"Assister à la naissance d'un cinéaste, c'est toujours beau" : l'actrice Florence Loiret Caille est membre du jury du festival Cinébanlieue 2024

Elle est, entre autres, l'inoubliable Marie-Jeanne Duthilleul de la série à succès de Canal+, "Le Bureau des légendes", dont la version américaine débarque bientôt sur les écrans français.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 7min
La comédienne française Florence Loiret Caille pose lors de la cérémonie d'ouverture de la 14e édition du Festival du film Lumière, le 15 octobre 2022, à Lyon. (JEFF PACHOUD / AFP)

Aux côtés de l'actrice Camélia Jordana et de la réalisatrice Salomé Da Souza, entre autres, Florence Loiret Caille est membre du jury de la 19e édition du festival Cinébanlieue présidé par le comédien et rappeur Sofiane Zermani. Ils découvriront le 14 novembre 2024 les dix courts-métrages en compétition cette année. Lancé en 2006 par Aurélie Cardin, le festival Cinébanlieue a pour vocation de mettre en lumière "les jeunes talents du cinéma issus des quartiers et en manque de visibilité".

Franceinfo Culture : Vous êtes l'une des jurées de la 19e édition du festival Cinébanlieue. Qu'est-ce qui vous a attiré dans ce festival ?
Florence Loiret Caille : Je vous avoue que je ne le connaissais pas. C'est l'attachée de presse Rachel Bouillon que j'ai rencontrée sur un film que j'ai tourné, La Tête froide, qui m'en a parlé. Je l'admire beaucoup et elle sait que je suis un peu curieuse. J'ai tout de suite décidé d'aller voir de quoi il s'agissait. Cinébanlieue, forcément ça m'intéresse : il y a le cinéma, la banlieue. Je me dis que je vais découvrir des univers que je ne connais pas, de nouveaux talents. J'ai vécu en banlieue aussi. Par ailleurs, ça faisait longtemps que je n'avais pas participé à un festival de courts-métrages. Ça me plaît beaucoup d'être témoin et spectatrice de personnes qui font leurs premiers pas dans le cinéma. Assister à la naissance d'un cinéaste, c'est toujours beau. C'est une joie d'y participer. Je suis très honorée d'être membre de ce jury.

En début d'année, vous incarniez une jeune femme qui vient en aide à un jeune migrant dans La Tête froide. Les migrants, sujet d'actualité notamment parce que c'est la préoccupation centrale de l'extrême droite française et des Républicains menés par Trump, le futur président américain. Pourquoi accepter de camper ce personnage ? Est-ce parce que c'est important pour vous ou c'est tout simplement le fait de raconter la société dans laquelle on vit ?
Ça peut être un cinéaste que je découvre, que je rencontre ou qui me propose d'entrer dans son univers. Comme disait Bresson, "tourner, c'est aller à une rencontre, rien dans l'inattendu qui ne soit attendu secrètement par toi". C'est comme si on découvrait un pays qui nous est étranger et dont on va apprendre la culture, la langue, les mots, la façon de manger, de vivre ensemble... C'est ce qui m'attire parce que j'ai aussi beaucoup vécu à l'étranger, j'ai grandi en Indonésie et en Égypte. Avant de jouer, je suis quelqu'un qui vote, qui vit dans une société, qui est témoin de certaines choses, de la façon dont les hommes politiques parlent de cette société. Et forcément, il y a des choses qui me choquent, dirais-je pour résumer.

L'adaptation américaine du "Bureau des légendes" va bientôt être diffusée en France sur Canal+. Comment avez-vous été embarquée dans l'aventure de la meilleure série française de ces dernières années ?
J'ai fait plusieurs essais. C'était une période de ma vie où je ne travaillais plus du tout. J'ai eu la joie d'avoir été choisie pour jouer le rôle de Marie-Jeanne. J'ai retrouvé la foi dans le jeu grâce à Éric Rochant parce que ce sont des rôles magnifiques. D'autant plus que l'on ne savait pas ce qu'il allait se passer d'une saison sur l'autre. C'était un défi, à chaque fois, à relever : est-ce que les spectateurs n'allaient pas se lasser du personnage ? Était-il suffisamment attachant pour qu'il continue à exister sur plusieurs saisons ? Et c'est ce qu'il s'est passé. C'est l'une de mes plus grandes joies professionnelles. Nous savons que c'est une série qui a été vue un peu partout dans le monde. Il y a des gens qui m'en parlent encore. Des Mexicains que je croise dans la rue m'interpellent : "Ah, Marie-Jeanne ! Marie-Jeanne..." C'est beaucoup de joie de se dire que passer l'obstacle de la langue, les gens se sont reconnus dans ces personnes qui font ce métier, qui vivent cette vie-là. C'est assez extraordinaire.

Quels retours avez-vous eu des agents de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) ?
J'ai eu des retours très chaleureux. J'avais peur de ne pas être crédible en tant que directrice d'un département pareil, moi qui aie peur de tout et qui suis hyper émotive.
Chaque année, il y avait une programmation de deux épisodes projetés au sein de la DGSE. On a pu rencontrer certains agents, même si on ne savait pas dans quelle direction il travaillait, DGSE en général ou Bureau des légendes. Mais j'ai effectivement réussi à avoir des retours via des sources non officielles pour me dire que j'avais réussi ma mission.

Est-ce que la personne qui incarne l'équivalent américain de votre personnage vous a contactée ?
Absolument pas.

Vous faites finalement autant de séries que de cinéma, ce qui ne semble pas vous gêner outre mesure ? Vous avez besoin des deux ?
Déjà pour vivre parce que les films auxquels je participe sont souvent payés au minimum syndical. La série me permet de gagner ma vie normalement. Et grâce au Bureau des légendes, on me confie des rôles plus consistants dans les séries et ça me plaît. Je suis pour l'alternance évidemment.

Quels sont vos projets ?
Je viens de terminer Magistrate, le premier long d'un jeune réalisateur, Pierre Mazingarbe, avec Louise Bourgoin et Muriel Robin. Je viens de finir également le film d'Alain Raoust aussi avec Philippe Rebbot, Grégory Montel, Estelle Meyer... que des acteurs magnifiques. C'est un film politique et poétique.

Les dix films courts présentés en compétition au festival Cinébanlieue 2024 :

Hors-jeu de Paolo Mattei (fiction, 25')
Métallismes de Lou Rambert Preiss (fiction, 23')
Makan de Ghanwa Rana (documentaire, 11')
Que les meilleurs gagnent de Noah Cohen (fiction, 16')
Samedi soir dimanche matin de Théo De Oliveira et Rémy Potisek (fiction,13')
Karateka de Florence Fauquet (fiction, 16')
néalogie de la violence de Mohamed Bourouissa (fiction, 15')
Rita et Adam de Maïssa Elydja Olivier (fiction, 19')
Soleil pâle de Bernardo de Jeurissen (fiction, 15')
Pibales d'Adrien Benoliel (fiction, 19')

À découvrir à l'UGC Ciné Cité Paris 19, à partir de 18h le 14 novembre 2024 dans le cadre du festival Cinébanlieue 2024 (6 au 15 novembre 2024)

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