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Footballeur raté, superstar du catch et demi-dieu d'Hollywood : la vie bodybuildée de Dwayne Johnson

L'acteur est à l'affiche de "Baywatch", l'adaptation de la série télé culte "Alerte à Malibu". L'occasion pour franceinfo de vous raconter ses métamorphoses.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Dwayne Johnson, le 9 avril 2017, lors de la première de "The Fate of the Furious" à New York (Etats-Unis). (INB/WENN.COM / SIPA USA)

Plus cool que Bruce Willis, plus musclé qu'Arnold Schwarzenegger, plus tendre que Sylvester Stallone, il a ringardisé les stars vieillissantes de films d'action. En à peine plus d'une décennie, cette montagne de muscles de 1,96 m et 118 kilos, couverte de tatouages tribaux, a conquis Hollywood avec son physique de colosse, son sourire ravageur et son crâne rasé.

En 2014, ses films ont généré 1,3 milliard de dollars de recettes. En 2016, il est devenu l'acteur le mieux payé au monde, avec 64,5 millions de dollars de cachets, selon Forbes*. Et, à 45 ans, il est l'homme le plus sexy de la planète pour People. Mercredi 21 juin, il est à l'affiche d'un nouveau blockbuster : Baywatch, l'adaptation au cinéma de la célèbre série télé des années 1990, Alerte à Malibu. L'occasion pour franceinfo de vous raconter la vie XXL de Dwayne Johnson.

"Dewey", le joueur prometteur

Adolescent, Dwayne ne rêve pas d'être acteur mais footballeur américain. Son physique hors norme fait des merveilles sur le terrain de son lycée en Pennsylvanie. A tel point que l'université de Miami le repère et lui offre une bourse d'études. En 1991, les Hurricanes, l'équipe locale, le recrutent. Le jeune prodige, que ses coéquipiers surnomment "Dewey", devient leur défenseur, chargé de plaquer le quaterback adverse.

"C'était un enfant très convoité par les recruteurs. Nous étions ravis de l'avoir. Il était musclé et extrêmement rapide. C'était un travailleur acharné et un jeune homme humble. Tout le monde l'aimait", se souvient son coach, Ed Orgeron, interrogé par ESPN"C'était un spécimen. (...) Il avait toujours l'air superbe. Il était bronzé et bouclé. Le genre de gars avec qui vous voulez que votre sœur sorte, parce que c'est un gars sympa. Je le lui ai toujours dit", assure son coéquipier Warren Sapp.

La blessure et "les rêves anéantis"

Une blessure met brusquement fin au rêve. "Mon épaule était démise et pendait le long de mon corps", se souvient Dwayne Johnson, qui sombre dans la dépression, comme il le raconte au Hollywood Reporter. Il quitte alors l'université, sans même finir son année, et retourne chez ses parents. Un appel de son coach, furieux, clôt quatre semaines de léthargie. Il retrouve la pelouse, mais les blessures s'enchaînent et son jeu en pâtit. Et quand vient la saison des sélections, il n'est pas retenu. Il est repêché en 1995 par les Stampeders de Calgary, une équipe canadienne. Lui qui pouvait espérer un chèque à six chiffres quatre ans plus tôt signe un contrat pour 35 000 dollars par an. Las, au fil des mois, il est relégué dans l'équipe d'entraînement. Et reçoit 250 dollars par semaine, tout au plus.

Dwayne Johnson est fauché. Il partage un trois-pièces avec trois autres joueurs, dort sur un matelas récupéré à côté d'un motel borgne où les clients paient à l'heure, et mange des nouilles instantanées. Puis tout prend fin : "Tu entends les mots qu'un joueur ne veut jamais entendre : le coach veut te voir. Amène ton carnet de jeu. Il n'y a aucune blessure. C'est juste que ça y est. Tu n'es plus assez bon. Ça donne vraiment à réfléchir." La deuxième dépression est plus dure encore que la première. "Les rêves que j'avais étaient anéantis", confie-t-il, ajoutant : "Ç'a été la pire période de ma vie." "J'ai regardé au fond de ma poche et il y avait sept dollars."

"Rocky Maivia" devient "The Rock"

Au pied du mur, Dwayne Johnson reprend le business familial. Son père, Rocky "The Soul Man" Johnson, était une star du catch dans les années 1970 et 1980. Son grand-père, Peter Maivia, et sa grand-mère, Lia Maivia, comptaient parmi les premiers catcheurs samoans dans les années 1960. A son tour, Dwayne Johnson monte sur le ring. Et, mêlant les noms de scène de ses aïeux, il sera "Rocky Maivia". Son père l'entraîne à contre-cœur, ne voulant pas de cette vie-là pour son fils. Les débuts sont difficiles. Les spectateurs l'accueillent aux cris de "Rocky est nul" et détestent ses airs de gentil garçon. Alors Dwayne Johnson se réinvente et revient en méchant. Dorénavant, il sera "The Rock". "Je n'avais pas d'autre choix", glisse-t-il. 

