"L'Homme au bâton" : l'ultime œuvre cinématographique de Christian Lara est un trépidant pied de nez à "une légende créole"

C'est d'un fait divers, qui a traumatisé son île de la Guadeloupe en 1956, que Christian Lara a tiré son dernier film.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Une scène du film "L'Homme au bâton, une légende créole" de Christian Lara, disparu en 2023. (SKY PROD)

L'Homme au bâton, une légende créole, l'ultime film du pionnier du cinéma antillais Christian Lara, est à voir en salles mercredi 9 octobre. La découverte du corps de deux femmes, tuées à coups de bâton, fait replonger l'île de la Guadeloupe dans un traumatisant fait divers.

Christian Lara, qui s'est éteint il y a un an, signe une enquête policière à la fois minutieuse et ésotérique pour proposer sa version des faits à une affaire criminelle non élucidée datant de 1956. Elle avait donné naissance à un tueur en série baptisé "L'Homme au bâton", un violeur sans visage qui s'introduisait la nuit dans les chambres des femmes selon la rumeur. Était-il un être vivant ou un obscur serviteur du ténébreux "Bawon Samedi", le "maître des morts" ?

Dans son film, l'ancien journaliste a confié l'enquête à un duo formé par son acteur fétiche Luc Saint-Eloy, dans la peau du capitaine Pierre Mombin, et à la comédienne Julienne Traventhal, alias le lieutenant Mélissa Louis-Joseph. Leurs recherches les conduisent à explorer les croyances locales et les confrontent aux traumatismes qui hantent une communauté depuis des décennies.

Pour faire la lumière sur les crimes d'autrefois et ceux d'aujourd'hui, les policiers naviguent entre le réel et le monde occulte dont les médiateurs deviennent des alliés dans leurs investigations. Dans cette île au décor idyllique, baignée dans une somptueuse lumière, Lara sonde les recoins les plus sombres de l'âme humaine, dans une sorte d'état second ou de cauchemar éveillé. Le cinéaste superpose allègrement le passé et le présent, chacun avec un code couleur propre, tout comme les univers qui contribueront à dénouer l'intrigue.

Spiritualité ancestrale

Le propos du cinéaste apparaît très actuel avec la question des féminicides et des violences faites aux femmes. Au cours de l'enquête, le discours se fait aussi politique. Les explications, qui frayent avec l'obscurantisme, suggère alors le cinéaste, sont souvent de la poudre aux yeux des braves gens.

En exploitant, comme toujours, la richesse des récits que recèlent les Antilles et que l'on voit trop peu sur les écrans français, Lara livre une solide proposition. Au suspens inhérent au film policier, il rajoute le mystère lié à la spiritualité ancestrale importée par les descendants des Africains réduits en esclavage dans les Antilles. Jusqu'au bout, Christian Lara aura donné corps à son vœu le plus cher : réunir ses "deux amours", le cinéma et la Guadeloupe. Pour la postérité et avec malice, il a rajouté son grain de sel à une vieille légende qui hante l'imaginaire guadeloupéen.

Affiche de "L'Homme au bâton, une légende créole" de Christian Lara. (NIGHT ED FILMS)

La fiche

Genre : Policier, Drame
Réalisateur : Christian Lara
Distribution : Luc Saint-Eloy, Julienne Traventhal, Gustave Sorgho
Pays : France
Durée : 1h21
Sortie : 9 octobre 2024
Distributeur : Night Ed Films

Synopsis : Deux femmes sont retrouvées un matin en Guadeloupe, battues à mort à coups de bâton.
Cela suffit pour que la rumeur parle du retour de l'"Homme au bâton", personnage énigmatique qui a défrayé l'actualité en 1956 en assassinant, avec le même protocole, plusieurs femmes sans être arrêté.
Le capitaine Pierre Mombin et le lieutenant Mélissa Louis-Joseph, chargés de l'enquête, vont tenter d'élucider les crimes du présent en ré-ouvrant l'enquête des meurtres non élucidés de 1956.

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