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"L'aura littéraire n'est pas une garantie d'impunité" : l'affaire Gabriel Matzneff suscite de nombreuses réactions

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Affaire Gabriel Matzneff : l'écrivain rattrapé par ses démons
Affaire Gabriel Matzneff : l'écrivain rattrapé par ses démons Affaire Gabriel Matzneff : l'écrivain rattrapé par ses démons (France 3)
Article rédigé par franceinfo Culture
France Télévisions - Rédaction Culture
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"Des attaques injustes et excessives", selon Gabriel Matzneff. L'écrivain âgé de 83 ans est accusé de pédophilie. Il est mis en cause dans un livre qui sera publié dans la semaine, "Le Consentement", écrit par Vanessa Springora, une de ses jeunes amantes dans les années 1980.

Vanessa Springora avait 14 ans au début de sa liaison avec l'écrivain Gabriel Matzneff, alors âgé de 50 ans. À cette époque, l'auteur a le vent en poupe. Il ne cache aucunement son goût pour les très jeunes filles. Et sur les plateaux de télévision, personne à l'époque ne s'en offusque. "Les moins de 16 ans sont une de mes idées fixes, une de mes attaches", expliquait l'écrivain en 1975 sur le plateau de l'émission "Apostrophes". Mais pour Vanessa Springora, sa liaison avec Gabriel Matzneff a été synonyme d'emprise. Pour elle, Matzneff est un chasseur, et ses jeunes maîtresses sont des proies. "On l'a laissé faire parce qu'il y avait l'aura de l'artiste", témoigne Vanessa Springora dans Bibliobs. "Son œuvre servait de caution. Mais au nom de quoi les dégâts seraient-ils moindres quand la personne qui commet ces actes est un artiste ?", questionne-t-elle.

Le consentement à l'ère de Metoo

Si, dans les années 1970, il est "interdit d'interdire", 15 ans plus tard, les mentalités commencent tout juste à changer. De nouveau invité chez Bernard Pivot, Gabriel Matzneff est pris à partie par la romancière canadienne Denise Bombardier, en 1990. "J'ai fait ce que j'avais à faire. Autrement, je n'aurais pas pu me regarder dans le miroir", explique l'écrivaine sur franceinfo. "J'ai pris la parole, parce que les gens ne disaient rien sur son livre. Il y avait un couple de catholiques qui était là pour défendre la fidélité dans le mariage et qui n'a pas dit deux mots. D'ailleurs, la dame ne fait que rire", se souvient-elle.

Mais depuis le mouvement Metoo, Le Consentement ne pouvait passer inaperçu. La polémique enfle. Les réactions se multiplient. "L'aura littéraire n'est pas une garantie d'impunité. J'apporte mon entier soutien à toutes les victimes qui ont le courage de briser le silence", écrit le ministre de la Culture Franck Riester sur son compte Twitter. "Je les invite, ainsi que tout témoin de violences commises sur des enfants, à contacter le 119", poursuit-il. 

Adrien Taquet, secrétaire d'Etat à la protection de l'enfance, "a demandé à ses services de se renseigner du point de vue du droit sur les révélations concernant Gabriel Matzneff ainsi que sur ses publications", a indiqué à l'AFP son entourage, sans affirmer à ce stade que des poursuites judiciaires pourraient être engagées. "Je souhaiterais que la fin du silence, la fin de l'impunité que marque peut-être le début de cette affaire, ne s'arrête pas là et que nous continuions tous ensemble à lutter contre les violences faites aux enfants dans notre pays", a ajouté Adrien Taquet à l'antenne d'Europe 1, mardi 31 décembre. "Il faut traiter, (...) il faut condamner moralement, peut-être d'un point de vue aussi judiciaire", cette affaire, alors que "des dizaines de milliers d'enfants dans notre pays chaque année" sont victimes de violence sexuelle, a-t-il développé.

"Il est devenu indéfendable" 

Bernard Pivot, dont l'interview avec Gabriel Matzneff en 1990 est devenue virale et fait scandale, invoque sur son compte Twitter une autre "époque" : "Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale ; aujourd'hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c'est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d'un pays et, surtout, d'une époque", avance-t-il. Un tweet qui a fait réagir Andréa Bescond, coréalisatrice du film sur la pédophilie Les Chatouilles : "Peut-être vouliez-vous dire : 'Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la loi et le crime, il était temps que cela change, nous avons été des complices passifs, sans aucune morale, nous étions les produits d’une triste époque, nous aurions dû réagir, mea culpa.'"

"Un nouveau tribunal va se mettre en place, comme pour Polanski. C'est une époque qui en juge une autre, mais les temps ont changé... Tout le milieu littéraire a peur (...). C'est terminé pour lui, il est devenu indéfendable", affirme l'écrivain Frédéric Beigbeder, dans Le Monde.

L'ancienne critique du Monde Josyane Savigneau, dénonce de son côté sur Twitter une "chasse aux sorcières". Le membre du jury du prix Renaudot Franz-Olivier Giesbert, entérine : "C'est un excellent écrivain, dont j'aime certains livres, d'autres pas du tout. J'exècre la pédophilie, mais je déteste aussi la police de la maréchaussée. Les gens cloués au pilori ont toujours ma sympathie", avance l'écrivain et journaliste dans les colonnes du Monde

Si Gabriel Matzneff a refusé toutes les demandes d'interview, il a néanmoins réagi dans un mail à L'Obs. "Apprendre que le livre que Vanessa a décidé d'écrire de mon vivant n'est nullement le récit de nos lumineuses et brûlantes amours, mais un ouvrage hostile, méchant, dénigrant, destiné à me nuire, un triste mixte de réquisitoire de procureur et de diagnostic concocté dans le cabinet d'un psychanalyste, provoque en moi une tristesse qui me suffoque", a-t-il écrit.

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