"Anatomie d'une chute" : la réalisatrice Justine Triet révèlera "dans 10 ans" si Sandra est coupable ou non
Coupable ou pas coupable ? "Je donnerai la réponse dans 10 ans", a malicieusement répondu Justine Triet samedi 16 mars sur France Inter. La réalisatrice du film multiprimé Anatomie d'une chute s'est exprimée, avec un petit sourire, au sujet de la culpabilité dans le long-métrage de Sandra Hüller dans la mort de son compagnon Samuel Theis, retrouvé sans vie au pied de leur chalet familial. "Moi, je sais !", a-t-elle souligné, alors que le dénouement suscite de vives réactions parmi les spectateurs.
Ce film évènement a remporté la Palme d'Or 2023 au Festival de Cannes, six César dont meilleur film et meilleure réalisation, mais aussi, le 10 mars, l'Oscar du meilleur scénario original, un prix qui pourrait bien ouvrir les portes d'Hollywood à la réalisatrice.
La réalisatrice se dit "surprise qu'en France, tout le monde la croit innocente"
Sorti en août 2023, Anatatomie d'une chute a été vu par près de deux millions de spectateurs et continue d'attirer des cinéphiles du monde entier au gré des prix qu'il reçoit. Ce film "raconte effectivement quelque chose de la culture, des gens", analyse Justine Triet. Selon les pays, la perception de la culpabilité de Sandra est différente. "Ça m'a beaucoup surprise, effectivement, qu'en France tout le monde la croit innocente et aux États-Unis tout le monde la croit coupable", a-t-elle réagi.
Justine Triet souligne que Sandra "est très féministe", "sans en parler, sans théoriser", dit-elle. Ce féminisme semble avoir bousculé certains spectateurs : "En Espagne, j'ai eu beaucoup d'hommes journalistes qui m'ont dit : 'Cette femme est très détestable'", a-t-elle témoigné. La réalisatrice trouve ça "rigolo".
"Ça a raisonné à un endroit très intime des gens"
Le point culminant d'Anatomie d'une chute est la violente dispute entre Sandra Hüller et Samuel Theis, la veille de la mort de ce dernier. Une scène d'anthologie qui a impressionné beaucoup de spectateurs. Samuel reproche à Sandra de lui avoir "volé son temps" alors qu'il a des ambitions littéraires, tandis qu'elle exprime sa frustration de femme, regrettant notamment le déséquilibre dans la répartition des tâches.
"Il y a des générations un peu au-dessus de ma mère qui m'ont dit : 'Ça m'a fait complètement exploser en sanglots parce que je me suis dit, en fait, à un moment de ma vie j'ai vécu ça et je n'ai pas la force de dire ce que dit Sandra dans la scène de la dispute', a-t-elle ajouté. Ça a raisonné à un endroit très intime des gens", a conclu Justine Triet.
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