Anthony, Anouchka, Alain-Fabien... Qui sont les enfants Delon, qui se déchirent autour de la succession de leur père ?
"J'ai honte que notre vie de famille soit étalée comme ça", déplorait Anouchka Delon, dimanche 7 janvier, sur le plateau du 20 heures de TF1. Le mal est fait : depuis l'affaire Hiromi Rollin, du nom de l'ex-dame de compagnie du légendaire acteur, et maintenant lors de la guerre de succession que se livrent les trois enfants, il se passe rarement une journée sans que le feuilleton Delon ne connaisse un nouveau rebondissement. Si le patriarche se mure dans le silence et ne communique plus que par avocat interposé, ses trois enfants, moins connus que leur père, se répandent dans les médias, sur les réseaux sociaux et portent plainte les uns contre les autres. Dernier exemple en date avec la plainte d'Alain-Fabien, le cadet, contre Anouchka, confirmée par le parquet de Montargis, mercredi 10 janvier. Franceinfo fait les présentations.
Anthony Delon, le médiatique aîné
Anthony Delon a longtemps été le fils unique de la star, né au faîte de sa gloire en 1964. Quatre ans plus tard, Alain Delon divorce de sa mère, Nathalie, l'unique femme que la star ait jamais épousée. La vedette du Samouraï y verra une des causes de l'adolescence turbulente du jeune Anthony. Et ce, malgré sa profession de foi dans Le Nouvel Obs en 1969, promettant que son fils ne tournerait pas "enfant de star" : "Il n'aura pas sa Ferrari à 18 ans, ça je vous l'assure. Et il ira à la communale." Il ne se stabilisera qu'à l'adolescence auprès de son père, mais, dans les faits, c'est surtout Mireille Darc, compagne de l'acteur à l'époque, qui s'occupera de lui.
Quand le jeune homme se lance dans les affaires, en compagnie d'Alexandre Djouhri (qu'on retrouvera dans les soupçons de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007), le père fait barrage. Même s'il s'agit de blousons siglés AD, leurs initiales à tous les trois. "Ceux qui l'entourent sont des gens qui le manipulent, défend Alain Delon dans les colonnes de Paris Match à l'époque. Je crains qu'il ne voie jamais la couleur des affaires que l'on réalise en son nom, et donc en mon nom... Mon but, à travers ce procès, c'est de punir ceux qui se servent de lui." Anthony Delon sera condamné à verser 16 000 euros de dommages et intérêts à son père. Interrogé dans l'émission "Le Jeu de la vérité" de Patrick Sabatier, il répondra : "J'ai lu ici et ailleurs qu'il était difficile d'être le fils d'Alain Delon. Je le dis : il est aussi difficile d'être le père du fils d'Alain Delon."
Le patriarche n'encouragera guère la carrière du fiston au cinéma : "On se dit qu'on est le fils d'Alain Delon et on ajoute : 'Pourquoi on ne réussirait pas au cinéma ?' Ils m'ont assez fait chier de ce côté-là, commente l'acteur dans le journal suisse L'Illustré. Je leur ai répondu : 'Si j'étais resté ce que j'étais, fils de charcutier, on aurait eu moins de problèmes.'"
Sa position dans l'affaire : Anthony Delon est le premier à avoir porté les dissensions familiales dans une interview à Paris Match publiée pendant les fêtes. Il a dénoncé la volonté de sa sœur, Anouchka, de faire venir son père, en mauvaise santé, en Suisse, pour des raisons fiscales, affirme-t-il. Il s'est de fait rapproché d'Alain-Fabien, le cadet de la fratrie, et a salué la diffusion de l'enregistrement que le petit dernier avait fait de sa sœur : "Merci d'avoir fait tomber le masque de la perfidie, d'avoir pris ma défense face aux calomnies et aux mensonges qui étaient déversés sur moi par ces deux hypocrites", a-t-il écrit sur Instagram.
Anouchka Delon, la préférée
"J'ai une fille qui est l'amour de ma vie, peut-être même un peu trop par rapport aux autres", reconnaissait Alain Delon dans l'émission "Thé ou café", sur France 2, en 2018. "Je l'ai peut-être aidée comme je n'ai pas aidé les autres." Dès ses premiers pas, Anouchka Delon est placée sous les feux des projecteurs par son père, avec une demi-douzaine de couvertures de Paris Match dans son enfance. De même, le paternel donnera un sacré coup de pouce à la carrière sur les planches de sa fille en partageant l'affiche de la pièce Une journée ordinaire en 2014. Son avocat, Christophe Ayela, fera allusion à la fameuse phrase du "Jeu de la vérité" dans une interview à La Tribune Dimanche : "C'est très agréable d'être la fille d'Alain Delon. Elle a toujours eu des rapports exceptionnels avec son père, qui sont des rapports d'amour, de respect, d'affection."
Résidente suisse, elle a été choisie par son père être son exécutrice testamentaire, en plus de gérer sa société Alain Delon International Distribution, pilier du business familial. Selon son frère Anthony, qui s'est confié à CNews le 5 janvier, elle héritera de 50% de la fortune paternelle – estimée à plusieurs centaines de millions d'euros – contre 25% à chacun de ses frères, une information qu'elle n'a pas confirmée. "On me fait payer la confiance que mon père me porte. Bien sûr, je paye cette préférence. C'est mon fardeau", soupirait-elle dimanche 7 janvier sur TF1. Ce n'est pas la version du clan Anthony Delon. L'aîné lui reproche une présence épisodique au manoir de Douchy, dans le Loiret, où leur père passe ses vieux jours, quand lui s'y rend plusieurs fois par semaine, et où le cadet Alain-Fabien s'est carrément installé.
