Le Pass culture "est une chance pour les milieux culturels", estime le producteur de spectacles Jean-Marc Dumontet
Le propriétaire de théâtres appelle les professionnels de son secteur à "s'adresser à toute la population et surtout à ceux qui, jusqu'à présent, n'avaient pas accès à la culture".
Le Pass culture, généralisé à tous les jeunes de 18 ans, "est une chance pour les milieux culturels" et va "développer les publics", juge sur franceinfo, samedi 22 mai, Jean-Marc Dumontet, producteur de spectacles et propriétaire de plusieurs théâtres à Paris. Selon lui, ce chèque de 300 euros, qui peut notamment ête utilisé pour acheter des places de spectacle, est aussi "un devoir" pour le secteur : "Nous devons nous adresser à toute la population et surtout à ceux qui, jusqu'à présent, n'avaient pas accès à la culture."
franceinfo : Que pensez-vous de la généralisation du Pass culture aux jeunes de 18 ans ? Etes-vous du même avis que la CGT Spectacle qui estime qu'on va financer Amazon et qu'on aurait mieux fait de dépenser ces 80 millions directement pour les spectacles ?
Jean-Marc Dumontet : Le Pass culture est une façon de permettre à des jeunes qui ne vont pas accéder généralement à des sorties culturelles, à acquérir des biens culturels, de le faire. Et on sait que sur les 14 départements d'expérimentation il y a eu 57% qui ont été destinés et fléchés vers les livres. Donc, c'est vraiment une aubaine pour notre secteur, pour toute la culture. D'une part, ça développe des publics et c'est extrêmement important, c'est légitime et c'est moralement nécessaire que la culture soit accessible à tout le monde.
En ce moment où on a besoin de redémarrage, le Pass culture va être un élément supplémentaire pour nos lieux culturels.
Jean-Marc Dumontetà franceinfo
Précisons que le Pass culture a été révisé après l'expérimentation et qu'il y aura un volet d'accompagnement qui n'était pas assez prévu avant, donc je pense que ce Pass culture est une chance pour les milieux culturels, et surtout un devoir parce que nous devons, nous acteurs culturels, nous adresser à toute la population et surtout à ceux qui, jusqu'à présent, n'avaient pas accès à la culture. J'y vois une incitation extrêmement intéressante.
Globalement, partagez-vous l'inquiétude de Didier Gravouil, secrétaire général de la CGT spectacle, qui dénonce une réouverture partielle des salles et le fait qu'on empêche les artistes et des techniciens de travailler ?
Je trouve que les propos de Monsieur Gravouil sont totalement mensongers parce que, aujourd'hui, avec l'année blanche qui a été décidée pour tous les intermittents en mai 2020 et puis prolongée, les techniciens et les artistes ont été particulièrement soutenus. Il ne faut pas mélanger les combats. M. Gravouil parle de l'assurance chômage, ça ne concerne pas les artistes et les techniciens puisque eux bénéficient de l'intermittence. Cette intermittence a été préservée, ça a été une grande nouvelle pour nos métiers. Donc, M. Gravouil fait de la politique, mais là, en l'occurrence dans notre métier, on peut dire vraiment qu'on a été parfaitement soutenus, y compris les plus fragiles.
Ne faites-vous pas également de la politique quand vous saluez toutes les mesures gouvernementales ?
Mais regardez le monde entier : la culture a été dévastée par cette crise. Le pays qui est le plus aidé, c'est la France. Alors oui, je fais de la politique en disant des choses qui sont une évidence. J'ai ouvert tous mes théâtres mercredi et jeudi derniers et je peux vous dire que tous les artistes, tous les techniciens, des auteurs, des metteurs en scène me disaient à quel point ils avaient été soutenus et aidés.
Les auteurs ont été aidés, les spectacles qui n'ont n'a pu tourner ont été aidés, donc cela a été une manne très importante pour soutenir notre métier et lui permettre de redémarrer. Ça, c'est une réalité.
Jean-Marc Dumontetà franceinfo
Et je peux vous dire que dans les pays anglo-saxons et qu'en Espagne, ça n'a pas été le cas et ils sont dans une misère et une détresse absolue. Donc, je crois que quand on fait bien des choses, il faut savoir le dire et le reconnaître. Vous vous rendez compte qu'il y a eu 13 milliards d'euros pour la culture depuis le début de cette crise en aides directes et sur le plan de relance, c'est colossal !
Comment s'est passée justement la réouverture de vos salles de théâtre, il y a eu du monde ?
C'était génial. On a lancé 12 spectacles différents mercredi et jeudi. Le public était enthousiaste. On était à 35% de remplissage, mais je peux vous dire que le plaisir était à plus que 100% parce qu'il y avait une émotion pour les artistes de refouler les scènes. Il y avait une telle volonté de montrer notre travail, parce que le secteur de la culture a été à l'arrêt mais il ne s'est pas empêché malgré tout de travailler, d'imaginer, de créer. Tous les artistes n'avaient qu'une hâte, c'était retrouver la scène et le public. Dès que le rideau s'est levé, le public applaudissait à tout rompre, à la fin tous les publics étaient debout. Ce sont des moments magiques qu'on a vécu. Et si on fait ce métier, c'est pour ces moments-là. Je peux vous assurer que c'était des moments magiques et magnifiques pour nous.
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