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La justice américaine ferme le site de téléchargement Megaupload

Le parquet fédéral américain a fait fermer jeudi l'un des plus importants sites de téléchargement au monde, provoquant l'ire des Anonymous. Nicolas Sarkozy a salué la décision de la justice américaine. 

Article rédigé par Vincent Matalon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Capture d'écran du site de partage de fichiers Megaupload.com, fermé par les autorités américaines le 19 janvier 2012. (FTVi)

La nouvelle est aussi importante qu'inattendue. Au lendemain de la mobilisation de nombreux acteurs du web américain contre la loi anti-piratage Sopa, le parquet fédéral du pays a fait fermer jeudi 19 janvier l'un des plus importants sites de partage de fichiers au monde, Megaupload.com. Sont également concernés les sites appartenant au groupe, comme Megavideo.com.

L'Elysée a réagi dans la nuit de jeudi à vendredi pour saluer la fermeture de Megaupload, soulignant que "c'est le financement des industries culturelles dans leur ensemble qui est mis en cause par ce type d'opérateurs". Nicolas Sarkozy estime que "le moment est donc venu d'une collaboration judiciaire et policière active entre Etats pour porter un coup d'arrêt à leur développement".

• Qu'est-ce que Megaupload ?

Megaupload, qui comptait selon Associated Press (lien en anglais) parmi les sites les plus visités au monde, est un service dit de direct download. Chacun peut y déposer un fichier, qui peut être téléchargé ensuite gratuitement.

A l'inverse d'un système de pair à pair (peer-to-peer), où chaque utilisateur qui télécharge un fichier donne un peu de sa connexion pour que les autres puissent en faire autant, Megaupload fonctionne de manière verticale : le fichier est stocké sur de puissants serveurs, où chacun vient se servir.

La popularité de ce type de service a explosé en France avec l'application de la loi antipiratage Hadopi. En effet, à l'instar des sites de streaming et à l'inverse des services de peer-to-peer, le direct download n'est pas surveillé par la Haute Autorité. Il y a un peu plus d'un an, le site comptabilisait 7,4 millions de visiteurs par mois en France, rapporte Le Figaro.fr. Ces visiteurs rapportaient de l'argent à Megaupload : en plus d'être financé par la publicité, le site proposait aux internautes de s'abonner à une version "premium", qui permettait d'avoir accès à du streaming illimité et à des téléchargements plus rapides.

• Que reproche la justice à Megaupload ?

Le département de la Justice américain a ouvert une procédure criminelle contre les fondateurs du site, pour avoir enfreint les lois sur le copyright. Dans un communiqué (en anglais), le ministère indique que Megaupload aurait accumulé plus de 175 millions de dollars (135 millions d'euros) grâce à des activités frauduleuses. Par son existence, le site aurait également généré un manque à gagner de plus de 500 millions de dollars (386 millions d'euros) auprès des ayants droit.

Quatre des dirigeants du site, dont son fondateur Kim Dotcom, ont été arrêtés jeudi en Nouvelle-Zélande par les autorités locales. D'autres complices sont également recherchés, et tous risquent jusqu'à vingt ans de prison.

 

Les dirigeants de Mégaupload interpellés en Nouvelle-Zélande (Francetv info)

• Comment la justice américaine va-t-elle procéder ?

C'est la grande question soulevée par cette fermeture. Le site spécialisé Clubic rappelle que la société Megaupload est juridiquement basée à Hong Kong, et ne dépend par conséquent pas du droit américain. Par ailleurs, rappelle Clubic, "ses équipements sont en outre répliqués dans de multiples centres de données, en Europe, en Asie ou aux Etats-Unis".

Reste que l'opération est d'envergure : le département de la justice américain précise dans son communiqué avoir travaillé en coopération avec la police des Pays-Bas et du Canada. Le collectif Anonymous a toutefois annoncé vendredi sur Twitter le retour de Megaupload à une nouvelle adresse.

• Quelles conséquences sur le web ?

Dans la foulée de la fermeture de Megaupload, le collectif d'activistes Anonymous est entré en action. Le groupe a multiplié les attaques par déni de service, qui consistent à noyer un site sous les requêtes de connexion afin de le rendre inaccessible. Parmi leurs cibles : les institutions et les sites d'ayants droit.

Etaient entre autres hors-ligne, jeudi à minuit : le site du ministère américain de la Justice, celui de la branche américaine d'Universal Music, ou encore le site de l'industrie musicale américaine (RIAA). La France n'est pas en reste : les Anonymous ont réussi à faire tomber le site de la Hadopi, ainsi que Universalmusic.fr.

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