"Christophe... définitivement" : un documentaire musical et arty sur le chanteur iconique, actuellement en salle
En mars 2002, après de longues années d'absence, le chanteur Christophe est de retour. Les deux artistes plasticiens Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster vont le suivre au plus près, au plus intime de la création. De cette rencontre sort un documentaire, beau et bizarre, exactement comme le titre du huitième album de Christophe sorti en 1978, Le beau bizarre.
Un dandy en clair obscur
Le chanteur Christophe, c’est un album et une chanson, Aline, qui en 1965 se vend à un million d’exemplaires. Ce sont Les marionnettes, La dolce vita, Les mots bleus, des tubes des années 70. Amateur de voitures de course, de juke box, une allure de dandy, ces seventies font de lui, une star. Dans les années 80, il connaît une certaine traversée du désert qui durera quand même vingt ans. Christophe ne fait pas les choses à moitié.
Puis un retour en 2002 qui a fait de lui une icône mystérieuse. Christophe a une deuxième vie d'artiste, c'est cette période que raconte ce documentaire. Christophe... définitivement n'est pas un concert filmé, ce n'est pas non plus une biographie de cinéma. C'est un magnifique film qui rend hommage à un artiste hors des lignes. Un film d'artiste.
On y suit le chanteur en répétition chez lui la nuit, car il vivait essentiellement la nuit. C'est sombre et son fantôme déambule dans son appartement. Qui a pénétré dans son antre reconnaîtra le mausolée dédié au son, au cinéma et à la musique. On y retrouve son côté pointilleux, chercheur de sonorité minutieux. Sorcier du son, comme lors des répétitions des concerts de l'Olympia, où il a des échanges dadaïstes avec les musiciens et les techniciens. Ainsi ce dialogue sans queue ni tête mais si poétique au sujet de la couleur du prompteur. Bleu ou violet ? Dans Christophe... définitivement on perçoit aussi ses doutes, ses inquiétudes. C’est un magnifique portrait d’un artiste au travail, qu'on a suivi en toute proximité, mais aussi avec beaucoup de distance et surtout de tendresse.
Un cinéphile, pris dans les rayons des projecteurs
Dominique Gonzalez-Foerster explique la démarche de ce film à trois. Pas de scenario préétabli, pas de spécialiste de la chanson venant en sachant, "on étaient un peu ses confidents", dit-elle. Et ainsi le documentaire ressemble à un carnet de route de trois artistes. Et on peut faire confiance à Christophe en vrai cinéphile d'aimer ce cinéma expérimental.
La réalisatrice ajoute : "Son rapport au cinéma était très fort, il avait plein d’images dans la tête, alors il nous a montré des extraits de films, des photos. Sa chambre était un home cinéma avant l’heure, avec des bobines de film, son projecteur, son écran. Christophe était un artiste expérimental avec énormément d’idées, des éruptions de la pensée : amener une voiture sur scène, disposer un tel comme ci ou comme ça, ça n’arrêtait pas." Ce documentaire est un hommage à celui qui chantait "Je suis peut-être démodé Le vent d'hiver souffle en avril J'aime le silence immobile". Un hommage à un dandy poète.
La fiche
Genre : Documentaire
Réalisateurs : Ange Leccia et Dominique Gonzalez-Foerster avec Christophe
Pays : France
Durée : 01h24
Sortie : 8 mars 2023
Distributeur : Elisabeth Perlié New Story
Synopsis :
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