avec notamment Le grand nu couché, exceptionnellement prêté par le musée de Baltimore. "C'est une toile qu'il a travaillée par étapes successives, longuement, détaille Cécile Debray, et toutes ces étapes ont été documentées par des photographies qui montrent comment Matisse, partant d'un dessin relativement naturaliste, relativement réaliste, va progressivement le styliser pour arriver à cette représentation qui est ce nu rose."
"C'est une toile pré-pop, qui est extrêmement audacieuse et extrêmement belle. Elle est sans doute l'une des plus reproduites de l'œuvre de Matisse."
Cécile Debray, commissaire de l'expositionà franceinfo
Autre pièce majeure de l’exposition : Le chant, présenté pour la première fois en France. "C'est un décor qui a été fait pour l'appartement d'un collectionneur américain et qui montre quatre figures : l'une dort, les deux autres écoutent et on a la chanteuse sur le côté droit", décrit la commissaire d'exposition. Cette œuvre a traversé l'Atlantique en 1938, et "n'est jamais revenue ici, n'a jamais été montrée à nouveau au public".
L'exposition s'achève avec une série de toiles autour du thème des blouses roumaines portées par les modèles qui posent pour le peintre. Elles témoignent du renouveau de la peinture de Matisse.
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