"Il est dans l'intérêt de tous que Gérard Depardieu puisse s'expliquer" : le procès de l'acteur pour agressions sexuelles renvoyé aux 24 et 25 mars 2025

Le prévenu n'était pas présent à l'audience pour des raisons de santé. Le tribunal a également ordonné une expertise médicale du comédien.
Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
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L'acteur Gérard Depardieu, lors de la Mostra de Venise (Italie), le 5 septembre 2017. (TIZIANA FABI / AFP)

Ce devrait être le premier rendez-vous judiciaire pour Gérard Depardieu et le mouvement #metoo dans le cinéma français. Le procès de l'acteur de 75 ans pour agressions sexuelles sur le tournage des Volets verts, qui devait se tenir lundi 28 octobre, a été renvoyé aux 24 et 25 mars 2025 par le tribunal correctionnel de Paris. Les juges, qui ont refusé un complément d'information demandé par la défense, suivie par les parties civiles, ont également ordonné "une expertise médicale" du comédien, absent pour raisons de santé, afin d'évaluer les conditions de sa comparution dans cinq mois.

Les quelques heures de l'audience de lundi ont donné le ton. Avant même son ouverture, une centaine de militantes féministes ont manifesté devant le tribunal aux cris de "Depardieu t'es foutu, #metoo est dans la rue". Malgré l'absence de la star et la demande de renvoi, annoncées le matin même par la défense sur franceinfo, c'est dans une salle comble que les débats se sont ensuite tenus. Les deux plaignantes étaient présentes. Amélie, 53 ans, décoratrice de cinéma, avait été la première à porter plainte en février 2024 contre l'acteur. Sarah, 33 ans, a ensuite dénoncé des faits de même nature.  

Pour les soutenir, plusieurs femmes qui accusent également Gérard Depardieu avaient fait le déplacement. Parmi elles, la comédienne Charlotte Arnould, dont les accusations de viol à l'encontre de l'acteur pourraient donner lieu à un prochain procès, requis par le parquet. Ainsi que l'actrice Anouk Grinberg, qui a été l'une des premières à briser le silence entourant l'interprète de Cyrano de Bergerac au cinéma.

Un état de santé dégradé à l'approche de l'audience

Certificats médicaux à l'appui, le président du tribunal a brièvement résumé les motifs de la demande de renvoi. Selon le cardiologue et l'endocrinologue du septuagénaire, son "quadruple pontage" et son "diabète", anciens, ne lui permettent pas de rester assis pendant "plus de six heures" et cet état de santé s'est dégradé en raison de "l'angoisse" liée à l'audience.

Sa garde à vue, en avril, avait pourtant duré de "9 heures à 17 heures", a fait observer l'une des avocates de la partie civile, Carine Durrieu-Diebolt, qui a soutenu la demande de renvoi, mais dans un délai "bref"

"Il semble important qu’il soit présent à l’audience et entendu. Il nous fait état d’un grand stress. Il y a également un stress et une inquiétude pour les parties civiles et elles, elles sont présentes aujourd’hui."

Carine Durrieu-Diebolt, avocate de la partie civile

devant le tribunal

C'est à l'issue de cette garde à vue que Gérard Depardieu s'était vu remettre une convocation devant le tribunal "pour des agressions sexuelles susceptibles d'avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film Les Volets verts" de Jean Becker, avait indiqué le parquet. 

"Oui, Monsieur Depardieu sera entendu !"

Le procureur a, lui aussi, souscrit à la demande de renvoi et estimé qu'il était dans "l'intérêt de tous, des parties civiles et du ministère public" que Gérard Depardieu "puisse s'expliquer et répondre" aux questions. "Oui, Monsieur Depardieu sera entendu et il sera relaxé !", a répliqué l'avocat du comédien, Jérémie Assous. A défaut de plaider le renvoi, le pénaliste s'est lancé dans une démonstration pour dénoncer un "véritable scandale" dans cette enquête "qui a duré deux mois". Sourd aux admonestations du président, l'avocat a déploré que "18 témoins" à "décharge" aient été "écartés" pendant l'enquête et ironisé sur la "pseudo-agression" et le "traumatisme relatif" des plaignantes.

"Il est temps que la presse sache qu’il y a de très grands éléments et des témoins capitaux qui sont à décharge. Je veillerai à ce que les droits de Gérard Depardieu soient respectés."

Jérémie Assous, avocat de Gérard Depardieu

devant le tribunal

 

Après la décision de renvoi, Amélie a confié dans une courte déclaration à la presse qu'elle "ne s'attendait pas à cette violence". La plaignante espère néanmoins la présence de l'acteur lors du prochain rendez-vous fixé en mars : "Il faut qu'il ait le courage d'être là, qu'il dise enfin la vérité." Claude Vincent, avocate de Sarah, a également estimé que sa cliente avait fait l'objet d'une "violence supplémentaire" lors de cette première audience. "C'est compliqué à subir, a-t-elle ajouté. J'ai peur que cela ne fasse que commencer."

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