Festival de Cannes : Justine Triet s'explique sur son discours contre la politique du gouvernement français sur la culture et les retraites
"Je suis dans une situation plus privilégiée, mais je ne peux pas arriver ici en faisant abstraction du monde. Cannes a toujours été le reflet de ça, c'est un endroit où les gens se sont exprimés politiquement. Pour moi, c'était une évidence", a expliqué dimanche 28 mai sur franceinfo Justine Triet, récompensée samedi de la Palme d'or pour son film Anatomie d'une chute.
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Lors de la remise de son prix samedi sur la scène du Palais des festivals, la réalisatrice a profité de la tribune pour lancer une attaque contre la politique du gouvernement français sur la culture et les retraites : "Cette année, le pays a été traversé par une contestation historique, unanime, contre la réforme des retraites", contestation qui "été niée par le pouvoir de manière choquante", a dénoncé Justine Triet. Acclamée par la salle, elle a également critiqué l'approche "néolibérale du gouvernement", "qui est en train de casser l'exception culturelle française".
Un discours "un peu provocateur"
Sur franceinfo, elle reconnaît que son discours "était un peu provocateur" et précise qu'elle parlait en son nom. Elle estime que les actions du gouvernement en matière d'aides publiques au cinéma sont faites dans un "esprit de rentabilité". Elle pointe le danger que ces aides aillent aux "plus gros films" au détriment du cinéma de création indépendant.
"J'ai une place dans ce système et je ne peux pas arriver ici, en ayant la parole, sans penser aussi pour d'autres, ceux qui arrivent derrière."
Justine Trietà franceinfo
La réalisatrice revendique "cette exception culturelle française qu'on doit absolument préserver et chérir. Tous les gens du monde entier nous envient cette non-rentabilité des films. C'est quelque chose de très précieux", a-t-elle insisté. "Attention, par moment on est dans des choses qui sont un peu dangereuses par rapport à ça. Je ne pense pas qu'à moi, je pense à d'autres."
Les futurs cinéastes n'auront pas forcément les mêmes possibilités que Justine Triet. "Moi, j'arrive à monter mes films. Je pense à cette génération qui arrive. C'est très délicat, il y a une gêne, par rapport à une situation explosive à toutes les strates de la société. C'est dans ce genre de moment, où on est content pour les siens et pour nous, où il est compliqué de ne pas se sentir solidaire."
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