Appel au boycott du festival d'Angoulême : "C’est le seul moyen d'action dont on dispose", explique un auteur de BD
Les bédéistes veulent alerter sur leur situation extrêmement précaire. Selon le collectif Auteurs-Autrices en Action (AAA), ils sont "plus de la moitié" à vivre sous le seuil de pauvreté, alors que "les ventes de bandes dessinées ont été exceptionnelles" en 2020.
Jean-Benoît Meybeck, auteur de BD, membre du collectif Auteurs-Autrices en Action (AAA), a expliqué vendredi 29 janvier sur franceinfo que la moitié des bédéistes "vivaient sous le seuil de pauvreté". Les auteurs appellent au boycott du festival d’Angoulême qui doit se dérouler en juin pour alerter l’État sur leur situation. "C’est le seul moyen d'action dont on dispose", dit-il.
franceinfo : La plupart des auteurs de BD ne s’en sortent pas financièrement ?
Jean-Benoît Meybeck : Les auteurs de BD travaillent énormément, ce sont des gens assez laborieux. Pour autant, la moitié d'entre eux vivent sous le seuil de pauvreté aujourd'hui. Pour nous, ce n’est pas acceptable. Ce sont des gens qui sont à la base de la chaîne du livre. Sans eux, il n'y a pas de bande dessinée, évidemment. Le livre en France, et la bande dessinée notamment, c’est un pouvoir économique, un pouvoir culturel qui est très important. Donc, on est des acteurs importants de la vie économique. Pour autant, on n'est pas du tout reconnus, ni au niveau des rémunérations ni au niveau du statut social.
Y a-t-il un grand écart entre les stars et les autres auteurs ?
Oui, en effet. C'est-à-dire que vous avez quelques stars qui marchent très bien. On est très heureux pour eux et pour elles. Mais à côté de ça, tous les autres galèrent de façon incroyable. Effectivement, on pense qu'il faudrait peut-être une meilleure répartition, que cela se passe différemment. Par exemple, pour cette année 2020, qui s'est passée en partie en confinement, les ventes de bandes dessinées ont été exceptionnelles. Les éditeurs se frottent les mains et les auteurs ont continué à se paupériser.
Combien touche un auteur par BD ?
La part auteur correspond en général à moins de 10% de la part du livre. Quand il y a plusieurs auteurs, ils doivent se la partager. On demande au minimum 10%. Il y a des auteurs qui travaillent un an. Sur un an, ils peuvent gagner 2 000 ou 3 000 euros dans certains cas. Or, c'est un travail à plein temps. C’est beaucoup d'énergie. Cela demande un engagement, on ne peut pas faire un autre métier à côté.
Pourquoi boycotter le festival d’Angoulême ?
On adore le Festival d'Angoulême et on n'a pas envie de le boycotter. Simplement, c'est le seul moyen d'action dont on dispose. On n'est pas des cheminots ou des chauffeurs routiers. Donc, si on arrête aujourd'hui de faire de la bande dessinée, ça ne va pas tellement se voir. Dans un an, il y aura un petit peu moins de livres, mais il y a tellement de surproduction, personne ne verra tellement la différence. Cela se verra à long terme, mais nous, on ne tiendra pas jusque-là. Donc, le seul moyen d'action qu'on a, c'est le festival de la bande dessinée d'Angoulême, car il est visible.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.