Intermittents du spectacle : le gouvernement nomme un médiateur
Il serait bon de débloquer la situation avant les festivals d'été. Le gouvernement a donc nommé samedi un intermédiaire, le député PS Jean-Patrick Gilles, pour ouvrir un dialogue avec les intermittents. Ces derniers, soutenus par le monde du spectacle, font en effet monter la pression depuis plusieurs semaines : ils ne veulent pas que le gouvernement signe telle quelle la future convention chômage qui réforme leur statut. L'annonce de la nomination de Jean-Patrick Gilles intervient au lendemain de celle d'un préavis de grève pour tout le mois de juin par la CGT Spectacle.
"Pour répondre à certaines inquiétudes exprimées sur la situation des intermittents du spectacle, le Premier ministre, Manuel Valls a demandé au ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, François Rebsamen et à la ministre de la Culture et de la Communication, Aurélie Filippetti, de lancer une mission de propositions ", a annoncé Matignon.
Un parlementaire qui connaît le dossier
Le député d'Indre-et-Loire Jean-Patrick Gilles doit conduire un "dialogue avec toutes les parties concernées ", dont les intermittents, et remettre ses propositions au gouvernement "sous 15 jours ", selon le communiqué de Matignon. Le député devra en outre "proposer une méthode pour la concertation tripartite Etat-syndicats-patronat ".
Le choix de Jean-Patrick Gilles est indiscutable : il est le parlementaire qui s'est le plus investi sur ce dossier. Il y un an, il remettait un rapport de 114 pages, un travail de fond sur l'emploi dans les métiers artistiques enrichi de propositions. Sachant ce que le gouvernement a fait de ce rapport et des conclusions du comité de suivi qui depuis 2003 tente de déminer la question des intermittents, il est assez cocasse que ce médiateur soit désigné alors que les mêmes signaux d'alerte qu'il y a 11 ans commencent à s'allumer.
Vers une remise en cause de l'accord du 22 mars ?
Le temps presse et il manquera peut-être pour que cette mission soit efficace, car si Jean-Patrick Gilles propose de revenir sur l'accord du 22 mars et que le Medef s'y oppose, le gouvernement devra reprendre la main, au risque de fâcher les partenaires sociaux signataires et cela prend du temps. Le Medef est hostile à un régime d'intermittence qu'il juge trop favorable et trop coûteux et qui est à ses yeux une subvention déguisée à la culture
Le député de Tours n'aime pas la langue de bois, il estime que ceux qu'on appelle les intermittents, en particulier les techniciens du cinéma et de l'audiovisuel qui travaillent quasiment toute l'année sans interruption devraient obligatoirement passer en CDI, il est aussi partisan d'une chasse aux abus qui n'enrichissent pas forcément les intermittents mais qui coûtent cher à la collectivité.
Samedi encore, de nouvelles actions avaient lieu : une trentaine d'intermittents ont occupé brièvement en début de soirée l'Opéra Bastille à Paris, où devait se dérouler une représentations de "La Traviata".
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