Affaire Matzneff : pour Vanessa Springora, l'adaptation de son livre "Le Consentement" permet de dépasser "la pudeur" de son récit
"Au cinéma, on peut atteindre cette violence-là". Invitée de France Inter mercredi 11 octobre, Vanessa Springora estime que le film Le Consentement, adapté de son livre du même nom, permet de montrer le "choc" que représente sa relation traumatisante, à 14 ans, avec l'écrivain Gabriel Matzneff, de 36 ans son aîné. "Ce que peut-être, par pudeur, je n'ai pas creusé autant que j'aurais aimé le faire", explique l'autrice et éditrice, qui a collaboré au scénario.
Le long métrage, en salles mercredi, "apporte quelque chose que les mots, peut-être, ne peuvent pas atteindre de la même manière, c'est cette frontalité de l'image". Il est important pour "la prise de conscience des violences faites aux mineurs, des violences sexuelles vécues par les mineurs" car "cette histoire est aussi emblématique de celle de beaucoup de jeunes filles, comme il en existe des milliers". "
"Ce n'est pas seulement mon histoire."
Vanessa Springora, auteur de "Le Consentement'sur France Inter
Dans l'ouvrage de Vanessa Springora, et dans le film qui en est tiré, Gabriel Matzneff raconte qu'il a sur lui une lettre manuscrite du président de l'époque, François Mitterrand, et qu'il se tient prêt à la montrer à la brigade des mineurs, en cas de problème. "Cette lettre existait, je l'ai vue, il en parlait lui-même dans ses livres", raconte l'écrivaine. "Il n'empêche, François Mitterrand avait pris ses distances depuis un bon moment avec lui", affirme-t-elle.
Le président socialiste "a affirmé son soutien plein et entier à Denise Bombardier", indique-t-elle, en référence à une séquence de l'émission Apostrophes, dont elle était l'une des invitées. L'autrice québécoise s'y était opposée, seule, à Gabriel Matzneff. "Je crois que ces petites filles-là sont flétries, et la plupart d'entre elles flétries pour le restant de leurs jours", avait-elle cinglé, en réponse à l'écrivain, qui se vantait de ses très jeunes conquêtes.
Denise Bombardier, qu'elle a rencontrée en 2020, lui a dit "qu'elle avait eu déjà, à l'époque, des marques de respect, notamment de François Mitterrand". "Il l'avait appelée dès le lendemain" de la diffusion de cette émission "pour l'inviter à l'Élysée et lui dire qu'elle avait tout à fait raison de s'exprimer de cette manière".
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