"L'histoire de Souleymane" : "Cela va permettre de ne plus avoir peur", déclare l'acteur Abou Sangaré après l'obtention de son titre de séjour

"Cela va me permettre de ne plus avoir peur", a déclaré mercredi 8 janvier auprès de "ici Picardie", l'acteur Abou Sangaré, récompensé à Cannes pour son rôle bouleversant dans L'histoire de Souleymane, après l'obtention de son titre de séjour.

L'acteur Abou Sangaré, récompensé du prix d'interprétation masculine au Festival de Cannes, de nationalité guinéenne et arrivé en France à l'âge de 16 ans, était sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Installé à Amiens (Somme), le comédien âgé de 23 ans avait vu trois de ses demandes de régularisation précédentes être refusées, avant de voir sa quatrième acceptée. "Cela va me permettre maintenant de marcher dans la rue sans avoir peur d'être arrêté, sans avoir peur d'un contrôle d'identité, c'est pour ça que je respire mieux", confie-t-il à "ici Picardie".

Ce film "m'a sauvé la vie"

"Aujourd'hui, assis devant vous, j'ai avant tout une réaction de liberté, une réaction de fierté, ajoute-t-il. Je me dis qu'enfin, on a atteint notre but, je suis heureux." Le titre de séjour salarié, valable un an, mentionne notamment une promesse d'embauche comme mécanicien. "Je veux vraiment remercier l'équipe de L'Histoire de Souleymane, qui m'a permis d'obtenir ce titre de séjour, poursuit-il. L'histoire de Souleymane m'a sauvé la vie. Je remercie aussi tous ceux qui m'ont conduit jusqu'à cette décision de la préfecture et suis heureux de commencer mon travail lundi, au garage."

C'est une promesse d'embauche dans un garage poids lourds de Longueau, près d'Amiens, qui a permis l'obtention du titre de séjour d'un an. "Je vais respirer jusqu'à lundi, mais lundi je me présenterai au garage", déclare Abou Sangaré, pour qui devenir acteur "n'est pas un rêve".

"Mon rêve, c'est d'être mécanicien. Je ne ferme pas la porte [à d'autres rôles], mais pour moi, ce n'est pas un objectif."

Abou Sangaré, acteur

à "ici Picardie"

"Pour moi, c'est un peu la fin du travail"

Le jeune homme avait été recruté lors d'un casting à Amiens pour jouer le rôle poignant d'un Guinéen livreur à vélo à Paris, qui prépare son entretien de demande d'asile, dans une situation de grande précarité. En plus du prix d'interprétation, L'Histoire de Souleymane a reçu le prix du jury dans la catégorie Un certain regard au Festival de Cannes en mai. "Ça fait déjà quelques semaines qu'on sait que ses papiers sont en train d'être préparés. On a eu le temps de se réjouir beaucoup mais ça me fait tellement plaisir pour lui, a réagi auprès de "ici Picardie" le réalisateur du film Boris Lojkine. Je l'ai vu tellement malheureux ces derniers mois, alors même qu'on avait fait ce film, que ce film était un succès, et que lui était condamné à rester enfermé chez lui à attendre que quelque chose se passe, que quelque chose tombe du ciel."

"Pour moi, c'est un peu la fin du travail. J'avais dit que tant que Sangaré n'avait pas de papiers, je n'aurais pas terminé mon travail sur le film, a ajouté Boris Lojkine. J'estime que c'était ma responsabilité comme réalisateur qui l'a emmené dans cette galère du cinéma, d'être à ses côtés jusqu'au bout, jusqu'à sa régularisation. Donc mission accomplie pour moi."