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Sous les projecteurs. "Les jeunes sont confrontés à un monde beaucoup plus violent que celui qu'on a connu" estime Laurent Cantet

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Article rédigé par Yann Bertrand, franceinfo - Édité par Maxime Bacquié
Radio France

Il a reçu la Palme d'Or en 2008 pour son film "Entre les Murs", le réalisateur Laurent Cantet revient cette année sur la Croisette pour présenter L'Atelier, un film noir avec Marina Foïs.

Il fait partie depuis presque dix ans de la grande histoire du festival de Cannes. Avec Entre les Murs en 2008, il avait conquis le jury présidé alors par Sean Penn, et remporté une Palme d'Or retentissante. Il est de retour lundi 22 mai sur la Croisette pour présenter son nouveau film, L'Atelier, dans la sélection Un Certain Regard.

Marina Foïs en écrivaine impliquée auprès d'une jeunesse désœuvrée

Quand il tourne, Laurent Cantet ne fait pas que poser sa caméra. Il s’implique, il suscite, il tente de comprendre son sujet de toutes ses forces, apprenant beaucoup de ses acteurs. Dans L’Atelier, il y a une écrivaine médiatisée, Olivia, jouée par Marina Foïs, envoyée auprès de jeunes en insertion à La Ciotat, près de Marseille. Chaque jour, elle anime des sessions d’écriture qui doivent déboucher sur un roman. 

J’ai commencé à écrire ce film il y a 17 ans

Laurent Cantet

à franceinfo

"J’ai vécu quelques années à Marseille," rembobine Laurent Cante. "À ce moment-là, La Ciotat était encore un chantier naval actif et puis d’un seul coup on a annoncé que les chantiers devaient fermer. Aujourd’hui, il est très clair que cette histoire du chantier est devenue de la préhistoire pour ces jeunes gens. La culture ouvrière s’est effacée dans la ville. Il m’a semblé que c’était intéressant de réactualisé le projet en essayant de tracer le portrait de cette génération qui a aujourd’hui une vingtaine d’années en essayant de comprendre quelles sont leurs préoccupations du moment."

L'exemple d'Antoine, révolté et séduit par un prédicateur d'extrême droite

Au milieu de la bande, Antoine, interprété par Matthieu Lucci. Blasé, perdu, révolté, regardant les discours d’un prédicateur d’extrême-droite sur Internet, plus par ennui que par conviction. Il ne comprend pas pourquoi on lui impose un sujet d’écriture, pourquoi faudrait-il que l’action se passe dans sa ville au riche passé industriel symbolisé par les chantiers navals aujourd’hui en déshérence.

La confrontation apparaît inévitable, et c’est bien ce schéma qu’a voulu raconter Laurent Cantet. "J’ai le sentiment que les jeunes sont confrontés aujourd'hui à un monde qui est beaucoup plus violent que celui qu’on a pu connaitre," confie le réalisateur.

Les jeunes sont confrontés à des extrémistes de tous bords qui leur proposent des solutions magiques à leurs problèmes mais aussi un peu de piment dans leur vie et j’avais envie de regarder ces mécanismes de séduction qui peuvent s’opérer.

Laurent Cantet

à franceinfo

En creux, on devine que ces deux mondes, Paris, les prétendus bobos, les déconnectés de la réalité, n’ont plus rien en commun. Dans son cinéma, Laurent Cantet interroge beaucoup notre perception de l’autre. Déjà, avec Entre les Murs en 2008, sa caméra posée dans une classe avait su capter la confrontation, l’incompréhension parfois, entre les générations.

La Palme d’Or avait bien sûr récompensé cet essai naturaliste qui interrogeait une réalité par de la fiction. Dans L’Atelier, c’est la supposée élite qui est mise en face de la réalité par Laurent Cantet. Et avec ce film, encore une fois, le fils d’instituteurs montre que la fiction peut aussi parfaitement rendre compte avec fidélité des interrogations d’une jeunesse et d’une époque.

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