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Céline Sciamma et sa "Petite Maman" en lice pour l'Ours d'Or de la Berlinale

Tourné après le premier confinement, le film propose un voyage intime dans les souvenirs et les émotions. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
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La petite Nelly et Marion près de la cabane construite par sa mère enfant. (Copyright Pyramide Films)

Quand une fillette devient l'amie d'enfance de sa propre mère : avec Petite maman, en compétition au festival du cinéma de Berlin, la réalisatrice française Céline Sciamma offre un voyage dans le temps onirique et déroutant, propice à l'introspection familiale. Le film est, avec Albatros de Xavier Beauvois, l'une des deux réalisations françaises en lice pour l'Ours d'Or vendredi 5 mars, parmi 15 films au total.

Il raconte l'histoire d'une petite fille de huit ans, Nelly, qui perd sa grand-mère. Après un dernier adieu à la maison de retraite, elle part avec ses parents vider la maison de l'aïeule, nichée dans les bois. La mère s'en va. Nelly reste seule avec son père, et part explorer la forêt.

Près d'une cabane construite au pied d'un arbre par sa mère enfant, elle rencontre une petite fille, prénommée Marion... comme sa mère, et qui devient sa "petite maman".

Un voyage émotionnel 

Pendant 1h12, le film joue de ces allers-retours temporels : la petite Nelly se liant d'amitié avec sa maman redevenue petite, inventant des histoires, cuisinant des crêpes ou courant dans les bois. Cinéaste encensée en 2019 après la sortie du Portait de la jeune fille en feu, avec Adèle Haenel et Noémie Merlant, prix du meilleur scénario à Cannes, Céline Sciamma a beaucoup creusé les questions de genre et d'identité sexuelle, comme dans la Naissance des pieuvres (2007) ou Tomboy (2011), ainsi que celles de l'adolescence (Bande de filles, 2014) et de l'enfance.

Petite Maman joue sur un registre plus intime, et très onirique, laissant une très grande place d'interprétation au spectateur et à la magie. Le film "est une expérience abolissant le passé, le présent et les âges", a expliqué la cinéaste lors de la présentation du film pendant le festival en ligne. "Mes personnages ne sont pas les héros de mes films, mais ce sont les spectateurs. Je veux laisser de la place pour l'expérience, le voyage émotionnel, pour votre propre histoire."

Loin des productions à la Retour vers le futur, "il n'est pas question d'un voyage touristique dans le temps, mais d'une opportunité de partager un espace et un temps ensemble, un voyage temporel à objectif très intime", a-t-elle explicité. "Rencontrer ses parents, mais enfants, c'est presque un fantasme secret, et j'espère que ça va devenir (un fantasme) collectif" avec ce film, a-t-elle ajouté.

"Totalement intemporelle"

Tourné pour les scènes extérieures dans des lieux où a grandi la réalisatrice, et pour les scènes intérieures dans une maison recréée en studio pour donner une atmosphère "totalement intemporelle", le film est porté par ses deux jeunes actrices, deux soeurs jumelles, Gabrielle et Joséphine Sanz, qui se prêtent avec naturel au jeu du cinéma. Pour brouiller les pistes entre les époques, Céline Sciamma les a habillées de vêtements chinés sur Internet, après avoir scruté des photos de classe des années 1950 à aujourd'hui, établissant un catalogue des pièces de modes les plus intemporelles des dernières décennies.

"Je ne fais pas de portrait d'enfant, je n'ai pas de connexion particulière avec eux, je ne suis pas un enfant dans ma tête", martèle Céline Sciamma, qui estime qu'il faut considérer les enfants comme des personnes à part entière, "qui traversent les mêmes crises que nous tous".

Et le film, mûri avant la crise du coronavirus et tourné après la fin du premier confinement en France à l'été 2020, peut désormais trouver un sens encore plus "urgent" : "Ce film est fait pour rester dans votre tête (...) qu'il puisse vous consoler, et qu'il vous donne de l'imagination", espère la cinéaste. Elle dit l'avoir d'ailleurs pensé pour que les enfants puissent le voir avec leurs parents, voire leurs grands-parents.

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