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La femme du jour. Scarlett Coten, photographe

Chaque jour, Nathalie Bourrus raconte une femme. Un portrait, mais surtout une rencontre. Aujourd'hui, Scarlett Coten. 

Article rédigé par Nathalie Bourrus
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Scarlett Coten, quand elle apprend qu'elle a gagné le prix Leica, en 2016. (PETER BAUZA)

Nom : Coten. Prénom : Scarlett. Âge : 60 ans. Métier : photographe. Pourquoi elle ? Parce que la semaine de la photo s’achève lundi 12 novembre, à Paris.

La femme du jour. Scarlett Coten par Nathalie Bourrus

Nathalie Bourrus : Il y a eu Paris Photo, le Salon de la photo, Fotofever. Ça a été chargé pour vous Scarlett ?

Oui, ce sont des moments très importants pour les photographes. On voit des galeristes, d’autres photographes bien sûr, des directeurs ou directrices de festivals, ou d’écoles de photo. C’est un peu un tourbillon, et il faut tâcher d’en faire sortir quelque chose. Et d’ailleurs, cette année, il y a eu un moment très marquant à Paris Photo, au Grand Palais.

Oui, pour les femmes.

On a fait une performance, à partir d’un manifeste. On est monté sur scène, on a parlé, on a scandé "Regardez nous, prenez votre temps. Écoutez-nous, il est temps".

Pourquoi ce mouvement ?

Mais parce que les femmes photographes, sont clairement invisibles ! Il faut savoir que nous représentons à peine 20% en termes d’exposition. Alors que nous sommes 60% des diplômés des écoles d’art.

                  [Derrière sa crinière brune, Scarlett Coten s’agace, le ton monte légèrement.]

Moi j’ai fait l’école de photo d’Arles. Et j’ai dû attendre 2016, donc mes 58 ans, pour avoir un peu de reconnaissance, vous vous rendez compte !

Sa séparation, une libération dans son travail

               [En 2016, elle a obtenu le prestigieux prix Leica. Une consécration, pour un travail magnifique et ambitieux, sur la masculinité, intitulé "Mectoub". Pendant 4 ans, elle a arpenté 7 pays, à la suite des printemps arabes. Ce travail, elle le poursuit à présent aux États-Unis. Mais la vie de Scarlett Coten n’a pas toujours été ainsi.]

Pendant 15 ans, j’étais avec un artiste peintre. Je m’occupais de notre enfant, et de sa carrière. Une autre vie. C’est après la séparation que je me suis libéré.

               [Et là, l‘autre combat a commencé. Celui d’une femme, dans la photographie.]

J’entends tellement de directeurs de festivals, dire : "Moi, je ne choisis pas en fonction du sexe de la personne, je choisis en fonction de la qualité du travail". Donc, ça veut dire, qu’on est toutes des nulles, nous, les femmes photographes ?

               [Un mot pour la définir ? Guerrière. La bataille de Scarlett Coten en ce moment, c’est de trouver de l’argent, pour aller terminer son puissant travail sur la masculinité, au pays de Trump.]     

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