David Baldacci signe avec "Le Parieur" un polar noir puissant sur l'Amérique d'après-guerre
"D'où sortent des gens comme toi, Archer ? J'aimerais en acheter une douzaine", dit un personnage féminin dans le dernier livre de David Baldacci, Le Parieur (Talent éditions). On a laissé Aloysius Archer dans les rues poussiéreuses de Poca City et on le retrouve à Bay Town, en Californie. L'ancien détenu entend devenir détective privé. Sur son chemin, à Reno, il rafle la mise au casino, met la main sur une belle décapotable et rencontre Liberty Callahan, une chanteuse pas comme les autres, qui rêve de devenir star à Hollywood. Et bien sûr des tueurs.
David Baldacci renouvelle le roman noir en revenant aux fondamentaux. Avec tout de même une nuance de taille : son personnage, Aloysius Archer, dénote dans l'Amérique de la fin des années 1940 par sa personnalité et ses idées progressistes. Les personnages féminins chez David Baldacci ne sont pas des potiches, ne se contentent pas d'être des beautés fatales. "Les femmes doivent apprendre à se protéger, Archer. En tout cas, c'est ce que croit la femme à côté de toi. Tu penses qu'il n'y a que les mecs qui doivent savoir se défendre ?". Liberty Callahan affiche ses ambitions et se dit prête à se battre dans un monde fait par les hommes pour les hommes.
Les uns et les autres
L'auteur du roman Les Pleins pouvoirs multiplie les références littéraires. Il rend ainsi un hommage appuyé à John Steinbeck en citant un passage du chef-d'œuvre Les Raisins de la colère. "Comment faire peur à un homme quand son ventre crie famine, quand la faim tord les entrailles de ses petits ? Rien ne peut plus lui faire peur – il a connu la pire des peurs."
En arrivant à Bay Town, David Baldacci découvre une ville corrompue, aux mains d'une même famille depuis des générations. "On peut classer ceux qui ont de l'argent et/ou le pouvoir, et ceux qui n'ont aucun des deux. Et ceux qui ont à la fois de l'argent et du pouvoir ont une autre chose en commun : ils ne peuvent pas s'en passer et en veulent toujours plus." La première enquête d'Aloysius Archer, sous la férule de Willie Dash, ancien agent du FBI, personnage revenu de tout et attachant d'humanité, se déroule pendant des élections à hauts risques avec des pantins qui s'affranchissent de leurs marionnettistes, des flics ripoux, des appétits insatiables.
L'un des points forts de David Baldacci est de décrire une Amérique de l'après-guerre traversée par tous ses paradoxes. Aloysius Archer est cet anti-héros qui veut la débarrasser de son passé, d'une époque non révolue. Un peu longuet au début, le roman devient passionnant au fil des pages. Le Parieur est un western urbain, un polar à l'ancienne. Avec des thèmes universels. David Baldacci continue de regarder l'Amérique dans les yeux. Et son personnage récurrent, Aloysius Archer, est une bouffée d'oxygène qui donne encore de l'espoir en l'humanité. "D'où sortent des gens comme toi, Archer ?".
"Le Parieur", David Baldacci, traduit par Elvis Roquand, Talent Editions, 22,90 euros.
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