Festival de Cannes : "Showing Up" de Kelly Reichardt explore le quotidien ennuyeux d’une artiste en quête de sens
Egérie du cinéma indépendant américain, Kelly Reichardt est pour la première fois en compétition avec un film en deçà des espérances.
Réalisatrice du récent et très réussi First Cow, Kelly Reichardt, pilier fondateur du cinéma indépendant américain, participe pour la première fois à la compétition cannoise. Récompensée du Carrosse d’or pour l’ensemble de son œuvre à l’ouverture de la Quinzaine des réalisateur, la cinéaste présente Showing Up qui pourtant ne brille pas au sommet de sa filmographie novatrice.
Non-événements
Sculptrice, Lizzie prépare sa prochaine exposition décisive. Quand elle n’y travaille pas, elle est tracassée par des aléas du quotidien où elle se débat avec sa propriétaire pour avoir de l’eau chaude, s’occupe d’un pigeon blessé et s’inquiète avec sa mère de son frère un peu déboussolé. Jusqu’au jour où arrive le vernissage libérateur.
Cette reconnaissance tardive de Kelly Reichardt à Cannes, qui pourtant fait la part belle aux films d’auteur, n’arrive pas vraiment au bon moment. Showing Up s’avère en effet une œuvre mineure dans la filmographie de la réalisatrice antisystème. Mineur se confond ici avec minimalisme, tant le récit se réduit à la peinture d’un quotidien un rien chaotique, mais pas trop, parsemé de non-événements qui peuvent laisser sur le bord de la route le spectateur sur les près de deux heures du métrage.
Sphères triviales
Et que je te prépare le café, et que je vais faire les courses, et que je sors les poubelles, ah, un pigeon est blessé par mon chien, tout une aventure qui sera le fil rouge du film. Entre-temps, Lizzie sculpte la glaise de ses poupées et s’inquiète de leur cuisson par un prestataire pas toujours à la hauteur. La vie de Lizzie est trépidante. Kelly Reichardt semble ramener dans les sphères les plus triviales la vie présumée stratosphérique des artistes, ce qui n’est pas dénué d’humour. Si la dramaturgie est mise à rude épreuve, le concept n’est pas condamnable en soi, et donne peut-être son sens au film.
On aurait toutefois préféré voir une œuvre plus pimentée dans une compétition où beaucoup d’autres relèvent du même acabit. First Cow, sur l’arrivée de la première vache en Oregon au XIXe siècle, sorti en octobre 2021, aurait mieux fait l’affaire. Mais déjà sorti, il ne pouvait être à Cannes. Showing Up reste un peu complaisant dans sa radicalité, alors que l’on pouvait attendre mieux de la réalisatrice qui demeure une des plus inventives de sa génération.
La fiche
Genre : Comédie dramatique
Réalisatrice : Kelly Reichardt
Acteurs : Michelle Williams, Hong Chau, Maryann Plunkett, John Magaro
Pays : Etats-Unis
Durée : 1h48
Sortie : Prochainement
Distributeur : Diaphana Distribution
Synopsis : Avant le vernissage de son exposition, le quotidien d'une artiste et son rapport aux autres. Le chaos de sa vie va devenir sa source d'inspiration...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.