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Cannes 2019 : "Roubaix, une lumière" d'Arnaud Desplechin, beau polar nocturne réaliste

Régulièrement à Cannes depuis son premier film, "La Sentinelle" (1992), Arnaud Desplechin ("Les Fantômes d’Ismaël", "Esther Khan", "Un conte de Noël") était en compétition mercredi 22 mai avec "Roubaix, une lumière".

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Roschdy Zem et Antoine Reinartz dans Roubaix, une lumière d'Arnaud Despléchin. (Copyright Shanna Besson / Le Pacte)

Arnaud Desplechin filme sa ville natale dans Roubaix, une lumière, en lice pour la Palme d’or. Il adapte un fait divers : l’assassinat d’une vieille dame par deux jeunes femmes, voisines de la victime. L’enquête, confiée à Roschdy Zem assisté d’Antoine Reinartz, se focalise sur Léa Seydoux et Sara Forestier dans une ville naufragée.

Polar détourné

C’est la nuit de Noël à Roubaix. Solitaire, le commissaire Daoud (Roschdy Zem) et Louis (Antoine Reinartz), son assistant fraîchement nommé, sont appelés sur un incendie. Le sinistre s’avère d’origine volontaire et un cadavre porte des marques de strangulation. L’enquête s’oriente vers plusieurs suspects, alors que d’autres affaires sollicitent Daoud : une fugueuse récidiviste ou un arnaqueur à l’assurance. L’incendie se révèle être le camouflage d’un meurtre. Deux jeunes voisines de la victime s’avèrent les principales suspectes qu’il faut faire avouer.

Le film de genre est de plus en plus détourné pour aborder des sujets de société, de civilisation ou de politique. Si la tendance n’est pas nouvelle, elle se vérifie à Cannes cette année avec The Dead Don’t Die, film de zombies qui dénonce la surconsommation, ou Le Lac aux oies sauvages, polar sur la société chinoise. Pour la première fois, Arnaud Despléchin s’attaque au cinéma de genre, en mettant en scène une enquête policière. Il en fait le prétexte d’un film d’ambiance qui stigmatise une ville malade de sa décadence économique.

Fiction documentaire

Jadis capitale du textile, Roubaix connaît un taux de chômage de 45%. Information précisée en introduction, le film ne revient jamais dessus. Mais elle transparaît dans les personnages, leur accoutrement, leur désœuvrement, l’alcoolisme, les intérieurs vieillots, la morosité de la ville souvent filmée la nuit.

Les actrices françaises Sara Forestier et Léa Seydoux dans Roubaix, une lumière d'Arnaud Despléchin. (Shanna Besson / Wild Bunch Distribution)

Le réalisme de la mise en scène évoque un documentaire de Raymond Depardon transposé en fiction. Ainsi les interrogatoires à répétition et le traitement en parallèles de plusieurs enquêtes rappellent Urgences ou Délits flagrants du documentariste. Le jeu hyperréaliste de Léa Seydoux et de Sara Forestier, en paumées alcoolisées, abonde également dans ce sens.

De cette noirceur ambiante émerge le commissaire Daoud, auquel Roschdy Zem apporte une humeur constante, attentive, protectrice, empathique envers ses suspects ou solliciteurs. Une figure humaine qui les tire toujours vers le haut, vers la lumière, grâce à lui, encore persistante à Roubaix.

La fiche

Genre : Policier / Drame
Réalisateur : Arnaud Despleschin
Acteurs : Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz, 

Pays : France
Durée : 1h59
Sortie : 21 août 2019
Distributeur : Le Pacte
Synopsis
 : À Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, enquête sur le meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques et amantes…

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