Ukraine : des œuvres d’art évacuées de Kiev sous escorte militaire pour être mises à l’abri et exposées au musée du Louvre
Ce sont des œuvres exceptionnelles que les visiteurs vont découvrir dans une petite salle spécialement aménagée du musée du Louvre à Paris, à partir du mercredi 14 juin. Cinq icônes byzantines parmi les très rares à avoir traversé les siècles, qui proviennent du musée Khanenko de Kiev, en Ukraine. Il n’en resterait plus qu’une dizaine dans le monde.
"Parmi ces cinq icônes, il y en a quatre qui sont les premiers témoignages de l'art de l'icône", explique Maximilien Durand, directeur du département des arts de Byzance. "Elles proviennent du monastère Sainte-Catherine du mont Sinaï (Egypte). Elles sont peintes à l'encaustique, c'est-à-dire à la cire sur bois et elles datent du VIe siècle ou du début du VIIe siècle", détaille-t-il. La cinquième date de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle. Sa particularité est qu'elle est en micro-mosaïque et son cadre d’origine est un bijou d’orfèvrerie.
"Faire sortir des œuvres d'un pays en guerre, c'est une opération particulièrement complexe."
Maximilien Durandfranceinfo
Le musée Khanenko a aussi évacué onze autres œuvres d’art. Des icônes et des primitifs italiens, des œuvres sur bois qui sont stockées dans les réserves du Louvre. Toutes sont arrivées le mois dernier après plusieurs jours de voyage par la route. "Elles ont quitté le musée Khanenko le 10 mai pour arriver au Louvre le 15 mai, en passant par la Pologne et l'Allemagne, sous escorte militaire donc c'est une opération de grande ampleur qui a nécessité beaucoup de prudence, de discrétion et de soin aussi", souligne Maximilien Durand.
Des œuvres cachées dans des réserves secrètes avant d'arriver au Louvre
Une opération indispensable pour Olga Apenko Kurovets, conservatrice au musée Khanenko et actuellement chargée de mission au Louvre. Si les œuvres avaient déjà quitté le musée pour des réserves secrètes, elles n’étaient pas pour autant préservées parce que l'opération avait commencé en hiver et que les conditions de stockage étaient vraiment difficiles."On s'est dit qu'il fallait sortir les icônes du Sinaï parce qu'elles ont besoin de stabilité de température et d'humidité", affirme-t-elle. Des coupures d'électricité causées par "des attaques sur les centrales d'électricité" rendaient la conservation compliquée. La décision a été difficile à prendre, mais elle s’est imposée au regard des enjeux, selon la conservatrice ukrainienne, pour qui "il ne s'agit pas seulement du patrimoine ukrainien mais du patrimoine mondial".
"Certes, on est un peu tristes de ne pas les avoir en ce moment à Kiev mais on est aussi beaucoup soulagés."
Olga Apenko Kurovets, conservatrice au musée Khanenkoà franceinfo
"Ce qui est déchirant, c'est la raison pour laquelle elles ont dû partir", confie Olga Apenko Kurovets. Les œuvres accueillies au Louvre vont y rester aussi longtemps que la guerre durera. L’exposition des cinq icônes byzantines débute, elle, mercredi 14 juin et elle se poursuivra jusqu’au 6 novembre.
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