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"Roubaix, une lumière" : Arnaud Desplechin signe un beau polar nocturne

En compétition au Festival de Cannes, le premier polar réalisé par Arnaud Desplechin sort dans les salles.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Roschdy Zem et Antoine Reinartz dans Roubaix, une lumière d'Arnaud Despléchin. (Copyright Shanna Besson / Le Pacte)

Arnaud Desplechin s’offre un casting quatre étoiles dans Roubaix, une lumière, un polar nocturne et réaliste tourné dans sa ville natale des Hauts-de-France : Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier et Antoine Reinartz. Rare grande sortie française de l’été, le film arrive dans les salles mercredi 21 août. 

Polar détourné

C’est la nuit de Noël à Roubaix. Solitaire, le commissaire Daoud (Roschdy Zem) et Louis (Antoine Reinartz), son assistant fraîchement nommé, sont appelés sur un incendie. Le sinistre s'avère d’origine volontaire et un cadavre porte des marques de strangulation. L’enquête s’oriente vers plusieurs suspects, alors que d’autres affaires sollicitent Daoud : une fugueuse récidiviste ou un arnaqueur à l’assurance. L’incendie se révèle être le camouflage d’un meurtre. Deux jeunes voisines de la victime s’avèrent les principales suspectes qu’il faut faire avouer.

Le film de genre est de plus en plus détourné pour aborder des sujets de société, de civilisation ou politiques. Si la tendance n’est pas nouvelle, elle se vérifiait au dernier Festival de Cannes avec The Dead Don’t Die, film de zombies qui dénonce la surconsommation, ou Le Lac aux oies sauvages, polar sur la société chinoise. Pour la première fois, Arnaud Desplechin (voir son interview dans Soir 3) s’attaque au cinéma de genre, en mettant en scène une enquête policière. Il en fait le prétexte d’un film d’ambiance qui stigmatise une ville sinistrée, malade de sa décadence économique. 

Fiction documentaire

Jadis capitale du textile, Roubaix connaît aujourd’hui un taux de chômage de 45%. Information précisée en introduction, le film ne revient jamais dessus. Mais elle transparaît dans les personnages, leur accoutrement, leur désœuvrement, l’alcoolisme, les intérieurs vieillots, la morosité de la ville majoritairement filmée la nuit.

Les actrices françaises Sara Forestier et Léa Seydoux dans Roubaix, une lumière d'Arnaud Despléchin. (Shanna Besson / Wild Bunch Distribution)
Le réalisme de la mise en scène évoque un documentaire de Raymond Depardon transposé en fiction. Ainsi les interrogatoires à répétition et le traitement en parallèle de plusieurs enquêtes rappellent Urgences ou Délits flagrants du documentariste. Le jeu hyperréaliste de Léa Seydoux et de Sara Forestier, en paumées alcoolisées, abonde également dans ce sens.

De cette noirceur ambiante émerge le commissaire Daoud, auquel Roschdy Zem apporte une humeur constante, attentive, protectrice, empathique envers ses suspects ou plaignants. Une figure humaine qui les tire toujours vers le haut, vers la lumière, grâce à lui, encore persistante à Roubaix. Estampillé réalisateur de films d’auteur, Arnaud Desplechin réussit son passage au cinéma de genre, tout en lui apportant sa touche unique. Beau film.

Reportage France 2 :

"Roubaix, une lumière", la banalité du crime selon Arnaud Desplechin
"Roubaix, une lumière", la banalité du crime selon Arnaud Desplechin "Roubaix, une lumière", la banalité du crime selon Arnaud Desplechin (FRANCE 2)

La fiche

Genre : Policier / Drame
Réalisateur : Arnaud Despleschin
Acteurs : Roschdy Zem, Léa Seydoux, Sara Forestier, Antoine Reinartz 

Pays : France
Durée : 1h59
Sortie : 21 août 2019
Distributeur : Le Pacte
Synopsis
 : À Roubaix, un soir de Noël, Daoud, le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, enquêtent sur le meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques et amantes…

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