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Deux questions brûlantes aux Oscars 2023 : "Everything Everywhere All at Once" peut-il être sacré meilleur film ? Le scandale de la gifle peut-il être oublié ?

Le monde du cinéma retient son souffle à quelques heures de la remise des Oscars, dimanche soir à Los Angeles.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 5min
Les univers parallèles se succèdent dans la comédie loufoque "Everything Everywhere All at Once",  favorite aux Oscars 2023. Même les plus étranges comme une version d'Evelyne aux doigts-saucisses. (ALLYSON RIGGS)

A la veille de la cérémonie des Oscars prévue à Los Angeles dimanche 12 mars, deux questions sont sur toutes les lèvres. D'abord, un film aussi déjanté que Everything Everywhere All At Once, donné comme grand favori, peut-il vraiment remporter la statuette du meilleur film ? Ce n'est pas gagné...

Par ailleurs, la page sera-t-elle tournée après le scandale de l'an passé ? Après le choc provoqué par la gifle inattendue de Will Smith à l'humoriste Chris Rock, l'Académie a créé une "équipe de crise" pour parer à toute éventualité. Cela ne devrait toutefois pas empêcher certains hôtes d'y aller de leur petite blague pour détendre l'atmosphère.

Onze nominations pour "Everything Everywhere All at Once"


Sauf coup de tonnerre, la 95e cérémonie, présentée cette année par l'humoriste Jimmy Kimmel, devrait donc se concentrer sur les films en compétition. Everything Everywhere All at Once, nommé dans 11 catégories. Dans ce film qui mélange notamment science-fiction et comédie, une propriétaire de laverie surmenée se retrouve plongée dans une multitude d'univers parallèles.


Dernier espoir de l'humanité, cette immigrée chinoise incarnée par Michelle Yeoh doit affronter une super-méchante qui menace le "multivers" tout entier, et s'avère être l'exubérant alter ego de sa fille dépressive. L'exploration des différents mondes glisse alors vers un voyage délirant, où certains humains ont des hot-dogs à la place des doigts, les rochers sont doués d'émotions et les sex-toys trouvent des usages insoupçonnés.

Succès en salles mais incompris chez les membres de l'Académie

Ce film indépendant et résolument foldingue a rencontré un franc succès en salles, avec 100 millions de dollars de recettes. Son intrigue, centrée sur une émouvante réflexion sur l'amour familial et portée par un casting brillant majoritairement asiatique, lui a permis de rafler la plupart des prix décernés avant les Oscars.

Le triomphe annoncé pourrait toutefois se heurter au système de vote pour l'Oscar du meilleur film, qui a tendance à pénaliser les œuvres polarisantes, rappelle-t-il. Or, de nombreux membres de l'Académie "ne comprennent tout simplement pas" l'enthousiasme autour de ce film décalé réalisé par un duo de trentenaires.

Cette incompréhension pourrait profiter à l'adaptation allemande du roman pacifiste A l'Ouest, rien de nouveau, adapté du roman antimilitariste de 1929 d'Erich Maria Remarque, ou au blockbuster de Tom Cruise Top Gun: Maverick, carton populaire qui a permis au public d'enfin renouer avec les salles obscures après la pandémie.

Apre compétition du côté des actrices et acteurs

La compétition entre comédiens s'annonce serrée. "Je ne me souviens pas d'une année (...) où trois des quatre catégories d'acteurs étaient vraiment à quitte ou double", observe Scott Feinberg,  chroniqueur spécialisé du Hollywood Reporter.

L'Oscar de la meilleure actrice se joue entre Cate Blanchett, cheffe d'orchestre sans pitié dans Tar, et Michelle Yeoh, l'héroïne d'Everything Everywhere All At Once. Cette dernière pourrait devenir la première lauréate d'origine asiatique à rafler ce prix.

Pour celui du meilleur acteur, Austin Butler (Elvis), Brendan Fraser (La Baleine) et Colin Farrell (Les Banshees d'Inisherin) sont au coude-à-coude. Tout comme Angela Bassett (Black Panther : Wakanda Forever), Jamie Lee Curtis (Everything Everywhere All At Once) et Kerry Condon (Les Banshees d'Inisherin) pour la statuette du meilleur second rôle féminin. Seul Ke Huy Quan, ex-enfant star d'Indiana Jones et le Temple Maudit oublié par Hollywood depuis plus de 20 ans, semble quasi assuré de remporter l'Oscar du meilleur second rôle masculin, après avoir accumulé les récompenses pour son portrait de mari attendrissant dans Everything Everywhere All At Once.

Objectif : assurer le divertissement

L'ombre de la fameuse gifle décochée l'an dernier par Will Smith à l'humoriste Chris Rock, après une blague sur le manque de cheveux de sa femme, plane aussi sur cette cérémonie. L'épisode devrait générer d'inévitables plaisanteries, mais la productrice exécutive des Oscars, Molly McNearney, souhaite clairement tourner la page. "Nous allons reconnaître l'événement (...) et passer à autre chose", a-t-elle déclaré devant la presse.

L'an dernier, l'Académie avait été critiquée pour avoir laissé Will Smith recevoir son prix de meilleur acteur sur scène après son agression. Il a depuis été interdit de cérémonie pendant 10 ans. Cette année, l'objectif des organisateurs est "d'assurer le divertissement" et que la cérémonie soit regardée. Car malgré le rebond des chiffres d'audience l'an dernier, l'intérêt pour les Oscars s'est considérablement effrité depuis l'âge d'or des années 90. En 1998, 57 millions de téléspectateurs (record absolu) avaient assisté au triomphe de Titanic, récompensé par 11 statuettes. Cette fois, la cérémonie compte sur la présence des suites de Top Gun et Avatar, deux blockbusters majeurs, pour attirer l'attention. "Mais si l'audience n'augmente pas par rapport à l'année dernière, l'Académie aura un gros problème", pointe Scott Feinberg.

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