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"Jinpa, un conte tibétain" : récit spirituel, ethnologique et onirique produit par Wong Kar-Wai

Rare production tibétaine, "Janpi", sixième film de Pema Tseden, a remporté le prix du scénario à Venise section Horizon. Une oeuvre nourrie d'une culture hors du monde. Une découverte. 

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Jinpa, un conte tibétain" de Pema Tseden. (Copyright Ed Distribution)

Jinpa, un conte tibétain donne des nouvelles du rare cinéma tibétain. En six films, Pema Tseden s’est fait le chantre de sa culture, tout comme en littérature. Il adapte une de ses nouvelles en l’articulant à une autre de son compatriote Tsering Norbu. Une ode contemplative, mystérieuse et réjouissante, ouverte sur l’ailleurs. Dans les salles mercredi 19 février.

Identité tibétaine

Dans le désert tibétain, Jinpa conduit son camion de livraison. Il heurte un mouton, puis prend à bord un voyageur qui lui confie se rendre dans une ville pour tuer quelqu’un. Après l’avoir déposé et livré sa charge, obsédé par la mission de son passager, Jinpa le cherche dans la ville voisine et trouve l’homme ciblé toujours bien vivant...

Jinpa, un conte tibétain est imprégné de l’art du récit asiatique. Son sujet, ses thèmes, sa temporalité, passés au prisme du cinéma, créent une poésie visuelle sans aucune mesure avec les canons occidentaux. Après la Chine, Taïwan, le Japon, La Corée, les Philippines, la Thaïlande, Singapour… le Tibet – qui a produit des films dès la naissance du cinéma – relève aussi d’une identité propre. Jinpa en offre toute la subtilité.

Différences

Le récit et la mise en scène de Pema Tseden pourraient s’apparenter aux choix du Turc Nuri Bilge Ceylan (Winter Sleep) et du Biélorus/Ukrainien Sergei Loznitza (Donbass). La différence du Tibétain vient de la prévalence du symbole et du spirituel sur le mélodrame et le politique. Un homme passe sa journée à chercher un prieur pour transmuer l’âme d’un mouton tué par accident. Puis il cherche à briser la chaîne des réincarnations, qui prime dans sa religion. Autre lieu, autre culture, autres mœurs.

"Jinpa, un conte tibétain" de Pema Tseden. (Copyright Ed Distribution)

Un autre monde guide le sujet et son traitement. Le dépaysement émane d’une scène d’auberge, des dialogues triviaux aux échos profonds, de l’écoulement du temps, dans un film qui prend le sien, sur seulement 1h26. Une belle sobriété, dont plus d’un cinéaste devrait s’inspirer. Enfin, le sens de l’image, du cadre, du plan et du montage habitent un film fascinant, par son mystère et la joie qu’il procure. Exigeant mais une révélation.

L'affiche de "Jinpa, un conte tibétain" de Pema Tseden. (Ed Distribution)

La fiche

Genre : Drame
Réalisateur : Pema Tseden
Acteurs :  Jinpa, Genden Phuntsok, Sonam Wangmo
Pays : Chine
Durée : 1h26
Sortie : 19 février 2020
Distributeur : Ed Distribtion

Synopsis : Sur une route solitaire traversant les vastes plaines dénudées du Tibet, un camionneur qui avait écrasé un mouton par accident prend un jeune homme en stop. Au cours de la conversation qui s’engage entre eux, le chauffeur remarque que son nouvel ami a un poignard en argent attaché à la jambe et apprend que cet homme se prépare à tuer quelqu’un qui lui a fait du tort à un moment donné de sa vie. A l’instant où il dépose l’auto- stoppeur à un embranchement, le camionneur ne se doute aucunement que les brefs moments qu’ils ont partagés vont tout changer pour l’un comme pour l’autre et que leurs destins sont désormais imbriqués à jamais.

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