La Ligue des droits de l'homme exhorte l'Académie française à "rectifier d'urgence" son dictionnaire

Après une quarantaine d'années de travail, la neuvième édition du dictionnaire de l'Académie française a été solennellement remise à Emmanuel Macron le 14 novembre. La première édition a été publiée en 1694 et la plus récente datait de 1935, soit il y a près de quatre-vingt-dix ans.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Neuvième édition du dictionnaire de l'Académie française, qui est le dictionnaire officiel de la langue française à l'Institut de France, à Paris, le 14 novembre 2024. (LUDOVIC MARIN / POOL / AFP)

La Ligue des droits de l'homme (LDH) appelle à "rectifier d'urgence" la définition de plusieurs mots du nouveau dictionnaire de l'Académie française comme "négrillon", "race" ou encore "femme" et dit sa "consternation" par cette vision du monde tel que le décrit l'ouvrage.

La LDH a découvert "avec stupéfaction et consternation que nombre de définitions participent d'une vision au mieux archaïque de notre monde", dénonce mardi 26 novembre 2024 l'organisation dans un communiqué.

Entrées écrites au fil des quarante dernières années

Cette nouvelle version du dictionnaire, qui comprend 59 000 mots, fait suite à la huitième édition publiée en 1935, et à la première version datant de 1694. Les entrées de l'actuelle édition ont été écrites, dans l'ordre alphabétique, au fil des quarante dernières années.

Lors d'une conférence de presse qui avait suivi la remise solennelle du dictionnaire, l'Académie avait indiqué qu'elle envisageait la possibilité de modifier, dans la version en ligne, certaines définitions sans attendre le réexamen du mot concerné qui normalement se fait de A à Z.

"Le traitement du racisme, lourd d'enjeux dans le monde où nous vivons", est "sidérant", poursuit la LDH à propos de l'ouvrage dont la neuvième édition a été remise au président Emmanuel Macron le 14 novembre.

La "race" est ainsi définie dans le dictionnaire comme "chacun des grands groupes entre lesquels on répartit superficiellement l'espèce humaine d'après les caractères physiques distinctifs qui se sont maintenus ou sont apparus chez les uns et les autres, du fait de leur isolement géographique pendant des périodes prolongées".

Au mot "Jaune" on peut aussi lire qu'il s'agit d'"une personne ou une population caractérisée notamment par la pigmentation jaune ou cuivrée de la peau, par opposition à Blanc et à Noir", s'indigne la LDH.

L'association pointe également la présence du mot "négrillon" qui dans le dictionnaire consultable en ligne renvoie à "petit enfant noir" ou celle encore de "négroïde" comme personne présentant "certaines des caractéristiques morphologiques des populations noires". "Aucune distance n'est marquée avec ces entrées, aucune d'entre elles n'est signalée comme discriminante ou péjorative", souligne la LDH qui demande à "rectifier d'urgence" cette édition.

Dans un autre registre, la femme est qualifiée comme "un être humain défini par ses caractères sexuels qui lui permettent de concevoir et de mettre au monde des enfants", pointe la LDH. "Faut-il en conclure qu'une femme stérile ou ménopausée n'en est pas une ?", s'interroge-t-elle. Elle épingle par ailleurs la définition de l'hétérosexualité qui est décrite comme une relation "naturelle" entre les sexes "ce qui implique que l'homosexualité ne l'est pas", en déduit la LDH.

Contactée par l'AFP, l'Académie française n'a pas répondu dans l'immédiat.

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