Lemaitre et Pennac : deux sagas familiales très attendues parmi les 517 romans de la rentrée littéraire de l'hiver

517 nouveaux romans arrivent dans les librairies à l'occasion de la rentrée littéraire d'hiver 2023, selon les données Livres Hebdo / Electre Data Services. Parmi ces 517 nouveautés, on compte 379 romans français dont 72 premiers romans, et 138 traductions.

La rentrée littéraire de janvier est marquée par la hausse inévitable des prix du livre, face à laquelle ceux qui s'en sortent le mieux sont les auteurs au nom célèbre. Ces prix ont été sages ces dernières années, n'augmentant que de 3,2% d'après l'Insee. Mais en 2021, le secteur de l'édition n'a pu échapper à la hausse des coûts, surtout du papier. Les chiffres varient en fonction des interlocuteurs, certains disant que ce coût a doublé, d'autres qu'il a gagné 40%. Le constat est le même, comme le résumait le président du Syndicat national de l'édition, Vincent Montagne, dans le journal L'Opinion début décembre: "L'augmentation du prix du livre est inéluctable".

Lemaitre et Pennac : suite et fin

Très attendus dans cette rentrée d'hiver côté français, les romans de Daniel Pennac et de Pierre Lemaitre. Deux titres que les libraires devraient mettre en avant dans ce contexte de hausse des prix. Près de quarante ans après Au bonheur des ogres, paru en 1985, Daniel Pennac clôt sa saga familiale consacrée à la drôle de tribu Malaussène. Terminus Malaussène (Gallimard) en librairie le 5 janvier, imprimé à 110 000 exemplaires, remet en selle les figures de cette famille foutraque, de Benjamin Malaussène à Verdun, en passant par la Reine Zabo.

Ce "terminus" est donc l'ultime opus d'une série qui en compte sept. L'écrivain avait laissé en jachère sa saga depuis 1999 avant de la reprendre en 2017, date de publication d'un tome 6, Le Cas Malaussène, tome 1 : Ils m'ont menti . "Daniel Pennac a choisi d’offrir à ses lecteurs un final en forme d’apocalypse hilarante, qui restera dans les mémoires", annonce Gallimard.

Les lecteurs pourront également retrouver la suite du Goncourt 2013, tout juste un an après Le grand monde, titre classé numéro 3 des ventes de 2022 en France par le cabinet GfK. Dans Le silence et la colère, publié le 10 janvier aux éditions Calmann-Lévy, tiré à 300 000 exemplaires, le Goncourt 2013 poursuit sa peinture des Trente Glorieuses à travers le destin de la famille Pelletier. On retrouve avec bonheur le patriarche entiché d'un boxeur, les tribulations de Jean, le fameux "Bouboule", canard boiteux de la famille Pelletier, et de son inénarrable épouse Geneviève, ici parturiente plus pénible que jamais. Ou encore François, qui cherche à comprendre ce que cache sa mystérieuse amoureuse sourde, et Hélène, dépêchée par son rédacteur en chef pour raconter les dernières semaines d'un village voué à disparaître sous les eaux d'un barrage…  

Rentrée française foisonnante et engagée

Parmi les autres grands noms attendus de cette rentrée côté français, on peut noter le retour de Véronique Ovaldé. L'autrice de La grâce des brigands  (L'Olivier, 2013), publie Fille en colère sur un banc de pierre (Flammarion). Après Soyez imprudents les enfants en 2016 et Personne n'a peur des gens qui sourient, en 2019, la romancière revient avec une histoire de retour sur les terres familiales d'une jeune femme pour les obsèques de son père, celui-là même qui l'avait autrefois bannie. Marie-Hélène Lafon, autrice de Nos vies, prix Renaudot 2020, revient avec Les sources, un roman très personnel inspiré de sa propre histoire, en librairie le 5 janvier. Le nouveau roman d’Aurélien Bellanger, Le vingtième siècle (Gallimard) est consacré à la vie de Walter Benjamin.

Au programme de la rentrée de janvier également Rachel Arditi avec J’ai tout dans ma tête (Flammarion), Il suffit de traverser la rue d'Éric Faye (Seuil), Ce que faisait ma grand-mère à moitié nue sur le bureau du général (Grasset) de Christophe Donner ou encore Crépuscule, de Philippe Claudel (Stock).

Parmi les romans attendus, celui d'Adèle Bréaud, L'heure des femmes, est un hommage à sa grand-mère Ménie Grégoire (JC Lattès). Gaëlle Nohant raconte dans Le bureau d'éclaircissement des destins (Grasset) l'histoire d'une enquête dans le cadre de restitutions d'objets confisqués par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale. Isabelle Sorente se glisse elle dans la peau d'un animal conduit à l'abattoir dans L'instruction (JC Lattès).

Bonne moisson de premiers romans et poids lourds côté étranger

La rentrée de janvier fait la part belle aux premiers romans. On en compte 72, contre 60 en 2022, soit une hausse de 13,8 %. Parmi ces primo-romanciers, plus d'hommes que de femmes note Livres Hebdo. Le chanteur Raphaël publie son premier roman Avalanche, chez Gallimard. Autres transfuges du monde de la musique, Thomas Fersen avec Dieu sur terre (L'Iconoclaste) ou encore la rappeuse Erika Nomeni, avec L'amour de nous-mêmes (Hors d'atteinte). Parmi les primo-romanciers, des plumes de la jeunesse s'essaient au roman adulte, comme Guillaume Neil ou Mikaël Brin-Arnaud.

Côté étranger, quelques grandes pointures comme Lauren Groff. L'autrice américaine des Furies , revient avec Matrix (L'Olivier), le récit romancé de la vie de Marie de France, une poétesse médiévale, première femme de lettres à écrire en français, dont la vie est restée un mystère. Expulsée de la cour par Alienor d'Aquitaine, elle est exilée dans une abbaye d'Angleterre dans laquelle, contre toute attente, va s'épanouir sa passion des mots et sa capacité à créer une communauté indépendante et autosuffisante, à l'abri de la violence des hommes.

Après Underground Railroad en 2017 et Nickel Boys en 2020 , deux romans qui lui ont valu le Pulitzer, l'auteur afro-américain Colson Whitehead publie en France aux éditions Albin Michel Harlem Shuffle, son 8e roman, une plongée dans le New York des années 50. On retrouve également Joyce Carol Oates, avec Nuit néon (Philippe Rey), Lionel Shriver avec A prendre ou à laisser (Belfond), ou encore le dernier roman de Fernando Aramburu, Oiseaux de passage, publié aux éditions Actes sud.