Sa position dans l'affaire : Pour le moment, elle fait bloc avec son père. Ce qui se traduit par le fait qu'elle a gardé le même avocat que lui, Christophe Ayela (qui était encore l'été dernier le conseil de toute la famille dans l'affaire les opposant à l'ex-dame de compagnie Hiromi Rollin). Elle nie les accusations de son frère Anthony, qui a été le plus virulent contre elle : elle assure ne pas avoir dissimulé les résultats des tests cognitifs de son père. "Je n'ai pas menti, je n'étais pas au courant de ces résultats", s'est-elle défendue sur TF1. Elle assure également ne pas chercher à rapatrier son père, citoyen helvétique depuis 1999, pour bénéficier d'une fiscalité plus douce en matière de successions : "La seule raison de le faire venir en Suisse, c'est pour qu'il soit traité. C'était prévu en août de lui faire un check-up, mon frère s'y est opposé. Moi, je n'étais pas d'accord pour qu'il arrête son traitement."
Alain-Fabien Delon, le cadet discret
Le benjamin de la fratrie, 29 ans, est sans conteste le moins médiatique de tous. Comme pour son grand frère Anthony, ses liens avec son père sont pour le moins distendus. "On ne se parle pas beaucoup, racontait-il en 2016 dans le livre Alain Delon, Ange et voyou. On se voit pour les anniversaires, Noël, etc. Mais il n'y a pas de vraie relation. Il n'y a pas de mauvaise relation, il n'y a rien." Et comme son frère Anthony, il est tiraillé entre sa mère, la mannequin néerlandaise Rosalie van Breemen, et son père après leur séparation orageuse : "C'était horrible, relate-t-il dans le magazine Elle. Je me souviens de mon père, ivre de rage, qui me disait : 'Je t'interdis d'aller au mariage de ta mère [avec Alain Afflelou]. Prouve-moi que tu es un homme.' Mais, moi, j'avais 8 ans et, à cet âge-là, on est encore un enfant. C'est sa grande phrase, à mon père, 'Sois un homme'." En 2010, son père obtient toutefois la garde définitive de l'enfant.
Comme pour son frère Anthony, son adolescence est pour le moins turbulente, entre exclusions de plusieurs collèges, incident dans une fête avec une arme à feu et même un tabagisme précoce : "Ma première cigarette, je n'avais que 9 ans, et c'était une Alain Delon" – une marque qui n'est vendue qu'en Asie). Peu présent dans les médias, celui qu'on surnomme "Alain Delon Junior" (son compte Instagram s'intitule ainsi) a fait carrière dans le mannequinat, notamment pour Dior. Et a souffert pour se faire un prénom : "Quand je prononce le nom sacré, le temps s'arrête", écrit-il dans son roman De la race des seigneurs, quasiment une autobiographie. "Tout change. On ne me voit plus. Papa envahit la pièce, sature l'air en même temps qu'il me nourrit. J'existe à travers lui. Une présence permanente."
Lui aussi a débuté dans le cinéma d'auteur – "Que voulez-vous que je fasse ? Je n'ai pas mon bac, donc, pour moi, c'est acteur ou serveur" – mais dans le confidentiel Les Rencontres d'après-minuit. Il raconte son expérience un rien olé olé dans Elle : "Je n'avais pas vraiment lu le scénario et j'avais surtout besoin d'argent. Je n'ai pas été déçu. Le premier jour de tournage, j'ai dû rouler une pelle à un mec et, plus tard, lécher les seins d'une fille déglinguée. Et puis, il y a eu cette scène où je devais embrasser une fille qui pourrait être ma mère et qu'on a dû refaire une bonne cinquantaine de fois. J'ai découvert le film à Cannes lors de la projection. J'étais à côté de ma fiancée. Pas facile, la projo. J'ai dû lui mettre les mains sur les yeux pendant toutes les scènes un peu 'chelou' : 90% du film."
Sa position dans l'affaire : Jusqu'ici extrêmement silencieux, Alain-Fabien Delon a publié sur Instagram une conversation enregistrée à l'insu de sa sœur, à la table familiale, où on entend Anouchka dire à son père : "On est en train de m'enterrer et toi on est en train de te prendre pour un débile. Il faut que tu te méfies surtout."
"Tu as ouvert la boîte de Pandore", commente le cadet des Delon dans son post Instagram, comme une réponse à l'interview de sa sœur sur TF1 quelques heures plus tôt. Mardi 9 janvier, il dénonçait au micro de BFMTV des "méthodes de crapule, de mafieux" de sa sœur Anouchka, qui a selon lui tenté de l'intimider. "J'ai déposé plainte contre ma sœur pour abus de faiblesse et un nombre incalculable d'autres choses. C'est très grave ce qui se passe." Le lendemain, le parquet de Montargis confirmait cette plainte pour "abus de faiblesse au préjudice de leur père" et a ouvert une enquête préliminaire. Le feuilleton continue.
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