"Déclaration des droits des femmes illustrée" : le livre violet et rouge pour naviguer dans des textes fondateurs
La France est devenue, le 4 mars 2024, le premier pays au monde à inscrire le droit à l'Interruption volontaire de grossesse (IVG) dans sa Constitution. La patrie d'Olympe de Gouges, même si elle a été guillotinée après coup pour avoir, entre autres, produit La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, reste à la pointe de certaines problématiques liées aux droits des femmes. À quoi renvoient-ils justement ? Les femmes connaissent-elles vraiment leurs droits et leurs implications pratiques ? Si la réponse est non, la Déclaration des droits des femmes illustrée éditée par EPA peut-être une belle amorce pour tenter de s'en imprégner.
Préfacé par l'Irannienne Shaparak Saleh, avocate et cofondatrice de l'association Femmes Azadi, cette dernière souligne que "depuis quarante-quatre ans, en Iran, une fille n'hérite que de la moitié de ce dont héritera son frère, la parole de la femme ne vaut que la moitié de celle d'un homme et, pour qu'un viol soit reconnu, il faut désormais quatre témoins". C'est de ce type d'inégalité de traitement que tacle, dans son article 2, la Déclaration des Nations unies sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. C'est ce qu'explique dans son commentaire, et à travers un exemple, à la suite de l'article, l'avocate Anne Bouillon. La section "De quoi ça parle ?" permet ainsi de rendre plus concrète la portée de ces textes.
Le livre est aussi émaillé de citations de championnes et défenseurs de la cause des femmes. "Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson", affirmait l'écrivaine et féministe anglo-irlandaise Rebecca West. Des mots qui traduisent bien que le quotidien des femmes demeure une lutte permanente. Ce que subissent les Iraniennes, qui se révoltent dans leur pays depuis le 16 septembre 2022 à la suite de la mort de Mahsa Jina Amini, est l'une des nombreuses illustrations de ce que la Française Olympe de Gouges voulait aux femmes.
"Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la Nation, qui n'est que la réunion de la femme et de l'homme : nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément", dit l'article 3 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne de 1791. En d'autres termes, indique Anne Bouillon, "il n'y a pas d'autorité 'naturelle' des uns (es) sur les autres (et notamment des hommes sur les femmes)". Ainsi, "l'autorité s'exerce dans les limites du droit et à égalité entre les hommes et les femmes". Ce que les autorités iraniennes, depuis la révolution de 1979, et les talibans en Afghanistan, plus récemment, ont, semble-t-il, du mal à concevoir.
La Déclaration des droits des femmes illustrée est donc à mettre dans toutes les mains, surtout de toutes celles en âge de lire. La mise en page, claire et ludique, est égaillée par les illustrations de Safia Bahmed-Schwartz, Cosmo, Eugénie Debesse, Adolie Day, Palm Illustration et Victoria Roussel. Ce qui rend l'ouvrage véritablement accessible au plus grand nombre.
"Déclaration des droits des femmes illustrée" de Anne Bouillon (auteur), de Shaparak Saleh (préface), E/P/A, 144 pages, 19,95 euros.
Extrait : "Le travail, et donc l'autonomie financière, est une condition de l'émancipation des femmes.Celles-ci doivent être protégées de l'arbitraire d'employeurs qui pourraient choisir de les payer moins que les hommes ou de les licencier en cas de grossesse."
"Déclaration des droits des femmes illustrée" (E/P/A), page 54
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