Retraite de Robert Redford : "Il se retire dans la gloire pour retrouver ses chevaux dans le Yellowstone"
Eric Libiot, critique cinéma à "L’Express", a réagi mardi sur franceinfo à l'annonce de la retraite de l'acteur américain Robert Redford.
"Sans doute un peu lassé des scénarios plus faibles qu'il reçoit, il se retire dans la gloire", a réagi mardi 7 août sur franceinfo Eric Libiot, critique cinéma à L’Express, après l'annonce par Robert Redford de sa retraite d'acteur. Le comédien a expliqué que The Old Man and The Gun, qui doit sortir le 28 septembre aux États-Unis, serait probablement son dernier film.
"Il y a des gens comme ça qui ont le charisme sans trop en faire", explique Eric Libiot à propos de la présence légendaire de Robert Redford à l'écran. Il "savait choisir ses films", c'est quelqu'un "qui a un talent de comédien inné". Étant donné "l'intégrité du personnage", Robert Redford ne devrait pas revenir sur sa décision, selon le journaliste. "On peut imaginer qu'il va retrouver ses chevaux dans le Yellowstone"
franceinfo : Quand Robert Redford annonce qu'il prend sa retraite d'acteur. Doit-on le croire sur parole ?
Eric Libiot : C'est vrai qu'il y a plein d'exemples de metteurs en scène ou de comédiens qui ont dit qu'ils se mettaient à la retraite et qui ont repris parce qu'ils n'ont pas résisté à un bon scénario. Mais Robert Redford, c'est différent, quand il a dit qu'il allait se retirer du festival Sundance et qu'il allait tourner de moins en moins, il l'a fait. On peut imaginer, vu sa carrière et l'intégrité du personnage, qu'il va retrouver ses chevaux dans le Yellowstone. C'est un grand réalisateur, pas un immense réalisateur, mais quelqu'un qui a toujours été près de ses histoires, près de ses personnages, très humaniste. On sait qu'il est très engagé avec le parti démocrate pour l'écologie notamment. C'est quelqu'un qui a réussi à mettre ses idées dans son cinéma, ce n'est pas un grand formaliste, mais il restera car il a fait un cinéma à message dans le bon sens du terme.
Choisir soi-même de se retirer, dans l'industrie très concurrentielle du cinéma, c'est quand même un peu un luxe non ?
Il n'y en pas tellement qui ont une telle carrière, il reste peut-être Clint Eastwood qui est plus âgé que lui [Robert Redford] et qui a commencé plus tard. Redford, a tout connu, le grand Hollywood des années 60, le nouvel Hollywood des années 70 et 80, la consécration, l'Oscar de metteur en scène et puis la création du festival Sundance. Il y en a peu qui ont brillé autant à la fois sur grand écran que derrière une caméra. Quand on a plus de 80 ans, on a assez peu de rôles au cinéma, de grands personnages à jouer. On préfère les super-héros, les hommes avec les slips volants plutôt que des acteurs qui ont du métier. C'est aussi pour cela qu'il se retire.
Robert Redford apparaît dans une soixantaine de films. Ce qui n'est pas énorme pour un acteur de son envergure. Est-ce à dire qu'il a toujours choisi ses rôles avec minutie ?
Il savait choisir ses films, ce n'est peut-être plus le cas aujourd'hui. Sans doute un peu lassé des scénarios plus faibles qu'il reçoit, il se retire dans la gloire. Il y a des gens comme ça qui ont le charisme sans trop en faire, c'était exactement comme Paul Newman. A eux deux, ils faisaient dans l'"undertainment", c'est à dire, moins ils en faisaient, plus ils étaient présents à l'écran. Quand on voit Butch Cassidy et le Kid, on voit qu'ils s'amusent à se tester l'un et l'autre. Ils étaient concurrents mais pendant très longtemps, tous les deux ont écrit les plus belles pages de Hollywood. Robert Redford n'avait pas besoin de faire grand-chose, il avait une présence, un physique, les yeux bleus, les tâches de rousseur, la blondeur. C'est un type qui a talent de comédien inné. C'était la grande période de Hollywood dans les années 70 avec des films avec Jeremiah Johnson, Gatsby le Magnifique, l'Arnaque.
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