Festival de Cannes 2024 : la réalisatrice britannique Andrea Arnold, Carrosse d'or pour l’ensemble de sa carrière à la Quinzaine des cinéastes

Mondialement reconnue pour ses films réalistes à dimension sociale, la réalisatrice Andrea Arnold recevra un Carrosse d'or à la Quinzaine des cinéastes et présentera son nouveau film "Bird" en compétition officielle.
Article rédigé par Marianne Leroux
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 8min
La réalisatrice britannique Andrea Arnold pose lors d'un photocall pour le film "Cow" lors de la 74e édition du Festival de Cannes, le 9 juillet 2021. (VALERY HACHE / AFP)

Habituée du Festival de Cannes depuis une vingtaine d'années, la cinéaste britannique Andrea Arnold est pour le moins très attendue pour cette 77e édition. La carrière de la scénariste et réalisatrice sera récompensée par le Carrosse d'or, prestigieux trophée décerné par la Société des réalisateurs de films (SRF), lors de la cérémonie d'ouverture de la Quinzaine des cinéastes, mercredi 15 mai. Ce prix récompense les réalisateurs "pour les qualités novatrices de leurs films, pour leur audace et leur intransigeance dans la mise en scène et la production".

Mais ce n'est pas tout. Elle présentera son nouveau film Bird en compétition officielle le vendredi 17 mai. La cinéaste de 63 ans n'a jamais décroché le prix suprême, malgré trois Prix du jury. Une Palme d'or pour la réalisatrice cette année ? Réponse le 25 mai prochain.

Ses débuts : des courts-métrages réalistes

Après une carrière de présentatrice à la télévision, Andrea Arnold préfère travailler derrière les caméras. Elle commence alors sa nouvelle vie en tant que réalisatrice. D'abord adepte des courts-métrages, la scénariste se fait connaître avec son premier film Milk à la Semaine de la critique au Festival de Cannes en 1998. Il raconte l'histoire d'une femme traumatisée par la naissance de son enfant mort-né.

Trois ans plus tard, en 2001, Andrea Arnold revient sur la Croisette pour présenter son deuxième court-métrage, Dog, une nouvelle fois lors de la même sélection. C'est en 2005 qu'elle se fait réellement connaître du grand public en remportant l'Oscar du meilleur court-métrage en prises de vues réelles avec son film Wasp.

Ce troisième court-métrage, tourné dans sa ville natale, Dartford, aborde la maternité, avec beaucoup de sensibilité et de transparence. Il met en scène une jeune maman célibataire, Zoë, qui ne s'en sort pas avec ses enfants. Inspiré largement de sa propre vie – Andrea Arnold étant mère célibataire de quatre enfants – ce film confirme l'attrait de la réalisatrice pour ces thèmes maternels et le réalisme des images.

Trois Prix du jury

En 2006, c'est enfin la consécration à Cannes pour la cinéaste. Elle remporte le Prix du jury pour son premier long-métrage Red Road. Puis, elle est de nouveau récompensée par ce même prix, en 2009, avec Fish Tank. En 2012, Andrea Arnold passe de l'autre côté en devenant membre du jury de la compétition officielle, sous la présidence de Nanni Moretti. En 2016, elle revient en force sur la Croisette pour présenter son film American Honey, avec l'acteur Shia LaBeouf, qui remportera encore le Prix du jury. Un troisième pour la réalisatrice britannique.

Dans ce long-métrage poétique, Andrea Arnold brosse le portrait d'une certaine jeunesse américaine à travers le road trip d'adolescents qui ont une grande soif d'indépendance. À bord d'un van, ils sillonnent un pays très inégal, en vendant des magazines. Ce film suit surtout l'histoire de Star (Sasha Lane), une adolescente désorientée entre un père pédophile incestueux et une mère droguée. Elle rencontre alors un garçon, Jake, qui lui propose de rejoindre sa bande de jeunes marginaux. Un moyen pour la jeune fille de s'éloigner de son enfer familial. La scénariste, dans cette mise en scène, ne prévoit pas une promesse de rédemption. C'est donc un road-movie, sans réel espoir pour les "millenials", qui a plu au jury cannois.

En 2019, elle s'essaye à la série. Elle deviendra la réalisatrice notamment de la saison 2 de la série Big Little Lies. "Il y a une liberté à filmer un scénario qui n'est pas de soi. À s'éloigner de ses failles personnelles. Donc à s'emparer d'un scénario tout fait, avec ces acteurs géniaux…", racontait Andrea Arnold dans Télérama en novembre 2022.

"Même si ça m'a presque tuée de faire la saison 2 de Big Little Lies, en fait, c'est comme enchaîner trois longs-métrages d'affilée, travailler soixante-dix à quatre-vingts heures par semaine, prendre des millions de décisions par jour ! C'est énorme, j'ai énormément appris."

Son retour à Cannes

La carrière de la scénariste prend un véritable tournant en 2021 lorsqu'elle réalise son premier documentaire, Cow, présenté à Cannes Première. Un genre qui lui va à merveille, tant elle a habitué son public à poser un regard très réaliste sur le monde et sur les êtres, dans ses fictions.
Dans ce film, on plonge intimement dans la vie quotidienne d'une vache laitière, nommée Luma. Andrea Arnold a passé quatre ans à filmer l'animal. Son objectif était de s'approcher au plus près de sa conscience. Le documentaire commence notamment par l'accouchement de la vache dans une étable.

La réalisatrice renoue alors avec un de ses thèmes de prédilection : la maternité. "J'ai toujours filmé le réel, y compris dans mes fictions. Quand je commence à préparer mes films, à recruter mes acteurs, à chercher les décors, je m'adapte aux rencontres, aux lieux… J'adore que la réalité bouscule mon travail. Que la météo soit imprévisible, par exemple. Je veux inclure le monde dans mes images (...)", confie-t-elle à Télérama en 2022. "Je me demande même si je ne devrais pas faire davantage de documentaires, pour filmer ce qui arrive, sans contrôle."


Le retour de la cinéaste sur les marches du Festival de Cannes, après trois ans, ne passera pas inaperçu. Elle sera, d'abord, récompensée par un Carrosse d'or, mercredi 15 mai. "De Milk à Red Road, des Hauts de Hurlevent à American Honey, vous scrutez la société sous tous ses angles, traversant les époques et les milieux, et nous embarquez avec des personnages féminins puissants", a salué la Société des réalisatrices et réalisateurs de films (SRF), dans un communiqué de presse. "Face à leurs désirs malmenés et leurs ambitions déchues, vos héroïnes se battent, mûrissent, souvent dans la violence, et se révèlent à elles-mêmes."

Puis vendredi 17 mai, elle présentera son nouveau film Bird, nommé en sélection officielle face à Megalopolis de Francis Ford Coppola, Emilia Perez de Jacques Audiard ou encore L'Amour ouf de Gilles Lellouche. Le dernier film d'Andrea Arnold raconte l'histoire de Bailey, une pré-adolescente de 12 ans qui habite dans un squat avec son frère et son père célibataire. Elle traverse sa puberté entre son besoin d'attention et sa soif d'aventures.

Ce film est l'occasion de placer à nouveau sous les projecteurs la cinéaste, reconnue pour son talent dans le cinéma social britannique. Mais elle n'a pas fini de nous surprendre. En 2025, un nouveau film, Featherwood, sortira sur grands écrans. Il mettra en scène l'actrice Scarlett Johansson qui jouera une informatrice du FBI, infiltrée dans un gang néo-nazi.

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