Le prix Fnac France Inter décerné à "Perpendiculaire au soleil", une bouleversante BD sur les couloirs de la mort aux Etats-Unis

Le prix de la BD Fnac France Inter a été décerné jeudi 5 janvier à Valentine Cuny-Le Callet pour Perpendiculaire au soleil, l'histoire de la rencontre entre l'autrice et un Américain condamné à mort. Sorti en août aux éditions Delcourt, cet album élu par un jury de libraires et de journalistes va bénéficier d'une mise en avant dans les magasins de la Fnac. 

Valentine Cuny-Le Callet l'a emporté sur les quatre autres finalistes du prix, Journal inquiet d'Istanbul de Ersin Karabulut (Dargaud), Les Pizzlys, de Jérémie Moreau (Delcourt), Le petit frère, de Jean-Louis Tripp (Casterman) et Nettoyage à sec, de Joris Mertens (Rue de Sèvres).

"Les images ont toujours fait partie de notre correspondance"

Renaldo McGirth, 34 ans, condamné pour homicide volontaire après la mort en 2006 d'une sexagénaire en Floride, condamné à mort, clame son innocence. Valentine Cuny-Le Callet, alors âgée de 19 ans, a commencé à correspondre avec lui en 2016 via l'association Action des chrétiens pour l'abolition de la torture. 

D'abord écrit sous forme de roman publié aux éditions Stock en 2020 sous le titre de Le monde dans 5 m², le récit se déploie en noir et blanc, avec les dessins au crayon et les gravures contrastées de Valentine Cuny-Le Callet, tandis qu'au fil du récit sont glissées les peintures, seules touches de couleur, de Renaldo McGirth.

"Les images ont toujours fait partie de notre correspondance", a déclaré l'autrice à l'AFP. "C’était d'autant plus important de faire un récit graphique que la prison est un univers qui contrôle de manière très serrée les images. L'idée de faire ce livre ensemble, c’était une manière de reprendre le contrôle" avait-elle expliqué à franceinfo Culture lors de la sortie de l'album fin août.

"Digérer sa rage"

Même s'il est composé à quatre mains, "seul mon nom figure sur la couverture, à mon grand regret. Aux États-Unis comme en France, la loi empêche une personne condamnée de tirer un profit financier du récit de son crime", déplore l'autrice.

"La lutte pour conserver sa santé mentale, pour maintenir les liens avec l'extérieur, une relation avec ses proches, cela fait partie évidemment du quotidien dans le couloir de la mort. C'est ce dont je voulais parler", a-t-elle souligné.

Aux Etats-Unis, 2500 condamnés attendent leur ordre d’exécution dans les couloirs de la mort. La jeune autrice prépare actuellement une thèse à la Sorbonne sur les conditions de création dans le milieu carcéral aux États-Unis. A la sortie de l'album, elle confiait avoir écrit ce roman graphique pour “digérer sa rage” inspirée par la peine de mort et le fonctionnement du système carcéral américain. 

"On continue à correspondre aujourd'hui. Une chose est sûre : Renaldo fait partie de mes plus proches amis. J'ai eu l'occasion de rencontrer certains de ses proches, nous nous confions beaucoup de choses", conclut la jeune autrice.