Les fans raffolent de ses prises spectaculaires, "The People's Elbow" et "The Rock Bottom", et savourent ses attaques verbales, dont son fameux "If you smell what The Rock is cooking" (Traduisez : "Est-ce que vous sentez ce que Le Roc mijote ?"). "J'ai adoré. J'ai aimé cet art de la mise en scène. J'ai aimé la théâtralité", analyse-t-il. "The Rock" devient le plus grand catcheur de l'histoire, selon Bleacher Report, avec 17 titres de champion consécutifs. La superstar du catch engrange des millions et fait la fortune de la WWE, l'entreprise qui organise les matchs. 

"Je ne me sentais plus authentique"

Un physique spectaculaire et une gueule d'ange : il n'en fallait pas plus à Hollywood. Après quelques passages dans son propre rôle de catcheur sur petit écran, Dwayne "The Rock" Johnson fait son apparition sur grand écran dans Le Retour de la Momie en 2001 et Le Roi Scorpion en 2002, puis dans des comédies – policières ou non – Be Cool, Max la Menace, Fée malgré lui, Very Bad Cops ou No Pain No Gain. Il y est tantôt le méchant patibulaire, tantôt le gros bras sympathique. Et il a encore des cheveux.

"On m'a dit que je devais me conformer à un standard d'Hollywood qui m'assurerait plus de travail, de meilleurs rôles. Cela signifiait que je devais arrêter d'aller à la salle de gym, que je ne pouvais pas être aussi grand, que je devais m'éloigner de la lutte. Je devais me déconstruire", résume-t-il. Le moule dans lequel les producteurs tentent de le fondre n'est pas taillé à sa démesure. "J'ai commencé à ne pas me sentir bien. Je ne me sentais plus authentique", explique Dwayne Johnson, qui abandonne son nom de scène "The Rock" et se rase le crâne.

Il a surtout flairé l'air du temps. L'industrie hollywoodienne mise sur les franchises. Et une fois que les studios tiennent leurs poules aux œufs d'or, ils les font pondre jusqu'à l'épuisement. "J'ai senti qu'il y avait des opportunités plus grandes et meilleures", reconnaît-il. "Je pensais aussi qu'il y avait un potentiel de franchise, peut-être même des franchises multiples dans tous les genres, qu'il s'agisse de drame, de comédie ou de comédie d'action."

Demi-dieu d'Hollywood et roi des franchises

Dwayne Johnson a trouvé la recette du succès et l'applique à la lettre. Il a rejoint la famille Fast and Furious sur le cinquième opus en 2011 et, trois volets plus tard, roule toujours avec elle en tête du box-office. Il a tenu la tête d'affiche du film catastrophe San Andreas en 2015 et en prépare l'épisode 2. Et son Voyage au centre de la Terre file vers sa troisième étape, entre deux apparitions dans la saga G.I Joe.

Après avoir été Hercule et le demi-dieu Maui dans le Vaiana de Disney, il aura son rôle de superhéros dans Shazam, où il incarnera le supervilain Black Adam, sorti de l'univers DC Comics. Sans compter le prochain remake de Jumanji et sa série télé pour HBO, Ballers, où il incarne depuis trois saisons un ancien joueur de football américain professionnel reconverti dans le management financier de sportifs. 

Telle une Ariana Grande, la star internationale, consacrée par une étoile sur Hollywood Boulevard, choie ses 89 millions d'abonnés sur Instagram, livrant des photos de coulisses de tournage, de vie de famille et de séances d'entraînement. Le tout avec un second degré assumé, au cinéma comme à la ville, acceptant son statut de roi du mème sur internet.

Sept repas par jour et beaucoup de fonte

Quant à la recette de sa forme herculéenne, le bodybuilder n'en fait pas mystère. Il fait beaucoup, beaucoup, beaucoup de musculation : au minimum une heure de cardio entre 4 et 5 heures du matin, plus de très lourdes haltères soulevées pendant 90 minutes après le petit-déjeuner.

Pour nourrir la bête, il fait sept repas ultra-protéinés par jour (œufs, poulet, poisson, riz, légumes…) dont il partage les menus sur Muscle and Fitness. Le tout saupoudré de compléments alimentaires.

Où s'arrêtera son insatiable appétit ? Peut-être à la Maison Blanche. Dwayne Johnson, candidat à la présidentielle en 2020, après la présidence de Donald Trump ? Certains Américains en rêvent. Le très sérieux Washington Post pense qu'il pourrait l'emporter. L'intéressé invite ses partisans à patienter encore un peu, mais glisse que l'hypothèse est "possible". Il en plaisante même sur le plateau du "Saturday Night Live", imaginant un ticket avec Tom Hanks.

"Ce que je veux ? Je veux le monde", résume-t-il. Il est prêt à se battre pour l'avoir, comme en atteste l'un de ses tatouages : "Le guerrier est sur mon cœur, c'est le sentiment général." Et de conclure, encourageant, à propos d'une de ses nombreuses consécrations publiques : "J'ai commencé avec 7 dollars. Donc si je peux le faire, vous aussi."

* La quasi-totalité des liens de cet article sont en anglais.

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