La colère des intermittents menace la saison des festivals
C'est le premier signe d'envergure de la menace que font planer les intermittents sur le monde de la culture. Mardi soir, ces derniers ont provoqué l'annulation de la pièce Vader , spectacle d'ouverture du 28e Printemps des comédiens de Montpellier. Elle ne se jouera pas non plus ce mercredi. Ce sont les organisateurs eux-mêmes qui l'ont annoncé, sur le site internet du festival, exprimant leur "solidarité avec les professionnels artistes et techniciens du spectacle vivant qui dénoncent les derniers accords de l'Unedic [...] Cette réforme ajoute de la précarité à la précarité et menace à terme l'existence même de certains acteurs du secteur de la création ".
Solidarité, mais pas forcément totale compréhension, comme le dit le directeur adjoint du festival Jean-Claude Carrière : "Nous ne sommes pas du tout responsables de l'évolution de leur sort ".
En cause, comme depuis maintenat plusieurs semaines, la nouvelle convention d'assurance chômage, signée par les partenaires sociaux le 22 mars dernier et agréée par le gouvernement dans la foulée. Elle instaure un système de "droits rechargeables" et durcit le régime des intermittents. Ces derniers estiment ne pas avoir été écoutés, alors même qu'ils avaient des propositions à formuler, dans le cadre de la commission de suivi rassemblant professionnels et parlementaires.
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Les ministres, pas les bienvenus
À l'approche de l'été, et des festivals qui ont un besoin impératif des intermittents, la tension monte d'un cran. La CGT, en pointe dans la contestation, avait adressé lundi un ultimatum aux pouvoirs publics, demandant de ne pas agréer l'accord du 22 mars, sous peine de fortes perturbations à travers la France. Lundi soir, lors de la cérémonie des Molières, une délégation d'intermittents est montée sur scène pour remettre, symboliquement, un "Molière de la trahison" au ministre du Travail François Rebsamen. Ajoutant aussitôt que les ministres ne seraient pas les bienvenus parmi le public des spectacles estivaux. Sacré camouflet pour la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, qui assurait le 16 avril dernier qu'aucune menace ne planait sur les festivals.
Pour autant, l'annulation de l'ouverture du festival de Montpellier mardi soir, ne s'est pas faite de "gaieté de cœur " selon Gilles, intermittent sur l'événement.
La CGT-Spectacle ne relâche pas la pression, et appelle désormais à manifester le 16 juin prochain, à Paris et en province. Le syndicat n'hésite pas non plus à menacer le festival d'Avignon, comme en 2003, appelant à manifester le 12 juillet prochain, en plein événement. Une interruption, voire une annulation, serait un véritable cataclysme dans le monde de la culture.
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