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Réouverture des cinémas : à Paris, une salle reste fermée, occupée par des militants qui refusent sa vente

Alors que les cinémas peuvent, à partir du mercredi 30 juin, accueillir les spectateurs avec une jauge pleine, La Clef, une salle associative parisienne, reste fermée. Un collectif militant a entamé un bras de fer avec un proche d'Emmanuel Macron qui a racheté l'espace.

Article rédigé par Matteu Maestracci, franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Un collectif occupe depuis 2019 le cinéma associatif La Clef, dans le 5e arrondissement de Paris. Il craint que le futur propriétaire des lieux change la nature du lieu, et fasse de la spéculation immobilière. (MATTEU MAESTRACCI / RADIO FRANCE)

Contrairement aux autres cinémas, rouverts depuis le 19 mai, et autorisés à remplir tous leurs fauteuils rouges à partir du mercredi 30 juin, celui de La Clef reste fermé depuis 2018. Au coeur du 5e arrondissement de Paris, à quelques mètres de la Grande mosquée et du jardin des Plantes, la grille de cette salle associative est baissée. Mais chaque soir, le collectif qui l'occupe, Home Cinema, propose une projection suivie d'un débat à plusieurs spectateurs, devenus des fidèles.

Ces militants, pour la plupart très jeunes, refusent que La Clef passe des mains de la Caisse d'Épargne, son propriétaire, à celles du groupe SOS, géant de l'économie sociale et solidaire, dirigé par Jean-Marc Borello. Ce proche d'Emmanuel Macron a acheté les 600 mètres carrés du cinéma en février 2021 pour quatre millions d'euros.

Risque de spéculation immobilière

Home Cinema estime que SOS compte vider le lieu de sa substance et faire de la spéculation immobilière. "Ce n'est même pas une question de confiance ou d'inimitié mais une question de projet", explique Lucie, une des membres du collectif. "On n'a pas le même projet. Le Groupe SOS achète des bâtiments souvent très grands et qu'ils revendent parfois. On imagine le bénéfice financier que cela procure..."

Le collectif a longtemps espéré que la mairie de Paris préempte le bâtiment. Une partie de la majorité municipale y était favorable. Mais les services de la Ville, contactés par franceinfo, écartent finalement cette possibilité, disant ne pas vouloir interférer dans une vente immobilière entre deux entités privées, et jouent un rôle de médiateur.

L'acheteur dit vouloir garder le cinéma

De son côté, le groupe SOS affirme vouloir garder La Clef comme cinéma, travailler avec le collectif une fois propriétaire des murs, mais commence à s’impatienter du retard pris par la vente et du refus de dialogue des occupants. "Tant que le lieu est occupé, et comme en plus il n'y a pas de dialogue possible avec le collectif, on achètera le jour où on pourra accéder aux locaux", précise Nicolas Froissard, porte-parole du groupe SOS. "Cela aurait été le cas depuis longtemps si le collectif avait accepté de travailler avec nous. Ce sera finalement le jour où il n'y aura plus personne dans le cinéma."

Les militants, soutenus par plusieurs associations et personnalités de la culture, sont susceptibles d’être délogés à tout moment par la police, même si la mairie de Paris et le groupe SOS soutiennent que cela ne viendra pas d'eux. Seul l’actuel propriétaire, la Caisse d’Épargne, peut demander l’intervention des forces de l’ordre pour que l’acheteur entre dans les lieux et rende la vente de La Clef effective.

Matteu Maestracci a rencontré le collectif qui occupe La Clef à Paris - Reportage.

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