"Masterpieces of Fantasy Art" : les maîtres de l'illustration fantastique dans un ouvrage au format XXL
Barbares bodybuildés, guerrières pulpeuses, créatures monstrueuses... sont réunis dans cette monographie inédite sur l'histoire d'un art fondateur de la pop culture, avec ses plus grands maîtres.
Considéré comme art mineur, l'illustration participe depuis le XIXe siècle à une culture populaire foisonnante qui connaît aussi ses maîtres. Dian Hanson en retrace l'histoire en montrant ses références dans la peinture européenne (Bosch, Blake, Ingres, Moreau, ...), puis ses fondamentaux apparus dans les "pulps" américains (revues et romans bon marché), et enfin son expansion chez des artistes tels que Frank Frazetta, Boris Vallejo, Philippe Druillet, Moebius, ou H. R. Giger...
Dans un esprit de synthèse, Masterpieces of Fantasy Art (Editions Taschen) consacre avec érudition, exigence et beauté éditoriale cet art fondateur d'un imaginaire merveilleux, héroïque, et sensuel, récupéré par le cinéma qui s'en est fait l'écho.
Accrocheur, horrifique et sexy
Elles ornent les couvertures des romans de fantasy, tels que les cycles de Conan ou de Pellucidar de Robert E. Howard, celles des revues mythiques Astounding Stories et Weird Tales des années 1930-50, puis de bandes-dessinées tels que Creepy, Vampirella, Metal Hurlant, Epic… Accrocheuses, spectaculaires, horrifiques et sexy, ces œuvres ont fait de Frank Frazetta, Boris Vallejo, des frères Hilldebrandt, Jeffrey Catherine Jones, Sanjulian ou H. R. Giger, des stars.
Tous trouvent leur source dans un solide apprentissage du dessin anatomique que reflètent les œuvres. Ce qui ne les empêche pas d’exagérer à outrance les musculatures de leurs guerriers, et les formes généreuses des déesses qui les accompagnent. Des monstres belliqueux ou alliés, fantômes et autres démons issus des mythes ancestraux évoquent les contes dans des représentations où s’entremêlent fascination, mystère, violence et érotisme.
Univers mirifiques
Si les Américains constituent la tête de pont de ces artistes souvent négligés, Dian Hanson insiste sur l’apport européen, en consacrant trois chapitres aux Français Philippe Druillet, Moebius (Jean Giraud) et au Suisse H. R. Giger, le concepteur artistique d’Alien. Il voit en eux des créateurs révolutionnaires qui se sont imposés à partir de 1975 dans la revue Métal Hurlant, jusqu’à étendre leur influence au cinéma.
Dans son déferlement de bruit et de fureur graphiques, Masterpieces of Fantasy Art n’ignore pas la contribution d’illustratrices comme Julie Bell et Rowena Morrill, à un art globalement taxé de machisme. A y regarder de plus près, les femmes y sont souvent représentées en puissance, même si elles sont fortement érotisées, mais au-delà de la seule figure réductrice de victimes.
Dans ce panégyrique des maîtres de l’illustration de fantasy domine Frank Frazetta (1928-2010), génie, qualifié de "Dieu" du genre, dont la patte serait au croisement d’un Michel-Ange et d’un Delacroix. Mais quel critique d’art oserait faire un tel rapprochement ? Jeffrey Catherine Jones et sa touche elliptique, suggestive et brumeuse évoque un romantisme épique, et Druillet un architecte-designer fou. Des univers, et tant d’autres, que ce magnifique ouvrage tiré à seulement 7 500 exemplaires, offre à contempler, avec leur histoire et origines, dans une monographie inédite qui réhabilite une magnificence ignorée.
Masterpieces of Fantasy Art
Dian Hanson (texte en anglais, allemand et français)
Editions Taschen
Relié, reliure en toile sous jaquette, 29 x 39,5 cm, 7,43 kg, 532 pages
150 €
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