L'Affaire SK1 : "Des victimes auraient pu être évitées" (Gilbert Thiel)
7 meurtres, plus de 7 ans d'enquête qui ont mené à l'arrestation de Guy Georges le 26 mars 1998 et à sa condamnation à perpétuité trois ans plus tard. Une affaire à part, tant cette traque aura pris de retard, conduisant à l'irréparable, deux victimes supplémentaires, Magali Sirotti et Estelle Magd, qui auraient pu être évitées, selon Gilbert Thiel, en charge de l'enquête.
"Malheureusement l'insuffisante efficience de l'appareil policier et judiciaire a fait que lorsque Guy Georges a été identifié, on s'est aperçu qu'on l'avait déjà eu entre les mains et que faute de fichier génétique et peut-être aussi d'inspiration, on l'a identifié avec retard ".
"Si un fichier génétique avait été opérationnel dès 1995, deux victimes auraient pu être évitées"
A la fin des années 1990, le juge d'instruction de l'affaire du "Tueur de l'Est Parisien" se bat avec les laboratoires pour les contraindre à comparer les empreintes génétiques, ce qui ne se faisait pas du tout à l'époque puisqu'il n'existait pas de fichier génétique.
"Je tiens à rendre hommage aux laboratoires privés qui faisaient dans la génétique moléculaire à des fins judiciaires, qui eux n'ont opposé aucune protestation de principe à ma demande. Par contre, avec les laboratoires de police scientifique du Ministère de l'Intérieur, ça a été assez musclé pour les convaincre de passer outre les insuffisances de la loi".
Il parvient finalement à ses fins, mais c'est déjà trop tard, Guy Georges a encore violé, encore tué. Deux jeunes femmes, Magali Sirotti et Estelle Magd, assassinées en septembre et novembre 1997. "Nous le portons comme une croix, les enquêteurs et moi-même ", lâche le juge d'instruction. "Si un fichier génétique avait été mis en place et opérationnel dès l'été 1995, ces deux victimes auraient pu être évitées".
Un "bon film", mais trop de "battage médiatique"
Pour Gilbert Thiel, L'Affaire SK1 traduit bien les sinuosités de cette enquête à rallonge, ses tâtonnements, les espoirs déçus, les fausses pistes, et des hommes faillibles, qui ont souvent eu du mal à communiquer. Un film qui raconte bien aussi la pression des évènements, "puisqu'un tueur en série, par définition, ne s'arrête jamais avant d'être arrêté. Il y a aussi la pression de l'actualité évoquée dans ce film puisque ces mêmes enquêteurs ont été mobilisés pour la campagne des attentats de paris en 1995."
Le juge d'instruction regrette néanmoins le battage médiatique fait autour du film et "le choc des chiffres", un manque de réserve vis-à-vis des familles des victimes aux yeux de Gilbert Thiel.
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