Le fabuleux destin de 5 œuvres de Gustave Caillebotte léguées au Musée d'Orsay
Cinq œuvres du peintre Gustave Caillebotte entrent dans les collections du musée d'Orsay à la suite d'un legs d'une habitante de Levallois en région parisienne. La vieille dame n'avait prévenu personne.
Les collections du musée d'Orsay s'enrichissent de cinq oeuvres de Gustave Caillebotte (1848-1894), à la suite du legs de Marie-Jeanne Daurelle, l'arrière-petite fille de Jean Daurelle, le maître d'hôtel du peintre. Le public pourra voir l'ensemble de ce legs à partir du mardi 3 septembre dans la galerie impressionniste, à côté des autres œuvres de l'artiste conservées par le musée, a annoncé celui-ci.
Marie-Jeanne Daurelle (1935-2019), décédée sans héritier, avait décidé de faire don de ses biens à la fondation des Apprentis d'Auteuil, à l'exception de cinq œuvres de Gustave Caillebotte, trois peintures et deux pastels.
Sylvie Patry, bras droit de Laurence des Cars, la patronne du Musée d'Orsay raconte au Parisien son émotion lors de sa visite dans l'appartement de la mystérieuse donatrice pour l'inventaire d'après-décès. Un petit logement au sixième étage d'un immeuble bourgeois de Levallois (Hauts-de-Seine), précise le site du quotidien.
Des tableaux accrochés comme des photos de famille
"Tout était plongé dans le noir. Les volets étaient fermés. On sentait encore la présence de toute la vie de cette dame. Du linge… On ouvre, la lumière entre par les fenêtres, et je découvre trois tableaux dans le salon, deux pastels dans la chambre, avec la télévision à côté, au-dessus du radiateur. Le contraste entre ces œuvres et le quotidien très simple d'une vie, le papier peint, un mobilier ordinaire, c'était très émouvant."
Marie-Jeanne Daurelle, ancienne secrétaire de direction, ne possède aucune autre œuvre d'art que ces Caillebotte. "Ils étaient accrochés un peu comme des photos de famille", ajoute la conservatrice générale et historienne de l'art.
Jean Daurelle, maître d'hôtel et modèle
L'arrière-grand-père de Marie-Jeanne, Jean Daurelle (1830-1893), un fils de cultivateurs de la Loire, a travaillé pour les parents du peintre, puis pour les deux frères Caillebotte, à Paris, dans leur résidence de campagne à Yerres (Essonne) puis au Petit-Gennevilliers (Hauts-de-Seine). Le domestique a posé pour trois tableaux de Gustave Caillebotte dont deux portraits qui font partie du legs. Sur l'un, il est représenté en pied, comme un bourgeois. L'autre, un buste sur fond neutre, n'avait jamais été montré au public.
Le fils de Jean, Camille Daurelle, est représenté dans les deux pastels réalisés sur le vif en plein air, qui furent présentés à la cinquième exposition impressionniste en 1880. L'enfant jette à l'artiste des regards complices.
Une vue du jardin du Petit-Gennevilliers
La cinquième œuvres est une vue de la résidence du Petit-Gennevilliers, juste après son achat par les frères Caillebotte à la fin des années 1870. Gustave, également horticulteur passionné, y avait créé un jardin magnifique où il a peint de nombreux tableaux.
Avec ce legs, le musée d'Orsay enrichit notablement sa collection de Caillebotte, dont il ne possédait que sept œuvres, parmi lesquelles Les Raboteurs de parquet et Vue de toits (effets de neige), donnés à l'Etat par les héritiers du peintre à sa mort. La dernière œuvre entrée dans les collections publiques était son Autoportrait acquis par préemption en vente publique en 1971.
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