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Pas de selfies, pas de Netflix, pas de séries : le Festival de Cannes assume ses contre-pieds à la modernité

Le président du festival, Pierre Lescure, et son délégué général, Thierry Frémaux, sont montés au créneau pour interdire certaines pratiques, notamment liées aux nouvelles technologies, lors de cette 71e édition. Quitte à paraître passéistes.

Article rédigé par franceinfo
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L'acteur américain Will Smith prend un selfie lors du Festival de Cannes, le 23 mai 2017. (LAURENT EMMANUEL / AFP)

Vous avez dit vieux jeu ? Ou simplement respectueux du 7e art ? Pour sa 71e édition, le Festival de Cannes a rappelé qu'il était un festival de cinéma et uniquement de cinéma, et qu'il n'était pas question de céder à l'ère du temps. Le président du festival, Pierre Lescure, et son délégué général, Thierry Frémaux, l'ont ainsi montré à quatre reprises, en assumant à chaque fois leurs positions :

Les invités priés de ne pas faire de selfies

Férus d'autoportraits, passez votre chemin. Les invités du festival (hors acteurs et réalisateurs) qui auront l'honneur de fouler le tapis rouge devront se plier à cette règle : interdiction de faire des selfies. "A Cannes, on vient pour voir et pas pour se voir", a prévenu Thierry Frémaux le 12 mars, jour de l'annonce de la sélection officielle de l'édition 2018. "On avait annoncé ça il y a quatre ans, on avait été couverts de ridicule et pas du tout suivis, se remémore Thierry Frémaux. "Donc on a décidé de faire un acte d’autorité beaucoup plus fort."

Interrogé par Le Figaro sur son pire souvenir à Cannes, il dit sans hésiter : "Les selfies. Ces gens qui ne viennent pas pour voir mais pour se voir eux-mêmes". Le dirigeant du festival précise que cette interdiction est liée aux problèmes d'organisation et aux retards que génèrent ces autoportraits photographiques (la personne qui se prend en photo sur les marches, par exemple, bloque celles qui la suivent). Et cette décision est soutenue par Pierre Lescure, qui juge ces selfies "irrespectueux". Seuls les artistes auront l'autorisation d'en faire.

Les journalistes priés de tweeter plus tard

Les accros aux smartphones et aux réseaux sociaux sont une fois de plus concernés : la direction du festival vise en effet les tweets, et notamment ceux des 4 500 journalistes accrédités. Ces derniers découvraient auparavant le film avant la projection officielle (parfois vingt-quatre heures à l'avance) lors de projection presse, et twittaient alors leurs critiques et leurs impressions parfois lapidaires. Ce qui n'a pas plu au festival. Les journalistes découvriront donc désormais les films lors de la projection officielle.

"Je préfère 10 lignes, 10 000 lignes dans Le Monde plutôt qu'un tweet à la sortie de salle", a lancé Thierry Frémaux. Grâce à cette nouvelle mesure, il souhaite "redonner toute leur attractivité et tout leur éclat aux soirées de gala""À 19 heures, la presse verra le film en même temps dans l'auditorium Debussy, le suspense sera total !"

Netflix prié de sortir ses films en salles

Présent l'an passé, Netflix ne sera pas sur la croisette. Le patron des contenus du géant américain de la VOD, Tedd Sarandos, l'a annoncé dans un entretien à Variety (article en anglais). Après la polémique de la précédente édition sur la présence de films produits et diffusés sur Netflix, le festival a décidé de changer son règlement.

A présent, tout film en compétition doit sortir en salles. La direction a bien proposé au géant de la VOD de présenter ses films hors compétition, mais pour Netflix, qui compte 125 millions d'abonnés dans le monde, il n'est pas question de diffuser l'une de ses productions en salles, pas plus que de projeter des films hors compétition. "Nous voulons que nos films soient traités comme ceux de n'importe quel autre cinéaste", a expliqué Tedd Sarandos.

Les séries priées de rester à leur place

Après ses propos sur Netflix, Thierry Frémaux s'était attiré les foudres des téléspectateurs. Dans un entretien accordé au Figaro, le délégué général explique d'abord qu'il n'est "pas spécialiste" des séries et qu'il en "regarde très peu". Puis il se lance dans une critique qui n'a pas échappé aux sériephiles. "Il faut dix-huit heures pour raconter une histoire qui tiendrait parfois en deux !" affirme-t-il.

"Game of Thrones, tout le monde en parle mais personne n’est capable de citer le moindre réalisateur", ajoute Thierry Frémaux. Puis en conférence de presse, il enfonce le clou : "Les séries, c’est industriel. Les films, c’est de la poésie", assure-t-il, déclenchant une nuée de critiques sur... les réseaux sociaux.

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