Cannes 2022 : Tom Cruise débarque sur la Croisette avec "Top Gun : Maverick", présenté hors compétition
Ce mercredi, le Festival de Cannes fait le grand écart en accueillant la star hollywoodienne Tom Cruise, à l'affiche hors compétition pour le très attendu "Top Gun : Maverick", mais aussi le dissident russe Kirill Serebrennikov pour "La Femme de Tchaïkovski", pour une première journée de compétition placée sous le signe de l'alliance du glamour et du politique.
Deux univers, deux ambiances pour un même tapis rouge : le Festival de Cannes accueille mercredi la star hollywoodienne Tom Cruise et le dissident russe Kirill Serebrennikov, pour une première journée de compétition associant politique et glamour.
L'arrivée sur le tapis cannois promet d'être spectaculaire : la Patrouille de France, que Tom Cruise a rencontrée mardi, survolera la montée des marches. "Il a inspiré une génération de pilotes", a tweeté la patrouille acrobatique officielle de l'Armée de l'air française, qui a posé avec la star hollywoodienne.
Il a inspiré une génération de pilotes. La @PAFofficial a rencontré Tom Cruise à la veille de la première mondiale de #TopGunMaverick à Cannes @TopGunMovie @Paramountfr ©️ Serge Arnal / Paramount. pic.twitter.com/EI8nt5am2O
— Patrouille de France (@PAFofficiel) May 18, 2022
"Top Gun : Maverick", le blockbuster très attendu présenté hors compétition
Qui peut défier avec autant d'audace et de régularité James Bond et les franchises de super-héros au box-office ? Tom Cruise, 59 ans, le visage de Mission impossible et autres blockbusters, comme Top Gun : Maverick parachuté mercredi 18 mai au Festival de Cannes. "Tom Cruise est l'un des acteurs dans l'histoire du cinéma qui dans ses choix, dans ses projets, dans son travail a le plus grand taux de réussite", salue Thierry Frémaux, délégué général du Festival, qui se transforme le temps d'une journée en tour de contrôle pour recevoir hors compétition Top Gun : Maverick (suite du premier volet de 1986) et sa méga-star.
En 40 ans de carrière, l'acteur-producteur n'a jamais endossé de cape de super-héros, mais est pourtant sommé de se muer en sauveur du cinéma alors que les salles tardent à retrouver leur niveau de remplissage d'avant la crise sanitaire mondiale. "Quand il s'engage dans un projet, c'est un beau résultat, un beau film, et c'est aussi cet artiste-là que nous accueillons, pas seulement le blockbuster Top Gun dont nous espérons qu'il fera revenir les spectateurs dans les salles de cinéma", développe ainsi Thierry Frémaux.
La star américaine plaît aussi au président du jury du Festival, Vincent Lindon, acteur français pourtant réputé pour une filmographie qui rime avec engagement social. "J'adore Tom Cruise depuis toujours. C'est l'acteur qui court le mieux au cinéma, toujours bien droit dans sa ligne !", a-t-il déclaré récemment dans le Journal du Dimanche.
De fait, Tom Cruise court toujours. Au figuré et au sens propre, puisqu'on le voit dans le nouveau Top Gun en course-test d'effort dans une des premières scènes, ce qui lui permet d'afficher un physique toujours soigneusement entretenu. Les retrouvailles avec Val Kilmer, malade sur pellicule et dans la vie, font peine à voir pour ce dernier, tant Tom Cruise affiche une santé éclatante. C'est avec le premier chapitre Top Gun que le comédien qui venait tout juste de percer avec Risky Business (1983) est devenu une super-star dans la tenue de pilote d'avion de chasse de Maverick, surnom du personnage. Un sobriquet qui veut dire "franc-tireur", ce que l'acteur a essayé d'être en s'échappant du circuit commercial pour des incursions dans le cinéma d'auteur.
Un parcours éclectique et brillant, un temps terni par son militantisme pro-scientologie
Né un 4 juillet d'Oliver Stone (1989) se lit ainsi comme un anti-Top Gun, avec un héros, vétéran du Vietnam, cloué sur une chaise roulante, en pleine descente aux enfers. Un bel effort pour casser son image et tenter - en vain - de décrocher un Oscar pour une performance comme les USA aiment tant. "Il veut être le meilleur (...) il est issu de la classe ouvrière, il y a chez lui une fêlure perceptible, il vient d'un foyer divisé, il était dyslexique", avait décrypté dans le journal Le Monde Olivier Stone.
Tom Cruise s'est même offert des parenthèses chez des réalisateurs cérébraux, Stanley Kubrick (Eyes wide shut, avec sa femme de l'époque Nicole Kidman) et Paul Thomas Anderson (Magnolia). Mais les années 1990 voient aussi Tom Cruise rebasculer de façon décisive dans le cinéma d'action grand public en tant qu'acteur et producteur avec Mission impossible. Avec un premier chapitre (le 7 et le 8 sont en vue) réalisé au passage par Brian De Palma, encore un grand cinéaste pour cet acteur déjà passé devant la caméra de Francis Ford Coppola (Outsiders pour un petit rôle au début de sa carrière) et qui jouera plus tard pour Steven Spielberg (La guerre des mondes). Tom Cruise tient la vedette dans Mission impossible depuis presque 30 ans (1996), une longévité exceptionnelle qu'aucun acteur incarnant James Bond n'a connue.
L'homme au sourire impeccable a bien rebondi alors que son militantisme pro-scientologie a brouillé et terni son image, particulièrement au milieu des années 2000. Il est redevenu un des symboles de la puissance d'Hollywood. "C'est quelqu'un qui se dévoue au cinéma, insiste Thierry Frémaux. Pour voir Tom Cruise, il faut voir un long-métrage de cinéma dans une salle de cinéma."
Cannes envoie un message fort au régime russe
Pour la première fois, le cinéaste Kirill Serebrennikov, 52 ans, enfant terrible du cinéma russe, connu pour ses créations audacieuses et son soutien aux personnes LGBT+, va fouler le tapis rouge et ouvrir la compétition avec La femme de Tchaïkovski.
En présentant ce film au premier jour de la compétition, après une intervention à distance, mardi soir lors de la cérémonie d'ouverture, du président ukrainien Zelensky, le festival entend envoyer un signal fort contre le régime russe. À cela s'ajoute la programmation de plusieurs films ukrainiens ou évoquant le sort du pays, dont Marioupol 2 du Lituanien Mantas Kvedaravicius, tué début avril en Ukraine.
Le rendez-vous mondial du cinéma refuse d'accueillir "des représentants officiels russes, des instances gouvernementales ou des journalistes représentant la ligne officielle" russe, mais s'est toujours dit prêt à accueillir les voix dissidentes, à commencer par Kirill Serebrennikov. C'est la deuxième année de suite que le réalisateur de Leto brigue une Palme d'or. Assigné à résidence à Moscou, il avait présenté à distance, en 2021, son long-métrage La fièvre de Petrov. Ses acteurs avaient arboré des badges à ses initiales. Dans le palais des festivals, le fauteuil frappé de son nom était resté vide, comme en 2018 lors de la présentation de Leto.
Aujourd'hui installé à Berlin, il expliquait fin avril à l'AFP avoir quitté Moscou "pour une question de conscience", même s'il refuse le terme de dissident. En lice pour la Palme d'or, son film revient sur le bref et désastreux mariage du compositeur de génie Piotr Ilitch Tchaïkovski, qui était homosexuel.
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