"Anatomie d'une chute" de Justine Triet : cinq nominations aux Oscars après un parcours international hors du commun
Les cinq nominations pour Anatomie d'une chute – "meilleur film", "meilleure réalisation", "meilleur scénario", "meilleure actrice" et "meilleur montage" – dévoilées par l'Académie des Oscars, mardi 23 janvier, saluent un parcours exceptionnel. La nouvelle ministre de la Culture, Rachida Dati, a rapidement réagi sur le réseau social X, se disant "fière pour la France, patrie historique du cinéma, et pour notre rayonnement culturel".
Les trois Lumières d'Anatomie d'une chute de Justine Triet (meilleur film, meilleur scénario et meilleure actrice pour la comédienne allemande Sandra Hüller) décernés dans la soirée du 22 janvier par l'Académie des Lumières qui réunit les correspondants de la presse étrangère à Paris auront été quelque peu prémonitoires pour les Oscars. Hier soir, au Forum des images et à la veille de l'annonce des nominations de l'Académie américaine, le cinéma français, qui fait front commun derrière Justine Triet depuis quelques mois déjà, avait des raisons de se montrer confiant.
Ses deux récents Golden Globes, les multiples récompenses reçues ces dernières semaines et les sept nominations aux BAFTA, l'équivalent britannique des César, se sont avérées être de bonnes prédictions pour les nominations aux Oscars. Anatomie d'une chute de Justine Triet est le film français qui fait le plus parler de lui depuis sa Palme d'or et surtout avec ses chiffres au box-office dans tous les pays où il est sorti depuis le début de l'automne, une saison généralement moins favorable aux films. La fiction a déjà généré plus de 23 millions d'euros dans le monde.
"Un film qui parle à tout le monde"
En attendant de repartir éventuellement avec une ou plusieurs statuettes le 10 mars prochain, l'œuvre de Justine Triet est auréolée, en dehors de sa Palme d'or, de plus d'une quarantaine de distinctions internationales. En outre, Anatomie d'une chute n'est pas seulement salué par la critique, il est aussi plébiscité par les spectateurs, les Français en premier lieu.
"C'est un film qui parle à tout le monde, entre autres parce qu'il traite des tensions dans le couple. Par ailleurs, l'axe par lequel Justine Triet aborde cette relation est inédit au cinéma. On n'a jamais vu ça. Son approche est hyper moderne : c'est la femme qui a le dernier mot. On ne voit pas souvent ce type de personnage féminin au cinéma, c'est-à-dire celui d'une femme qui n'est pas dans le compromis", expliquait récemment à franceinfo Culture Fionnuala Jamison, la directrice de mk2 Films, en charge de la vente du film à l'international.
"Ce qui touche à l'étranger, c'est ce qui touche en France", soulignait pour sa part Gilles Renouard, le directeur du cinéma à Unifrance, l'institution qui promeut le septième art français à l'étranger. Il notait que "la Palme d'or l'(avait) mis en avant", qu'Anatomie d'une chute avait "tourné dans beaucoup de festivals internationaux, plus d'une trentaine". "C'est un film qui est également porté par la presse qui l'aime beaucoup", avait-il poursuivi. Ce que Justine Triet et sa production ont confirmé le 22 janvier, au Forum des images, en mentionnant le soutien apporté au film par les critiques alors que la cinéaste recevait son troisième trophée de la soirée.
"On n'a pas envoyé le bon film aux Oscars"
Oublié le paradoxe français, qui est celui de ne pas avoir misé sur un film avec autant d'atouts, en lui préférant La Passion de Dodin Bouffant, qui n'a finalement pas été retenu dans la catégorie "meilleur film international" par l'Académie des Oscars. Ce choix en a laissé plus d'un perplexe. "C'est absolument évident qu'on n'a pas envoyé le bon film aux Oscars", avait confié à l'AFP Charles Gillibert, un des membres de la commission responsable de cette décision. Après cet "accident industriel", le producteur avait appelé à "élargir le nombre de votants".
Justine Triet avait indiqué, début janvier lors du gala du New York Film Critics Circle où la cinéaste avait reçu le prix du meilleur film international, que le chapitre de la polémique était déjà clos pour elle. Elle avait ajouté, en répondant à IndieWire, qu'elle avait reçu un beau cadeau de Noël en voyant son long métrage sur la liste des films préférés de 2023 de Barack Obama, l'ancien président américain. D'autres trophées se sont rajoutés venant adouber une belle réussite cinématographique, française, repérée et distinguée en France – à Cannes –, par le plus grand festival de cinéma au monde.
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