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Gérard Depardieu, vingt ans de frasques en série

L'acteur, au cœur d'une polémique sur l'exil fiscal, ne s'est pas présenté au palais de justice de Paris, où il était convoqué pour conduite en état d'ivresse. Le dernier épisode d'une longue série d'excès.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Gérard Depardieu s'éponge le front à son arrivée à Saransk, en Mordovie (Russie), le 6 janvier 2013. (JULIA CHESTNOVA / RIA NOVOSTI / AFP)

Gérard Depardieu a fait faux bond au procureur, mardi 8 janvier. Le comédien était convoqué au palais de justice de Paris pour avoir conduit son scooter en état d'ivresse. Cette absence remarquée est le dernier coup d'éclat de l'acteur, après la polémique provoquée par son exil fiscal. En matière d'excès, le comédien a un impressionnant parcours que francetv info retrace. 

Les amitiés polémiques

Il est l'ami de Poutine. Gérard Depardieu a choisi l'exil pour protester contre la politique fiscale du gouvernement à l'égard des hauts revenus. En Belgique, où il a acheté une maison... Et en Russie, où il a reçu son passeport des mains du président Vladimir Poutine. L'homme fort du Kremlin, dont il fait l'éloge, est un ami de longue date. Il a déjà eu l'occasion de le soutenir, notamment en 2010, lors d'une soirée caritative où il a fait la claque pour Vladimir Poutine jouant les crooners devant un parterre de stars.

Il acclame Kadyrov. Ses amitiés avec les puissants controversés l'ont aussi mené en Tchétchénie. En octobre 2012, il était l'invité d'honneur de la fête d'anniversaire de Ramzan Kadyrov, le président autocrate de la petite république du Caucase, accusé de multiples exactions par les ONG de défense des droits de l'homme. L'acteur avait lancé : "Gloire à Grozny, gloire à la Tchétchénie, gloire à Kadyrov !"

Il chante en Ouzbékistan. En décembre 2012, Depardieu a également enregistré une chanson avec Gulnara Karimova, la fille aînée du président ouzbek Islam Karimov. Il y lit des poèmes en français écrits par la jeune femme. Si le père de la chanteuse ne figure pas dans le top 50 local, il tient son rang dans le classement des prédateurs de la presse dressé par Reporters sans frontières.

Les attaques personnelles

Il raille Noël Mamère. Gérard Depardieu a aussi le verbe haut. En 2002, il est administrateur du club de rugby de Bordeaux-Bègles-Gironde. L'équipe est sponsorisée par l'homme d'affaires algérien Rafik Khalifa. Le député-maire écologiste de Bègles, Noël Mamère, dénonce "l'ami des généraux algériens", le "rugby fric" et refuse d'assister à un match. L'acteur estime que l'homme politique a eu peur de la confrontation et "a peut-être chié dans son froc en velours", comme le rapporte alors Libération.

Il se moque de Martine Aubry. Electeur girouette, Gérard Depardieu a eu l'occasion de dire tout le bien qu'il pense des politiques, en septembre 2010, sur le plateau du "Grand Journal" de Canal+. "C'est de la merde", tranche-t-il. Au passage, il affuble la patronne des socialistes, Martine Aubry, d'un sobriquet fort peu flatteur : "Haleine de bière". Après cette brève mais virulente diatribe contre le monde politique, il apporte tout de même son soutien à Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012.

Il s'attaque au PAF. Les figures de la télévision font aussi les frais de son franc-parler. Interviewé pour l'émission "Sept à huit" de TF1 sur le tournage de Mammuth en avril 2010, il affirme à propos d'un animateur écologiste bien connu : "Vous savez, s'il y en a un qui me pollue véritablement, c'est Nicolas Hulot." Quant au cuisinier Jean-Pierre Coffe, il l'assaisonne : "Je suis pas comme monsieur Coffe à vendre ses Leader Price pour un paquet de pognon."

Il insulte une journaliste. La presse n'est pas épargnée. Lors de la promotion de Mammuth, qu'il dédie à son fils Guillaume mort deux ans plus tôt, une journaliste lui demande d'en dire un peu plus sur ce sujet sensible. L'insulte fuse : "salope". Le comédien s'éloigne dans un grand éclat de rire. 

Les moments gênants

Il donne une interview laborieuse. Bon vivant, amateur de bonne chère, cette réputation pantagruélique lui colle à la peau. Au point qu'on le soupçonne souvent de parler en état d'ébriété. En 1991, le Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau rafle dix statuettes à la cérémonie des Césars, dont celle du meilleur acteur pour Gérard Depardieu. Assis au bar du Fouquet's, le comédien est interviewé, le soir même, en direct. Il se dit ému et confie ne pas avoir très envie de répondre. La voix est hésitante, les propos parfois incohérents. "En fait, ce n'est pas très intéressant ce que je raconte", reconnaît-il.

Il vole la vedette à sa fille. Treize ans plus tard, retour aux Césars. Julie Depardieu reçoit les récompenses du meilleur espoir et du meilleur second rôle 2004 pour La Petite Lili de Claude Miller. Son père ne résiste pas à la tentation de monter sur scène pour la féliciter, lui volant son moment de gloire. "C'est mon fardeau", déclare-t-elle. Malaise au théâtre du Châtelet. 

Il est "une vraie ordure". En mai 2011, Gérard Depardieu est l'invité de "Ce soir ou jamais" sur France 3 et n'a qu'un mot à la bouche : "ordure" "Je suis une vraie ordure", lâche-t-il. "J'aurais pu être bien, très très bien", confie-t-il. Et de conclure à la fin de l'émission : "Bon, je vais pisser parce que j'en peux plus." 

Il urine dans un avion. Sa vessie, il en est de nouveau question en août 2011, à bord d'un vol Paris-Dublin. Ne pouvant attendre que l'avion décolle pour utiliser les toilettes, le comédien se soulage dans une bouteille. Un peu d'urine se répand sur le sol et l'acteur est débarqué. Un mois plus tard, Edouard Baer, son partenaire dans Astérix et Obélix : Au service de sa Majesté, qui faisait partie du voyage, parodie l'incident. Gérard Depardieu, lui, s'explique, en anglais et non sans humour, à la télévision américaine.

Les passages devant les tribunaux

Il s'en prend à des inspecteurs du travail. Le renvoi de Gérard Depardieu en correctionnelle pour conduite en état d'ivresse n'est pas une première judiciaire pour le comédien. En 2006, il écope de 3 500 euros d'amende pour outrage à inspecteur du travail. En voyant arriver les fonctionnaires sur le tournage de Michou d'Auber un an plus tôt, Gérard Depardieu s'était emporté, raconte TF1 News"Q'est-ce que c'est que ces trois rigolos ? se serait exclamé le comédien. C'est moi qui les paie avec les 75% d'impôts qu'on me prend." 

Il donne un coup de boule. En 2008, le tribunal de Florence, en Italie, le condamne à une amende de 800 euros pour blessures et menaces envers un photographe, trois ans plus tôt. Le Nouvel Observateur avait raconté l'incident. Pris en photo alors qu'il faisait ses courses sur un marché florentin, Gérard Depardieu avait asséné un coup de tête à celui qu'il accusait d'être un paparazzi. Et déjà, l'acteur n'avait pas assisté à l'audience.

Il frappe un conducteur. En août 2012, un automobiliste porte plainte pour coups et blessures contre Depardieu. Il l'accuse de l'avoir frappé après un accrochage entre sa voiture et le scooter de la star. Le comédien riposte par une autre plainte, mais reconnaît son geste violent. Affaire à suivre.

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