Trois questions sur le scandale sexuel qui a fait tomber l'un des plus grands producteurs d'Hollywood
Harvey Weinstein, qui a récolté pas moins de 81 Oscars, a été licencié par le conseil d'administration de sa propre maison de production après des accusations de harcèlement sexuel.
C'est la chute de l'un des producteurs les plus puissants d'Hollywood. Accusé de harcèlement sexuel, Harvey Weinstein a été licencié, dimanche 8 octobre, par sa propre maison de production pour "mauvaise conduite". Cofondateur, avec son frère Bob, des maisons de production Miramax et The Weinstein Company, l'homme était jusque-là connu pour avoir récolté les récompenses les plus prestigieuses du cinéma, à Cannes ou aux Oscars (81 statuettes), avec The Artist, Pulp Fiction ou Shakespeare in Love.
Franceinfo revient sur ce scandale qui ébranle Hollywood.
Que lui reproche-t-on ?
Tout commence le 5 octobre, avec la publication d'une longue enquête dans le New York Times (en anglais). Le producteur y est accusé par plusieurs femmes, dont les actrices Ashley Judd et Rose McGowan, d'avoir tenté de les masser, de les avoir forcées à le regarder nu ou d'avoir promis de favoriser leur carrière contre des faveurs sexuelles. Des agissements répétés sur une période de trente ans et étouffés avec des compensations financières. Selon le quotidien américain, Harvey Weinstein a scellé huit accords amiables avec ses victimes pour qu'elles se taisent.
Quelles sont les conséquences de ces révélations ?
Après la publication de l'article, Harvey Weinstein a immédiatement présenté ses excuses. "Je réalise que la façon dont je me suis comporté avec des collègues par le passé a causé beaucoup de douleur, et je m'en excuse sincèrement", a-t-il déclaré, précisant se mettre en congé pour s'"occuper de ce problème en priorité".
Mais ce retrait n'a pas suffi. Dimanche, la Weinstein Company a annoncé son licenciement. Et il n'est pas le seul à avoir pris la porte. Cinq des neuf membres du conseil d'administration de la Weinstein Company, tous des hommes, ont démissionné en raison du scandale. Dans un communiqué, Harvey Weinstein a assuré respecter toutes les femmes, plaidant pour une seconde chance, tout en admettant qu'il "avait beaucoup à faire pour le mériter".
Comment a réagi Hollywood ?
Ces révélations ont fait beaucoup de bruit dans le monde du cinéma. "Les femmes qui ont choisi de parler du harcèlement sexuel qu'elles ont subi avec Harvey Weinstein méritent notre admiration. Ce n'est ni drôle, ni facile. C'est courageux", a par exemple déclaré l'actrice et réalisatrice féministe Lena Dunham. "Ce qu'a fait Harvey Weinstein était horrible, un abus de pouvoir écœurant. J'espère que nous assistons aujourd'hui au début de la fin de ces abus", a tweeté l'acteur Mark Ruffalo.
To be clear what Harvey Weinstein did was a disgusting abuse of power and horrible. I hope we are now seeing the beginning of the end of these abuses.
— Mark Ruffalo (@MarkRuffalo) 8 octobre 2017
D'autres ont dénoncé l'omerta qui aurait régné durant plusieurs décennies autour du comportement, largement connu à Hollywood, d'Harvey Weinstein. "Nous lisions les récits sur son humeur et sa versatilité, mais nous avions aussi entendu des histoires selon lesquelles il était, pour être clair, dégoûtant : le genre de type qui promet de faire de quelqu'un une star en échange de sexe, et utilisait son pouvoir dans l'industrie pour s'assurer que personne n'en parlerait", écrit la journaliste de BuzzFeed Anne Helen Petersen.
Une petite musique tempérée par Meryl Streep. "Tout le monde ne savait pas. Je ne savais pas", a déclaré l'actrice dans un message publié sur le Huffington Post. "Je ne pense pas que tous les journalistes d'investigation dans le monde du spectacle et des médias d'information auraient négligé d'en parler", a estimé l'actrice aux trois Oscars.
Ce n'est pas l'avis de Sharon Waxman. Dans un éditorial, la créatrice du site The Wrap assure avoir recueilli, dès 2004 et alors qu'elle était journaliste au New York Times, le témoignage d'une femme qui avait conclu avec Harvey Weinstein un accord confidentiel après avoir été agressée sexuellement. Elle affirme avoir fait l'objet de pressions de la part d'acteurs et laisse entendre que la direction éditoriale du quotidien aurait cédé à Harvey Weinstein lui-même, qui était au courant de ces investigations, et n'aurait pas publié ces informations. Interrogé par l'AFP, le New York Times a rappelé qu'il avait été le premier à publier une enquête de fond sur le producteur : "Personne qui soit aujourd'hui au Times n'a le souvenir de décisions éditoriales prises concernant cette histoire."
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