Festival Off d'Avignon 2024 : "Les Enfants du Diable", ou l'enfer vécu sous Ceausescu en Roumanie, dans les retrouvailles d'un frère et d'une sœur

Après vingt ans passés en France, une sœur retrouve son frère resté en Roumanie : intense.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Antoine Cafaro et Clémence Baron dans "Les Enfants du Diable" de Clémence Baron au Festival Off d'Avignon 2024. (COMPAGNIE DE LA BARONNERIE)

Autrice talentueuse des Enfants du Diable, Clémence Baron est également au côté d'Antoine Cafaro sur scène. Elle s'est inspirée de l'histoire de sa sœur Mirela, adoptée par ses parents après avoir passé douze années dans un "Camin Spital", ces orphelinats qui étaient plus des mouroirs que des refuges éducatifs en Roumanie.

Renouant avec le drame, après son seule en scène humoristique Authentique en 2022, Clémence Baron replonge dans le drame roumain dans Les Enfants du Diable jusqu'au 21 juillet, au théâtre de L'Oriflamme à 11h30. Ce Diable, c'est Nicolae Ceausescu, président de la République socialiste de Roumanie de 1974 à 1989, et les enfants, ce sont ceux issus de sa politique démographique.

Débroussailler le temps

S'il semble y avoir moins de monde dans les rues d'Avignon cette année, les salles de théâtre sont, elles, combles. Comme à ces Enfants du Diable, où Clémence Baron a puisé dans son histoire personnelle une inspiration renouvelée. L'autrice y fait autant preuve d'un talent d'écriture que d'interprète. Les vingt ans qui ont séparé Niki et sa sœur Véronica les ont évidemment changés, comme la Roumanie s'est transformée, entrée dans l'Union européenne en 2007.

À Bucarest, en 2009, quelqu'un frappe à la porte de l'appartement de Niki. Il accueille presque à contrecœur sa sœur Véronica, qui a fui la Roumanie pour Paris il y a vingt ans. En France, elle est devenue une star de la chanson, sans apparemment s'être souciée de ceux qu'elle a laissés au pays. Les retrouvailles sont difficiles. Le temps d'une nuit, ils vont s'efforcer de débroussailler ce temps passé, ce temps d'absence, ce temps où la Roumanie a changé, et eux aussi.

Hommage aux orphelins

La mise en scène, le décor, le jeu et le ton des Enfants du Diable pourraient être qualifiés de "naturalistes", tant la véracité émane du beau texte, sans fioritures, de Clémence Baron. Elle forme avec Antoine Cafaro un duo qui semble une évidence, tant une complicité fraternelle les rapproche, malgré la séparation et la révolte première de Niki à son égard. La pièce joue d'une évolution dramatique qui reflète celle des sentiments. Les reproches d'"abandon" vont s'expliquer et s'éclaircir au rythme d'une progression minutée.

Clémence Baron fait une fois encore preuve d'une justesse d'observation, alimentée sans doute d'une riche documentation, pour rendre hommage à ces milliers d'orphelins roumains envoyés dans des mouroirs par le couple Ceausescu. Une part de l'histoire quelque peu oubliée aujourd'hui, mais que Les Enfants du Diable remet en lumière devant un public conquis.

"Les Enfants du Diable"
De Clémence Baron
Mise en scène : Patrick Zard
Avec : Clémence Baron et Antoine Cafaro
Du 3 au 21 juillet 2024, tous les jours à 11h30, relâche le lundi.
Théâtre de l'Oriflamme
3-5 rue du portail Matheron, Avignon.
Tél : 04 88 61 17 75.

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